Site icon La Revue Internationale

Divisée, la mobilisation anti-Wade s’essoufle

ecd0594b-9651-4656-befb-faebd093a99f.jpgecd0594b-9651-4656-befb-faebd093a99f.jpg

[image:1,l] « La valeur d’un combat ne se mesure pas à la taille de la foule. Je suis fier d’être parmi vous car notre cause est juste ». Fadel Barro, un des leaders du collectif « Y’en a marre », s’adressait ainsi aux 2 000 manifestants venus protester, dimanche 12 février, place de l’Obélisque, à Dakar.

Le « Printemps sénégalais » en panne

Pour lui comme pour les autres coordinateurs du mouvement anti-Wade, il est difficile de dissimuler la déception. Après cinq jours de manifestations qui ont fait quatre morts, le meeting de dimanche n’a pas fait recette. A moins de deux semaines de l’élection, le « Printemps sénégalais » n’a toujours pas décollé. Même si plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, Abdoulaye Wade a pu maintenir sa candidature à un troisième mandat, pourtant interdit par la Constitution.

Le vieil arbre ne craint pas la tempête

Le président, âgé de 85 ans, s’est même offert le luxe d’une maxime aussi sarcastique que poétique en évoquant l’opposition : « La brise peut secouer les feuilles de l’arbre mais ne deviendra jamais un ouragan. »

La plupart des treize autres candidats, tels Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck, Macky Sall et Moustapha Niasse, ont laissé tomber l’idée d’empêcher la candidature de Wade et se contentent de poursuivre leur campagne électorale pour l’emporter par les urnes le 26 février.

« Tous les mêmes »

C’est sans doute cette résignation qui a éloigné les manifestants de la place de l’Obélisque. L’appel à protester avait été lancé par le collectif « Y’en a marre », un groupe de jeunes rappeurs et de journalistes.

Un noyau d’activistes, jeunes et non-violents, reste néanmoins décidé à dénoncer la candidature de Wade jusqu’au bout. Mais pas seulement celle de Wade. Le ras-le-bol exprimé par Y’en a marre concerne la majorité des élites du pays, comme l’expliquent Omar Touré et le rappeur Keur Gui de Kaolack : « La classe politique est déconnectée de la réalité du terrain. Les candidats de l’opposition ne sont guère mieux. Ils vivent en Europe toute l’année et reviennent au Sénégal dix jours avant l’élection. Ils ne comprennent rien aux problèmes du peuple, et à vrai dire, il s’en moquent. »

Les manifestations interdites par le pouvoir

Si Y’en a marre ne donne aucune consigne de vote, le collectif reste farouchement anti-Wade. Déjà, le 23 juin dernier, l’appel à manifester lancé par le mouvement avait empêché le président de faire passer une loi constitutionnelle permettant à un candidat d’être directement élu si il dépassait 25 % au premier tour.

Hier, mardi 14 février, le collectif de jeunes a tenté de relancer la mobilisation en organisation un sit-in permanent sur la place de l’Obélisque. Une opération baptisée Fanaan, ou « veillée » en langue locale wolof. Objectif : transformer le lieu en une nouvelle place Tahrir, comme au Caire, en Egypte. La police a aussitôt déployé un dispositif de sécurité autour de la place pour interdire ce rassemblement.

Le Mouvement du 23 juin d’opposition à la candidature de Wade a prévu quant à lui une grande marche, aujourd’hui mercredi, dans le centre de Dakar. Le ministère de l’Intérieur sénégalais a aussitôt annoncé l’interdiction de la marche.

GlobalPost/Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press

Quitter la version mobile