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And the Oscar goes to… Jean Dujardin pour «The Artist»

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« I love your country », « J’aime votre pays » – c’est ce qu’a lancé Jean Dujardin au tout-Hollywood depuis la scène du Kodak Theatre à Los Angeles. Les Français, vendredi soir, lui avaient préféré Omar Sy et ses Intouchables, à 39 ans, qu’à cela ne tienne : le « Best Actor », c’est lui. « C’est comme si j’avais gagné la Coupe du monde de football », a-t-il déclaré en conférence de presse. Et champion du monde de « Loulou » avec une victoire en finale face George Clooney et Brad Pitt !

Une lettre d’amour au cinéma américain

The Artist, la lettre d’amour muette et en noir et blanc du Français Michel Hazanavicius au cinéma américain, a reçu d’Hollywood la plus belle des réponses, en devenant le premier film non anglo-saxon de l’histoire des Oscars à recevoir la statuette du meilleur film. Cinq Oscars au total : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, musique et costumes. C’est la consécration ultime après un parcours sans faute qui lui a valu de nombreux prix à travers le monde, dont six Césars, sept Baftas, un Goya, trois Golden Globes, quatre Spirit Awards, les Oscars du cinéma indépendant.

Jamais un film muet n’avait été oscarisé. Son producteur Thomas Langmann a indiqué que Steven Spielberg en personne lui avait dit que faire aujourd’hui « un film muet en noir et blanc eut été impossible à Hollywood ». La partie n’a pas été facile en France non plus, mais le système hexagonal de financement du cinéma, allié à la persévérance de Thomas Langmann, a permis in fine de réunir les 9 millions d’euros nécessaires pour tourner le film à Hollywood, sur les lieux de l’action.« C’était pour moi infaisable ailleurs: puisqu’on racontait Hollywood, il fallait y être. Michel n’osait pas me le demander, mais si on faisait ce film, on était condamné à l’excellence », explique le producteur.

La campagne victorieuse du « grand sorcier » des Oscars

Mais cette « lettre d’amour » à Hollywood, comme la qualifiait Michel Hazanavicius au soir de sa victoire aux Golden Globes, aurait pu rester lettre morte si le distributeur américain Harvey Weinstein, « grand sorcier » des Oscars et génie du marketing, n’avait décidé de prendre le film sous son aile.

« Harvey Weinstein a fait un travail incroyable. La manière qu’il a de réfléchir à un film, au public, à la façon de le montrer sous son meilleur jour, avec le bon timing, c’est très fort », a déclaré récemment Michel Hazanavicius. « Une fois qu’il a établi une stratégie, il se donne vraiment les moyens de l’appliquer », a-t-il ajouté. Côté box-office américain, Harvey Weinstein espérait sans doute une encore jolie recette que les 28 millions de dollars dont il peut déjà se targuer. Si l’aventure n’est pas encore terminée, c’est surtout son succès auprès des professionnels, et notamment de l’industrie hollywoodienne, qui force le respect.

Hollywood en pleine révolution

La profession a sans doute aussi vu dans l’histoire de George Valentin (Jean Dujardin), le héros du film, l’histoire d’une star du muet qui doit se réinventer pour embrasser l’avènement du cinéma parlant, un parallèle avec notre époque. Avec la fin programmée de la pellicule et la suprématie du numérique, auxquelles s’ajoute la part grandissante de la 3D, Hollywood doit s’adapter à une révolution aussi grande que celle du passage du muet au cinéma parlant. Ainsi, d’une certaine manière, The Artist donne à l’industrie l’espoir d’un « happy end » . Dans le film, après avoir touché le fond et frôlé la mort, faute d’avoir voulu regarder la réalité en face, Valentin se reprend et remonte la pente avec l’aide d’une de ses anciennes admiratrices, Peppy Miller (Bérénice Bejo), devenue une star du cinéma parlant, avec laquelle il filera le parfait amour.

A noter que l’autre triomphateur de cette édition est Martin Scorsese et son film Hugo Cabret, une autre évocation des origines magiques du cinéma, celui de Georges Méliès. Cinq Oscars pour lui aussi. Meryl Streep a, pour sa part, été sacrée Meilleure actrice pour son incarnation de Margaret Thatcher. Cette année, la nostalgie avait du bon sur Hollywood Boulevard !

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