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Ron Paul le rebelle

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[image:1,l]Une chose est sûre, la faiblesse du nombre de partisans de Ron Paul est largement compensée par leur enthousiasme.  Lors d’un meeting à la mairie de Spartanburg, en Caroline du Sud, mardi 17 janvier 2012, le candidat libertarien s’est adressé à 250 fans manifestant largement leur engouement en accueillant, par des applaudissements délirants, le traditionnel discours de leur champion : couper le déficit, réduire le pouvoir du gouvernement fédéral, arrêter de jouer au gendarme du monde et restaurer les fondements de la liberté, la vraie, à l’américaine.


« Nous formons une grande coalition qui peut changer ce pays, et lui faire retrouver la République qu’il mérite » lance-t-il sous une incroyable ovation.


Loin derrière Mitt Romney et Newt Gingrich


Mais, cet enthousiasme a peu de chance de suffire à en faire le prochain président des Etats-Unis. Les sondages le placent en troisième position pour le scrutin de samedi 21 janvier en Caroline du Sud pour lequel Mitt Romney est toujours solidement en tête. Newt Gingrich mène fébrilement campagne et gagne progressivement du terrain sur celui qui reste le favori de la course, et devrait remporter ce prochain scrutin.


Mais, à la différence de l’électorat de Mitt Romney, les supporters de Ron Paul sont pleinement et aveuglément engagés derrière de lui.


« Je ne lui ai toujours pas trouvé de défaut » avoue Jennifer Jolley, une mère de famille de 30 ans.


Jennifer Jolley, comme beaucoup d’autres dans l’assistance mardi, n’imagine pas à se rallier au favori.


Un indépendant chez les républicains


[image:2,s]« Je ne vois pas vraiment de différences entre Romney et Obama » répond-elle, en grimaçant, lorsqu’on lui demande si elle apporterait sa voix à Mitt Romney, s’il remportait l’investiture républicaine.


« Cela dépendra… et si Ron Paul décidait de se présenter en indépendant » ajoute-t-elle.


C’est la question qui taraude bon nombre de ses admirateurs : le candidat explique en plaisantant que cette question lui a été posée « 179 fois ». Va-t-il, ou pas, se présenter en indépendant à l’élection présidentielle, s’il ne remporte pas l’investiture républicaine ?


« Je dois dire que cette question est prématurée », lance-t-il en réponse aux cris qui montent de la salle : « Yeah ! Nous allons gagner samedi ! »


Gagner ne sera sans doute pas facile mais la dynamique que connait la campagne de Ron Paul pourrait, au moins, empêcher Mitt Romney de remporter la large victoire à laquelle il prétend.


Le candidat des non-conformistes


Les opinions de Ron Paul sont tellement indépendantes qu’il est très difficile de les ranger dans une catégorie idéologique traditionnelle. Même constat pour son électorat.


Dans une certaine mesure, la foule réunie à Spartanburg ressemble plus à celle du festival de Woodstock qu’à un meeting électoral. De nombreux vieux hippies, des hommes avec de longues queues de cheval grisonnantes et des femmes de 60 ans en sandales. Mais le candidat libertarien attire également une foule de jeunes, clairement motivés par bien d’autres points de son discours que la simple légalisation de certaines drogues.


« Je m’intéresse à l’avenir de mes enfants » explique Jennifer Jolley. « Si nous ne changeons pas la manière de fonctionner dans notre pays, nous détruirons notre économie. Nous nous dirigeons vers une troisième guerre mondiale. »


Stop à la guerre préventive


[image:3,s]Le charme de Ron Paul agit aussi largement sur la génération de la Guerre du Vietnam.


« Maintenant nous avons une nouvelle doctrine » lance-t-il. « Nous pouvons et devons entrer en guerre contre des groupes qui pourraient nous faire du mal un jour. Ils appellent ça la guerre préventive. Mais d’autres parlent d’agression ! »


C’est exactement le genre de discours qui lui a valu d’être hué lors du dernier débat entre candidats républicains organisé lundi 16 janvier. Il s’est aventuré sur un terrain dangereux en affirmant l’idée d’une règle d’or en politique étrangère : ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent. Si ce message n’est pas passé auprès de la foule réunie à Myrtle Beach, il a parfaitement fonctionné devant ses supporters le lendemain.


Ron Paul se bat fermement contre le Patriot Act, qui selon lui « abroge de fait le quatrième amendement » (« Le droit des citoyens de voir leur personne, leur domicile, leurs papiers et effets personnels protégés contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur une présomption sérieuse, corroborée par serment ou déclaration, ni sans que le mandat décrive particulièrement le lieu à perquisitionner et les personnes ou les choses à saisir. ») et la loi d’Autorisation de Défense Nationale, qui suspend l’Habeas Corpus pour les Américains soupçonnés de terrorisme.


En finir avec la guerre contre le terrorisme


Il condamne également l’emballement généralisé sur le programme nucléaire en Iran.


« Certains personnes veulent envahir ou bombarder l’Iran » déclare-t-il. « Cela n’a pas de sens. Ils pourront, un jour, avoir l’arme nucléaire. Nous avons essayé de contenir l’Union Soviétique qui en avait des milliers. Ils ont fait faillite tous seuls. » Ron Paul fait alors une pause : « lorsqu’ils ont été assez bêtes pour envahir l’Afghanistan ! »


La foule est en délire.


Alors qu’elle quitte la salle, Jennifer Jolley sourit, satisfaite de ce qu’elle vient d’entendre.


Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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