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Général Lanata : « Le Rafale a fait ses preuves en Libye »

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JOL Press : cette commande de 126 avions Rafale par l’Inde, c’est une bonne nouvelle pour Dassault et l’industrie aéronautique française, n’est-ce pas ?

Général Vincent Lanata : Oui, c’est nécessairement une bonne nouvelle. Le Rafale de Dassault est un avion remarquable. Son projet a été lancé en 1985, parallèlement au projet d’avion européen d’Eurofighter, le Typhoon. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne avait décidé de mettre leur moyen en commun, la France avait préféré y aller seule. Ce sont ces deux avions qui étaient en finale de l’appel d’offres indien. Le Rafale, un avion de chasse polyvalent, a des spécificités remarquables. Il l’a pleinement démontré en Libye l’an dernier.

Bonne nouvelle pour l’économie française

JOL Press : quels sont les bénéfices d’une telle commande pour la France ?

Général Vincent Lanata : des emplois et des devises. Le GIE Rafale fait travailler des centaines de PME, elles vont en profiter.

JOL Press : sur les 126 avions commandés, 18 seraient achetés directement à la France et les 108 restants seraient construits en Inde. Ce n’est pas un peu ennuyeux ?

Général Vincent Lanata : cela pose évidemment un problème de transfert de technologies et il aurait mieux valu que l’ensemble des appareils soient construits en France. Mais, tout n’est pas encore arrêté et, d’ici à la signature formelle du contrat, les négociations vont se poursuivre et on peut imaginer que les représentants de Dassault chercheront à défendre les intérêts français.

Récompense d’un long travail diplomatique

JOL Press : c’est aussi un succès pour la diplomatie française et récompense le nouveau partenariat stratégique développé avec l’Inde par le président de la République…

Général Vincent Lanata : Oui, c’est un succès pour la France. Ce sont les industriels qui négocient avec les clients. Puis, ensuite, l’Etat intervient à travers sa diplomatie. Oui, le président Nicolas Sarkozy s’est investi personnellement sur ce dossier.

JOL Press : comment expliquez-vous que le Rafale, qui équipe l’armée française depuis 2001, ait dû attendre onze ans pour remporter un premier succès à l’export ?

Général Vincent Lanata : c’est un peu compliqué. La France ne peut compter que sur elle-même alors que l’Eurofighter bénéficie des efforts diplomatiques de quatre pays.  C’est pourquoi ce dernier a déjà fait l’objet de quelques commandes : 72 appareils ont été vendus à l’Arabie Saoudite et une vingtaine à l’Autriche.
En réalité, le Rafale est moins cher et plus performant, plus polyvalent. Il peut mener à la fois des missions de défense aérienne et des attaques au sol. C’est précisément ce qu’il a fait en Libye, garantissant l’interdiction de survol et ciblant les forces kadhafistes au sol. Sa toute première mission a ainsi permis d’éviter un carnage à Benghazi. Nul doute que cela a joué dans la décision du gouvernement indien. 

Général de l’armée, Vincent Lanata a été chef d’État Major de l’Armée de l’Air. Il a notamment commandé des unités en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar ou encore en Jordanie, de 1991 à 1994. Il a ensuite été chargé de mission auprès du ministre des Transports, Bernard Pons, de 1995 à 1997. Retraité du service actif, Vincent Lanata a monté deux sociétés de conseil spécialisées dans la défense et l’industrie.

 

Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press

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