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Lobbies et jeux d’influence au coeur de la présidentielle

[image:1,l]Chen Shui-long, activiste anti-nucléaire ne peut pas se contenir plus longtemps. Il a suffisamment écouté cette défenseuse des droits des consommateurs qui est en face de lui. Liu Ting-ting défend ses positions. Elle est favorable à la garantie d’une énergie à bas coût pour les habitants de Taiwan qui ont un faible revenu.

« Êtes-vous folle ? Si nous avons un autre Fukushima, où irons-nous ? Taïwan ne fait que 300 km de long. Que ferions-nous s’il fallait évacuer tout le pays ? » s’exclame Chen, programmateur informatique le jour et militant engagé dans la lutte pour l’environnement et contre le nucléaire la nuit.

Personne ne peut prédire le résultat du scrutin

[image:2,s]Le couple, qui se trouve dans un café de Taipei, discute des prochaines élections et des failles observées chez les candidats favoris qui pourraient les aider à faire entendre leurs messages.

Ces deux militants ne partagent pas toujours la même opinion quant aux décisions à prendre pour Taiwan, mais ils ont quelque chose en commun avec ce scrutin du 14 janvier: ils bénéficient de la course inhabituellement serrée entre les différents favoris.

La plupart des sondages donnent le président Ma Ying-jeou et la présidente du Parti démocrate progressiste, Tsai Ing-wen, en tête, au coude à coude. Les analystes prédisent que la victoire sera remportée de justesse. Ce scrutin diffère des précédents et dépasse les traditionnels clivages nord/sud ou riches/pauvres. C’est un nouvel environnement favorable à l’arrivée, au cœur de la vie politique, de nouvelles communautés militantes.

Trois candidats dans la balance

Le président nationaliste sortant, Ma Ying-jeou deviendra peut-être le premier chef d’Etat à ne pas être réélu depuis les premières élections libres de 1998, dans ce pays diplomatiquement isolé à 180 km des côtes chinoises.

Son principal concurrent, Tsai, sort tout droit de la London School of Economics et un troisième candidat, James Soong, du Parti pour le Peuple est venu, à son tour, compliquer la configuration du scrutin. Selon certaines analyses, James Soong pourrait faire pencher la balance vers Tsai Ing-wen en volant quelques suffrages à Ma Ying-jeou.

Chercher des voix parmi les activistes

Pour se démarquer, les deux candidats ont consacré un temps particulièrement important de leur campagne aux écologistes, homosexuels, transsexuels, aborigènes, etc.

« Depuis quelques années, on remarque que de plus en plus de jeunes s’investissent dans des causes sociales. Ils font passer leurs messages dans les médias et les politiciens sont forcés d’agir, sous la pression, » explique Laha Hsu, coordinateur du projet de l’Alliance pour l’action du Citoyen Vert.

« Le public a également pris conscience de la situation dans laquelle nous sommes et des problèmes auxquels nous faisons face. »

Jusqu’à présent, ces moyens de soutien ont offert de grandes victoires à la communauté activiste.

Mille promesses de campagne

[image:3,s]Les deux candidats ont développé des programmes afin de réduire la dépendance nucléaire de l’île d’ici à 2025. Les grands pollueurs industriels, jusqu’à récemment, n’étaient pas vraiment gênés par les lois environnementales, mais plutôt protégés par le désir de Taipei d’endiguer la vague de chômage provoquée par les délocalisations vers la Chine.

Les groupes aborigènes de l’île, longtemps ignorés, se sont vus promettre une place sur la scène politique.

Les écologistes ont obtenu une stricte surveillance des entreprises industrielles et électroniques, qui forment la colonne vertébrale de l’économie taiwanaise.

Les groupes homosexuels et transsexuels ont gagné de nouvelles lois anti-discriminations. Même le secteur de la prostitution a été écouté : celle-ci sera décriminalisée dans certains secteurs.

Les militants ne relâchent pas la pression

Toutefois, les activistes ne sont pas prêts de relâcher leurs efforts et s’assureront évidemment que le candidat élu respectera toutes les promesses qui ont été faites pendant cette campagne.

« Nous devons nous rappeler que, dans le passé, les hommes politiques ont utilisé des informations déformées sur des problèmes comme l’énergie nucléaire, afin de revenir sur leurs promesses. Même si nous sommes heureux de voir des candidats dire ces choses, nous ne sommes pas complètement sûrs qu’ils honoreront toutes leurs promesses, » déclare Gloria Hsu de l’Union pour la Protection de l’Environnement de Taiwan.

La porte ouverte aux activistes

James Soong, à la tête du Parti pour le peuple rêve d’accéder au pouvoir et risque de voler des voix à Ma Ying-jeou. Pour cela, il tente de séduire les différents groupes de pression.

« Les idées du gouvernement sont toujours les mêmes. Mais le public essaye de les faire évoluer. Donc maintenant, nous utilisons cette élection pour leur poser nos questions, » explique Pan Han-shen, cofondatrice et porte-parole de Green Party Taiwan.

« A Taiwan, nous parlons beaucoup de nos différences avec la Chine et du moyen de les faire reconnaître par la communauté internationale. Grâce à cette élection, nous pouvons ouvrir une nouvelle fenêtre de Taïwan sur le monde. »

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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