Une demande d’asile a été déposée aux Etats-Unis par une famille d’Afrikaners, qui s’estime victime de discrimination raciale. Ils sont déjà une centaine à l’avoir fait depuis dix ans. Un phénomène minoritaire, mais révélateur des tensions qui persistent entre Noirs et Blancs dans l’Afrique du Sud post-apartheid.
[image:1,l] Vingt ans après l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud, les tensions entre Noirs et Blancs n’ont pas disparues. Une famille d’Afrikaners a demandé l’asile aux Etats-Unis, a révélé, mardi 22 février, le site d’informations sud-africain Times Life. Cette famille de fermiers blancs sud-africains, qui séjourne actuellement aux Etats-Unis, refuse de rentrer dans son pays, où elle s’estime victime de discrimination raciale. Elle a demandé à rester anonyme, explique l’avocat de la famille, pour préserver son intimité et sa sécurité.
Manque de soutiens
Rehim Babaoglu, l’avocat de la famille, est à la recherche d’universitaires américains qui pourraient l’aider avec cette affaire. Mais plusieurs professeurs ont répondu négativement à son appel.
« Venir en aide à une famille d’Afrikaners blancs qui serait victime de discrimination dans une Afrique du Sud non raciale, démocratique et post –apartheid ne m’intéresse pas », a répondu le professeur Dennis Laumann, spécialiste de l’histoire de l’Afrique à l’université de Memphis (Tennessee). Son collègue le professeur Mark Behr, du Rhodes College, lui a fait la même réponse.
Un phénomène récurrent
Cette famille n’est pourtant pas une exception. Plusieurs dizaines de fermiers afrikaners (descendants de colons européens, principalement néerlandais, parlant la langue afrikaans, NDL) ont déjà cherché à obtenir le statut de réfugiés.
D’après les chiffres de la Sécurité intérieure américaine, ils seraient 129 Sud-Africains à avoir demandé l’asile entre 2001 et 2010. Les services de l’immigration de Nouvelle-Zélande ont enregistré 48 demandes depuis 2006, qui toutes ont été rejetées. En Allemagne, 9 demandes d’asile ont été déposées entre 2009 et 2011.
Dans une affaire très médiatisée au Canada, le sud-africain Brandon Huntley s’est vu accordé le statut de réfugié après avoir prouvé qu’en tant qu’homme blanc, il était pris pour cibles par des criminels. Mais cette décision a ensuite été annulée et il se bat maintenant pour rester au Canada. Une affaire identique a fait polémique en Hollande au printemps 2010, lorsqu’une famille afrikaneer, les Johnstone, a déposé une demande pour revenir vivre au pays de ses ancêtres Boers.
Plus de 5 millions de Blancs vivent en Afrique du Sud, soit 9 % de la population, selon les statistiques nationales. Au lendemain de l’abolition de l’apartheid, après l’arrivée de Mandela au pouvoir en 1994, beaucoup de Sud-Africains blancs ont fui le pays, par crainte de représailles.
Simple vol ou violence raciale ?
En Afrique du Sud, il est courant pour des fermiers afrikaners d’être visés par de violentes attaques ou meurtres. Des milliers de fermiers blancs ont été tués depuis 1994, bien qu’une commission d’enquête ait révélé en 2003 que seulement 2 % des attaques sur des fermes étaient motivées par des raisons raciales. Le motif principal reste le vol par nécessité. Mais les attaques restent cependant violentes, ce qui soulève des questions quant à savoir si elles sont alimentées par la haine raciale.
Statistiquement, les Sud-Africains noirs sont plus susceptibles d’être victimes d’actes criminels. Une étude menée par l’Institut d’études sur la sécurité révèle que les hommes noirs âgés de 26 à 40 ans sont les principales victimes de la criminalité en Afrique du Sud.
Global Post/Adaptation rédaction JOL Press