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Energies vertes et Internet : la révolution de Rifkin

[image:1,l] « Les grandes révolutions économiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d’énergie ». Ce constat, exposé par l’économiste et essayiste américain Jeremy Rifkin, introduit sa vision de l’avenir du monde, caractérisé par l’avènement de la « troisième révolution industrielle ».

A chaque révolution son mode de communication

C’est justement le titre de son nouvel ouvrage, présenté dans sa version française mardi 7 février 2012 à Paris. La Troisième Révolution industrielle, livre soutitré « Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde », entend déclencher une prise de conscience mondiale. L’enjeu : transformer le mode de fonctionnement de nos sociétés pour les conduire vers un meilleur partage des ressources, des connaissances et de l’énergie.

L’énergie est véritablement au cœur de la théorie de Jeremy Rifkin. Au cours de ses recherches, ce spécialiste de prospective économique et scientifique est arrivé au constat qu’à chaque révolution industrielle a correspondu l’avènement d’un nouveau mode de communication.

Au XIXe siècle, l’imprimerie et la vapeur ont révolutionné le monde. Au XXe siècle, le moteur à explosion lance la deuxième révolution industrielle et la télétransmission fait son apparition. Le XXIe siècle voit l’avènement du tout-puissant Internet et des énergies renouvelables.

Partager son énergie comme ses fichiers

Internet offre aux humains un nouveau mode  de communication. Ils interagissent entre eux, s’échangent des fichiers, musiques, films, etc. Pour Jeremy Rifkin, il en sera de même de l’énergie et ce sera un véritable bouleversement de l’économie. « Dans l’ère qui vient, des centaines de millions de personnes produiront leur propre énergie verte à domicile, au bureau, à l’usine, et ils la partageront entre eux sur un « Internet de l’énergie » exactement comme nous créons et partageons aujourd’hui l’information en ligne. » Ce mode de communication et d’échange va profondément bouleverser la façon dont nous travaillons, vivons et sommes gouvernés.

La crise énergétique, le changement climatique et le développement durable sont devenus des défis prioritaires pour la communauté internationale. Ces défis sont les fondements de la troisième révolution industrielle, qui repose sur cinq piliers : passer aux énergies renouvelables ; transformer les bâtiments sur chaque continent en minicentres énergétiques, créant ainsi de nombreux emplois ; permettre à chaque bâtiment de conserver cette énergie ; utiliser la technologie internet pour créer un réseau similaire d’énergie, chaque bâtiment ayant de l’énergie en trop pouvant la vendre sur ce réseau ; et finalement, créer des réseaux électriques continentaux dans lesquels les véhicules électriques puissent vendre leur surplus d’énergie en se branchant à une prise, tout en étant garés.

L’enjeu de notre siècle repose sur la transition vers la troisième révolution industrielle. « Je ne souhaite pas l’effondrement de la deuxième révolution, mais trouver des moyens pour que cette nouvelle ère arrive progressivement », déclare-t-il lors de la présentation de son ouvrage.

Pour que cette révolution arrive, il faut bien sûr sortir du nucléaire. « L’énergie nucléaire, c’est fini ! », lance-t-il comme un credo. Il faut maintenant tout miser sur les énergies renouvelables : éolien, solaire, hydroélectricité, géothermie et transformation des déchets agricoles.

L’Europe peut mener cette révolution

Dans le cadre de cette révolution, l’Europe se pose en leader. « L’Union européenne a pris une longueur d’avance », déclare Rifkin en comparant le Vieux Continent aux Etats-Unis. Et à sa tête, l’Allemagne a particulièrement bien saisi l’opportunité de ce nouveau mode de fonctionnement. En quelques années, l’Allemagne d’Angela Merkel a converti un million de bâtiments à l’énergie positive, représentant 10% du besoin énergétique du pays et créant ainsi 250 000 emplois.

« La France doit aussi montrer son leadership dans cette transition. L’Allemagne sort du nucléaire, la France doit la suivre, elle a plus de potentiel en énergies renouvelables que l’Allemagne et pourtant, elle reste profondément attachée à ses centrales nucléaires. »

Pour donner le bon exemple à l’Europe, l’auteur cite deux vitrines de cette nouvelle prise de conscience. Rome a demandé à Jeremy Rifkin d’élaborer un plan sur quarante ans pour transformer la « première grande métropole de la civilisation occidentale en ville de troisième révolution industrielle ».

La petite principauté de Monaco n’est pas non plus la dernière à se soucier de son bilan carbone. Appelé par le prince Albert Ier, Jeremy Rifkin est en train de transformer la ville, connue pour son luxe et ses célébrités, en ville propre et renouvelable.

« Ne pas entamer cette transition serait une erreur »

 A la suite de ces exemples, la France et l’Allemagne doivent désormais mener l’Europe à travers la difficile transition vers cette troisième révolution industrielle qui va bouleverser nos manières de vivre et de consommer. Pour cela, l’influent Jeremy Rifkin rencontre et conseille régulièrement les dirigeants et chefs de partis politiques de nombreux pays d’Europe. « Ne pas entamer cette transition serait une erreur », conclue-t-il, tout en se disant « optimiste ». Selon lui, si les pays saisissent cette opportunité à temps, la troisième révolution industrielle sera effective aux alentours de 2050, pour durer jusqu’à la fin du siècle.

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