[image:1,l] L’avenir du pétrole va-t-il se jouer en Namibie ? À en croire le Dr Reinhard Zaïre, cela pourrait bien être le cas. En raison de ses réserves encore inexploitées et de sa stabilité politique, la Namibie risque fort de devenir l’un des pays les plus courtisés des prochaines années. D’autant plus fortement que l’instabilité règne dans certains pays arabes et que les grandes compagnies cherchent de nouvelles sources plus sûres. Le Dr Reinhard Zaïre appartient à cette génération de décideurs namibiens qui sont en train de prendre des positions décisives en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Sud.
Aujourd’hui, chef de la communauté ethnique Kaoko, le Dr Zaïre a été formé en Namibie, en Afrique du Sud, puis en Allemagne, où il a acquis ses galons de médecin. Il est d’abord devenu l’un des spécialistes de l’étude des effets de l’uranium sur la santé, avant de s’intéresser aux hydrocarbures. JOL Press a rencontré en exclusivité ce nouveau candidat au rachat de l’usine de raffinage française Petroplus, qui se présente en fin stratège du marché du pétrole, autant que comme un garant de l’écosystème humain qui régit l’équilibre des entreprises… et de son pays.
JOL Press : la Namibie est au début d’une formidable aventure concernant le pétrole. Pouvez-vous nous donner des précisions ?
Dr Reinhard Zaïre : tout d’abord, la Namibie, de par sa proximité avec l’Afrique du Sud et son accès direct à l’océan Atlantique, est dans une position géographique privilégiée dans le domaine du négoce en général, et du pétrole en particulier. Mais ensuite et surtout, parce que d’importants gisements de pétrole ont été identifiés en Namibie. Notre pays est en train de préparer les conditions d’exploitation de ces nouvelles ressources. Ce sera en effet une nouvelle page pour notre pays, d’ores et déjà bien implanté sur le marché de l’extraction de l’uranium et des pierres précieuses.
Quelle est l’activité de Petrolland, l’entreprise que vous présidez ?
[image:2,s]Dr Reinhard Zaïre : Petrolland est basé en Namibie et en Afrique du Sud. Notre société est spécialisée dans la production et la vente de pétrole et de gaz. Nous avons développé un réseau de correspondants et de clients dans le monde entier ( États-Unis, Europe, Russie, Ouzbékistan…) et aussi avec les plus grands groupes comme Shell ou Chevron. Nos transactions portent aussi bien sur le pétrole brut que raffiné. Notre objectif est de traiter dans un futur proche plus de 400 000 barils par jour.
En quoi votre structure est-elle innovante dans le marché des hydrocarbures ?
Dr Reinhard Zaïre : notre structure, bien que jeune, est innovante car elle maîtrise la plupart des étapes de la chaîne et, à terme, l’ensemble de la chaîne du pétrole et du gaz, tout en étant indépendante. Nous sommes donc en mesure de répondre à toutes les demandes très rapidement, car nous pouvons interagir avec le partenaire le plus adapté à la demande, sans pour autant être rattaché à un seul. Notre force est donc d’avoir d’abord mis en place une remarquable structure de négoce, qui nous a permis de comprendre les spécificités du marché de l’intérieur et d’être en mesure d’y apporter des solutions adaptées. C’est pourquoi nous pouvons sereinement nous attaquer à la production en direct, en ayant nos débouchés déjà acquis. Pour un chef d’entreprise, c’est plutôt confortable de savoir que ce qu’il va produire est déjà prévendu ! De plus, le fait que la Namibie va devenir producteur de pétrole nous place évidemment dans une position stratégique.
Vous vous êtes portés acquéreur de l’usine Petroplus, située en France. Pourquoi ce choix ?
Dr Reinhard Zaïre : nos intérêts sont clairs. Notre position dans le marché du pétrole est en pleine expansion. Nous souhaitons pouvoir faire face aux demandes croissantes de nos clients en matière de pétrole brut et raffiné. Or nous ne disposons pas aujourd’hui de raffinerie en Namibie. Et nos structures en Afrique du Sud ont atteint leurs limites en volume. Nous sommes donc en recherche de solutions rapides, avec un savoir-faire avéré et à taille humaine, qui ne nous installe pas en situation de dépendance, ce qui serait le cas si nous faisions un accord de raffinerie avec un grand groupe.
Quels sont vos atouts dans ce projet ?
[image:3,s]Dr Reinhard Zaïre : comme vous le savez, le médecin que je suis est très sensible à la notion d’équilibre. Si une situation n’est à l’avantage que d’une des parties, cela ne donne jamais de bons fruits ! Or, nous cherchons à construire pour l’avenir, pas à utiliser une opportunité de circonstance. Donc, bien sûr nous nous sommes posé la question dans les deux sens. En quoi les infrastructures de raffinage Petroplus sont intéressantes pour nous et en quoi nous apportons aussi une valeur ajoutée à ces infastructures ? Tout d’abord notre société est à taille humaine, elle ne va pas les absorber comme un trophée pour les vider ensuite de leur substance.
Ensuite, notre principal atout est de disposer déjà des débouchés pour les produits raffinés, tout comme d’avoir accès, à terme, au pétrole brut en quantité. Nous apportons ainsi l’assurance d’un rendement immédiat avec le besoin de faire travailler le personnel en place, car nous ne disposons pas d’équipes opérationnelles de remplacement. Il me semble donc que nous sommes dans une stratégie d’opportunité conjointe pour Petrolland comme pour Petroplus : d’un côté assurer notre croissance sans risque, car nous avons déjà stabilisé les autres parties de la chaîne, de l’autre préserver l’avenir de la raffinerie et pérenniser l’emploi, le développer même à terme, de Petroplus.
Contrairement à ce que certains prédisent, le marché du pétrole a-t-il alors encore de beaux jours devant lui ?
Dr Reinhard Zaïre : rien n’est éternel, mais en ce qui concerne le pétrole, l’avenir est encore positif, car les réserves sont loin d’être taries dans le monde. En revanche, le fait que de nouveaux lieux de production vont voir le jour, que d’autres vont s’épuiser, va changer certains équilibres industriels et géopolitiques. C’est une chance pour la Namibie, mais cela l’est aussi pour tous les pays qui auront su construire des alliances avec les partenaires d’avenir.
Quelle analyse portez-vous sur l’évolution de votre pays, la Namibie ?
Dr Reinhard Zaïre : la Namibie est un pays peu peuplé, mais qui a su, depuis son indépendance en 1990, mette en place une structure démocratique et stable. La population est l’une des mieux éduquée d’Afrique et nous avons fait la paix avec notre passé. L’Allemagne a très récemment présenté ses excuses à notre pays pour toutes les exactions qui ont été commises contre notre population. Nous voulons, sans pour autant oublier ce que nos aînés ont subi, penser à l’avenir. Le fait que l’Allemagne ait pour la première fois reconnu ces faits est un pas important pour notre résilience.