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Angelina Jolie rend hommage aux femmes de Bosnie

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[image:1,l] In the Land of Blood and Honey  a été diffusé en décembre dans un cinéma de Sarajevo, pendant une semaine. Salué par des associations de victimes musulmanes de la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-1995), il a été, en même temps, dénoncé comme « antiserbe » par des associations serbes. Si bien que l’on s’interroge sur l’opportunité d’une projection prévue à Sarajevo le 14 février, dans une salle pouvant accueillir jusqu’à 20 000 spectateurs. Comme de celle programmée, trois jours plus tard, à Zagreb, en Croatie, en compagnie des principaux acteurs, tous issus de l’ex-Yougoslavie.

Pour son premier film en tant que réalisatrice, Angelina Jolie s’est attaqué à un morceau de taille. On est loin des happy endings à l’eau de rose d’Hollywood.

> Lire aussi notre interview exclusive sur Sarajevo et la guerre de Bosnie.

Quand la guerre s’introduit jusque dans le cœur des amoureux

Le fim s’ouvre dans une boîte de nuit, en 1992. 1992, c’est l’année où la Bosnie déclare son indépendance. Ajla (Zana Marjanovic) est une artiste bosniaque musulmane. Danijel (Goran Kostic) est un policier bosniaque serbe. Ils sont aux balbutiements d’une relation amoureuse. Ils sont dans les bras l’un de l’autre quand la bombe explose. C’est le début du conflit.

Quelques mois plus tard, l’interminable siège de Sarajevo a débuté, le front serpente entre les pâtés de maisons, quiconque sort dans la rue manque de se faire tuer par un sniper. La guerre s’est introduite partout, et d’abord dans les cœurs.

Danijel sert dans l’armée serbe, sous les ordres de son père (Rade Serbedzija) qui y est général. Ajla, elle, est enfermée dans un camp de concentration où, comme les autres femmes, elle sera battue et violée… Puis elle retrouvera celui-là même qu’elle fréquentait avant la guerre, Danijel devenu capitaine…

C’est l’histoire des Balkans… En turc, Bal, c’est le miel et kan, c’est le sang. Les Balkans, pays du miel et du sang

Des violences sexuelles restées impunies

La guerre de Bosnie a duré plus de trois ans, du début 1992 à la décembre 1995, jusqu’à ce que les accords de Dayton mettent fin à ce carnage des corps, des têtes et des cœurs. A deux heures de Paris… plus encore que toutes les autres guerres, une guerre absurde et cauchemardesque… où devenait ennemi le voisin, dont vous ignoreriez tout de la différence.

Pendant ces années, des milliers de femmes et de jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles, aux hasards des combats, lors de rafles, dans des camps d’internement ou de concentration. Des viols, des mutilations, et tant de pressions physiques ou psychologiques.

Ces crimes restent impunis. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a été créé en 1993 dans le but de poursuivre les responsables présumés de graves violations du droit international humanitaire, y compris les auteurs de violences sexuelles. Toutefois, début 2012, le TPIY n’a pu engager des poursuites que sur 18 affaires liées à des violences sexuelles en Bosnie-Herzégovine.

Créée en 2005, la Chambre des crimes de guerre de la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine a été chargée d’enquêter sur des crimes dont le TPIY ne pouvait pas se saisir et de poursuivre leurs auteurs présumés. À ce jour, 12 hommes seulement ont été condamnés pour des violences sexuelles constituant des crimes.

L’impossible objectivité…

Des associations serbes ont dénoncé le ton « antiserbe » de ce film. Certes, le temps passant, vingt ans déjà, il serait sans doute facile de réviser – ou juste réécrire – l’histoire du conflit bosnien. Certes, ce sont les Bosniaques, des musulmans – par ailleurs laïcisés par plus de quarante ans de régime titiste – qui ont déclaré l’indépendance en 1992, mais ce sont bien les Serbes de Bosnie, soutenus par le régime de Milosevic à Belgrade, qui ont lancé les hostilités et imposé à Sarajevo plus de trois ans de siège. Ce sont bien ces mêmes Serbes qui, avec leurs obus, ont fait de cette ville une ruine, que les soldats vétérans français prétendaient plus abimée que la Beyrouth du début des années 1980. A Srebrenica, en juillet 1995, les soldats hollandais ont peut-être fait preuve de passivité, mais ce sont bien les Serbes de Radovan Karadzic et Ratko Mladic qui ont tué de 6 000 à 8 000 Bosniaques, des hommes pour la plupart…

Ce sont des faits avérés pour ce qui concerne le seul conflit bosniaque. Les musulmans n’ont pas été angéliques, loin s’en faut, et la violence a engendré la violence, puis l’horreur… Si, toutefois, In the Land of Blood and Honey ne vous suffit pas, c’est le moment de redécouvrir trois films d’exception sur la guerre de Bosnie.

La guerre de Bosnie au cinéma

Le cercle parfait d’Ademir Kenovic (1997)… Parfait !

Welcome to Sarajevo de Michael Winterbottom (1997)

No man’s Land de Danis Tanovic (2001)

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