Site icon La Revue Internationale

Michele Bachmann tire sa révérence

bachmannfarewell.jpgbachmannfarewell.jpg

[image:1,l]On peut tirer deux enseignements de ce premier scrutin – sur plus de cinquante : d’abord, le parti républicain est particulièrement morcelé, divisé en trois courants – modérés, libertariens et ultra-conservateurs ; ensuite, sauf coup de théâtre, une femme ne fera pas son entrée à la Maison-Blanche lors du scrutin du 6 novembre prochain.

« Pas d’issue possible » pour Michele Bachmann

Un dernier tour de piste… Michele Bachmann s’est offert quelques pas de danse devant les caméras avant d’annoncer, mercredi 4 janvier au soir, son retrait de la course à l’investiture républicaine. La veille, à l’annonce des résultats, elle s’était montrée pessimiste : « Je ne vois pas d’issue possible, aucune façon de remonter dans la course ». Elle a bien réfléchi, a perdu le soutien de son ex-directeur de campagne, Ed Rollins, qui lui a suggéré « d’arrêter la course » et s’est décidé : The end !

Une chute inéluctable après un départ en fanfare

Pourtant, sa campagne, lancée en juin dernier, était partie sur les chapeaux de roue. Elle avait choisi Waterloo – dans l’Iowa – pour annoncer sa candidature. Egérie du Tea Party, la frange ultra-conservatrice du parti républicain, vainqueur des législatives de novembre 2010, elle remportait même, en août, une consultation-test dans l’Iowa. Elle devait être à coup sûr « la nouvelle Sarah Palin », ex-gouverneur de l’Alaska, candidate à la vice-présidence aux côtés de John McCain en 2008 – voire même mieux.
Mais l’émergence de nouveaux candidats l’avait d’abord fait chuter sous la barre des 10%. Et puis, les faibles performances de cette mère de cinq enfants lors des nombreux débats télévisés ont fait le reste. Avoir des positions extrémistes sur l’homosexualité ou l’avortement, est peut-être bien vu dans une certaine Amérique reculée, mais affirmer que les Etats-Unis ont une ambassade en Iran alors que celle-ci a fermé après la crise des otages de 1979, la plupart de ses électeurs n’y auraient vu que du feu… Mais, souhaiter un joyeux anniversaire à Elvis Presley le jour anniversaire de sa mort, c’en était trop !

Une militante déterminée ne fait pas une présidente

Michele Bachmann affirmait n’avoir jamais été une femme politique et qu’elle ne le serait jamais. C’est peut-être mieux ainsi… mais rien n’est moins sûr : «Même si je ne vais pas poursuivre cette course à la présidence, ma foi en Dieu tout puissant, ce pays, et notre république est inébranlable», a-t-elle déclaré devant la presse, mercredi, à West Des Moines, affirmant qu’elle allait continuer son combat contre la politique de Barack Obama. Pourrait-elle connaître le même destin que Sarah Palin et « finir » colistière du prochain candidat républicain ? Certes, elle aurait l’avantage d’être ultra-conservatrice et d’être une femme. Mais l’expérience Palin en 2008 n’a pas franchement été une réussite. Et le parti républicain dispose assurément d’autres talents.

Rick Perry reste dans la course… pour le moment

Rick Perry a annoncé, pour sa part, mercredi 4 janvier, qu’il restait dans la course à l’investiture. Le gouverneur du Texas, qui a recueilli 10% des voix et qui n’arrive qu’en cinquième position des caucus de l’Iowa, avait déclaré mardi qu’il allait retourner dans son Etat pour évaluer ces résultats et déterminer s’il y avait « un avenir » pour lui dans cette primaire. « J’ai réévalué (la situation) et nous allons dans le New Hampshire et en Caroline du Sud », a-t-il déclaré, évoquant les scrutins du 10 et du 21 janvier lors d’une conversation avec des journalistes à sa sortie de la salle de conférence d’un hôtel de Des Moines, capitale de l’Iowa.

Mieux comprendre le processus des primaires aux Etats-Unis

La poursuite de sa campagne ne signifie en aucun cas que Rick Perry, un temps favori, croit de nouveau à ses chances. Sa décision s’explique par la nature même du processus des primaires dans une fédération comme les Etats-Unis. Les rapports de force politique sont radicalement différents d’un Etat à un autre.

Les stratégies de campagne sont très spécifiques. Sauf à disposer d’un énorme trésor de guerre, comme c’est le cas de Mitt Romney, et pouvoir inonder les télévisions locales de spots de promotion, il faut faire une campagne de proximité. Impossible d’être partout à la fois, même si c’est la raison pour laquelle les scrutins s’échelonnent sur six mois. Le succès de Rick Santorum, et notamment l’avantage qu’il a pris sur les autres candidats ultra-conservateurs, se comprend mieux si l’on se souvient qu’il a effectué près de 300 déplacements de terrain dans l’Iowa. 300 déplacements pour 30.000 voix, le rendement est faible !

Par ailleurs, si un candidat souhaite profiter de ces primaires pour faire croître son poids politique, il doit se maintenir aussi longtemps que possible. La lutte est encore ouverte pour le leadership « à droite » et « à gauche » du Great Old Party, chez les ultra-conservateurs et même chez les modérés, malgré le bon départ de Mitt Romney.

La Maison-Blanche est encore loin… 

Quitter la version mobile