Près d’un an après le début du soulèvement au Yémen, le président Saleh s’apprête à quitter le pays sous la pression de la rue. Mais une loi votée par le parlement garantissant son immunité a ravivé la colère des manifestants qui réclament que justice soit faite.
[image:1,l]C’est une aubaine pour le président déchu, accusé de corruption et de népotisme, mais un véritable scandale pour des milliers de manifestants. Samedi 21 janvier, le parlement yéménite a voté une loi garantissant l’immunité de Ali Abdullah Saleh en échange de son départ. Cet accord, mené à bien grâce à la médiation de l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe, a scandalisé de nombreux manifestants qui ont, de nouveau, gagné la rue afin de réclamer des poursuites judiciaires et son exécution.
La fuite controversée du Président Saleh
« Je demande pardon à mes compatriotes, hommes et femmes, pour tous les manquements de mes 33 ans au pouvoir, » a déclaré M. Saleh dans un discours télévisé avant son départ pour les Etats-Unis, où il doit bénéficier de soins médicaux. Mais, son départ définitif – qui est prévu le 21 février, date à laquelle le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi sera consacré chef d’État – n’est pas du goût des opposants qui refusent de le voir s’échapper sans passer devant un tribunal.
Tout au long du week-end, le mouvement a grossi et les manifestants n’ont cessé de demander aux parlementaires de revenir sur leur décision. « C’est notre devoir… d’exécuter le boucher, » scandaient-ils place du Changement, à Sanaa, le point névralgique de la contestation yéménite. Mais leur tentative d’alerter l’opinion publique, en prenant d’assaut l’ambassade des Etats-Unis, aura été vaine : les forces de sécurité du régime les ont arrêtés avant qu’ils n’atteignent leur but.
Une opposition toujours aussi forte
Le départ du président Saleh n’est pas l’unique raison de leur mécontentement. Vendredi, des remarques faites par un diplomate d’un pays du Moyen-Orient ont ravivé la colère des manifestants. Evoquant le futur du président, il a assuré qu’il ne devrait pas quitter le pays définitivement contrairement à l’accord passé avec le parlement.
Au même moment, les forces de l’opposition fermaient la piste de décollage de l’aéroport principal, demandant l’expulsion du frère de Saleh, le Général Mohammed Saleh, commandant des forces de sécurités yéménites.
GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press