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Trois femmes pour la défense de la paix et la démocratie

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[image:1,l] Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkul Karman, sont les trois lauréates du prix Nobel de la paix 2011.

« Nous ne pouvons pas établir la démocratie et garantir une paix durable si les femmes ne disposent pas des mêmes opportunités que les hommes pour influencer le développement de nos sociétés à tous les niveaux. […] Le comité Nobel norvégien espère que ce prix contribuera à mettre un terme à la négation du rôle des femmes, telle qu’elle a toujours cours, dans tant de pays et qu’il permettra de pleinement réaliser le formidable potentiel que constituent les femmes pour la démocratie et la paix » – Thorbjoern Jagland, président du comité Nobel norvégien, vendredi 7 octobre 201, à Oslo.

Le comité Nobel tire des leçons du passé

Les choix de Barack Obama, alors président des États-Unis depuis à peine neuf mois, en 2009, et de Liu Xiaobo, le dissident chinois, en 2010 avaient suscité des polémiques. C’était sans doute trop tôt pour le premier et, forcément, pour le deuxième, Beijing n’avait pas apprécié. Et si, cette année, le comité Nobel norvégien avait tiré des leçons du passé ? À la veille de l’annonce, le président de l’honorable collège avait prévenu que les lauréats retenus feraient l’objet d’un large consensus, promesse tenue.<!–jolstore–>

À travers ces trois femmes, c’est à toutes les femmes qu’est, d’une certaine manière, attribué le prix Nobel 2011, à toutes les femmes engagées dans la lutte pour la démocratie et la paix dans le monde. Ce Nobel reconnaît l’importance que les femmes jouent, partout dans le monde, au pouvoir comme dans l’opposition, dans la lutte perpétuelle contre les oppressions, contre la violence et les privations de liberté. Seules deux femmes avaient été distinguées dans les dix dernières années, l’Iranienne Shirin Ebadi en 2003 et la Kenyane Wangari Maathai en 2004.

La présidente et l’assistante sociale

Le comité aurait pu, comme une rumeur de plus en plus insistante le laissait entendre, choisir de n’honorer qu’Ellen Johnson Sirleaf. La présidente du Libéria, première femme à diriger un État africain, aurait sans doute mérité, à elle seule, le prix. Mais, une fois encore, voilà qui aurait privilégié les figures institutionnelles – tant elle a exercé depuis plus trente ans nombre de responsabilités politiques –, les pouvoirs en place – même si elle est engagée dans une bataille incertaine pour sa réélection. Placer à ses côtés, sur le même plan, Leymah Gbowee, modeste assistante sociale, engagée dans le mouvement pacifiste en réaction au terrible conflit qui ensanglantait son pays, rappelle la diversité des formes que peut prendre la dure bataille pour la paix et la liberté.

Au « printemps arabe »…

C’est le sens aussi du choix de la troisième lauréate, Tawakkul Karman, quasi inconnue, blogueuse militante, actrice majeure de la contestation contre le pouvoir du président Saleh. Fondatrice en 2005 du mouvement Femmes journalistes sans chaînes, elle est membre du parti islamique Al-Islah. Les cyberactivistes du « printemps arabe » figuraient parmi les favoris de dernière minute. À travers elle, leurs actions et l’inventivité dont ils font preuve dans leurs luttes révolutionnaires, sont saluées, encouragées. L’Égyptienne Israa Abdel Fattah ou la Tunisienne Lina ben Mhenni étaient « nobélisables », se tourner vers le Yémen, compte tenu des difficultés actuelles et de l’histoire particulièrement tourmentée de ce pays, ajoute sans doute du symbole au symbole. C’est clairement un encouragement, une marque de soutien au processus en cours à travers le monde.

Plus que les droits des femmes, c’est le rôle des femmes qui se trouve aujourd’hui récompensé. Le rappel, si tant est qu’il soit nécessaire, qu’au-delà des débats justifiés et nécessaires sur les questions de parité, d’égalité hommes-femmes, des femmes agissent et changent le cours de l’histoire.

De bien jolis prix Nobel de la paix pour 2011.

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