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Kim Jong-un assassiné par la rumeur

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[image:1,l]Que les dictateurs en herbe se rassurent, Kim Jong-un n’est pas mort mais, pour être honnête, on y a presque cru pendant quelques heures. Dans la soirée du vendredi 10 février, Internet était en ébullition à l’annonce de son assassinat à Pékin.

Les rumeurs à la vitesse d’Internet

[image:2,s]Voilà ce qui s’est passé : le site de microblogging chinois Sina Weibo a aidé à la propagation d’une rumeur étonnante. Kim Jong Un aurait été tué par balles à l’ambassade nord-coréenne de Pékin, vers deux heures du matin. L’information n’a pas manqué de gagner en crédibilité une fois reprise par une source pseudo-officielle et, avec la magie du Web, la nouvelle de sa mort s’est vite retrouvée sur Reuters, Gawker, le Huffington Post et le GlobalPost.

C’est ainsi que naissent les rumeurs. À l’âge des réseaux sociaux, elles s’étendent toujours plus loin, toujours plus vite. Et lorsqu’elles concernent un pays aussi isolé que la Corée du Nord, où il est difficile d’avoir confirmation, mieux vaut les prendre en considération.

Peu de temps après avoir franchi les frontières de la Chine, c’était au tour de Twitter d’assassiner Kim Jong-un. Mais après tout, il ne serait pas la première célébrité à mourir prématurément sur le site.

Les bons réflexes du journalisme professionnel

Pour Josh Benton, le fondateur du laboratoire de journalisme Nieman à Cambridge (Massachusetts), « les organismes de presse ont fait un bon travail en ne publiant pas la nouvelle comme certains sites. Ils ont annoncé sa mort comme une rumeur diffusée sur Twitter, ce qui était le cas ».

Certains média, comme CNN, on demandé confirmation aux responsables des services secrets américains. Fort heureusement, ils ont tous eu la sagesse de préciser qu’il ne s’agissait que d’une rumeur.

La vigilance, seul remède

La faute en reviendrait à nous autres, consommateurs d’informations, d’après le professeur en journalisme spécialiste de la Corée du Nord, Bradley Martin. « Dans le cycle continue de l’information, on ne peut pas faire grand chose pour limiter la propagation des rumeurs, il faut rester vigilant », nous conseillait-il avant d’assurer qu’une telle nouvelle était tout simplement improbable.

Tout d’abord à cause du système de protection du dictateur nord coréen, extrêmement élaboré, qui limite l’espionnage. « Kim Jong-un peut un jour s’attendre à voir des gens comploter contre lui. Mais cette rumeur est apparue si peu de temps après son accession au pouvoir qu’il semblait douteux que des opposants à son régime aient eu le temps et l’opportunité de s’organiser. » [image:3,s,r]

Il reste vrai que les poches de résistance se sont multipliées en Corée du Nord. Et pour cause, regardez cette photo du jeune dictateur en fureur, en train de s’acharner contre un haut gradé de son arméee. Tout est fait pour détruire le moral.

Du rififi entre la Corée du Nord et la Chine

En réalité, le plus intéressant avec cette rumeur, c’est le fait que la Chine l’ait laissé se propager. On associe souvent Sina Weibo à Twitter, mais comme le souligne Regina McCombs, de l’école de journalise Poynter, en Floride, le site « n’est pas aussi libre et ouvert que Twitter. C’est un espace très contrôlé et surveillé. » Dans une perspective géopolitique, la propagation de la rumeur laisse supposer que les rapports entre la Chine et la Corée du Nord ne sont pas au beau fixe. Il se pourrait que dans ses tentatives pour consolider son pouvoir, Kim Jong-un ne suive pas le chemin voulu par Pékin.

C’est l’avis de Adam Cathcart, rédacteur en chef de SinoNK.com : « Les relations entre les deux pays ont l’air tendues. La Chine n’a pas caché son désir de voir le régime de Kim Jong-un relâcher un peu de pression sur un plan militaire et s’ouvrir aux investissements, sous la protection de son parrain chinois. Mais le jeune dictateur n’en est pas là. »

La Chine a également autorisée la publication d’un livre rédigé par un journaliste japonais qui a interviewé de nombreuses années durant Kim Jong-nam, le plus âgé des fils de Kim Jong-il. Ce dernier s’est montré très critique envers la dynastie des Kim

Kim III, nouveau roi de la propagande

Fils de Kim Jon-il, décédé en décembre 2011, et petit-fils de Kim Il-sung, le fondateur de l’Etat communiste nord-coréen et dirigeant du pays de 1948 à 1994, Kim Jong-un a pris la succession de son père voici deux mois. Physiquement, ce trentenaire ressemble à s’y méprendre à son grand-père, dont il arbore la même coiffure et le même uniforme. Une sorte de copié-collé, ou de réincarnation, au pays de l’éternelle « démocratie populaire ». Nul doute que ce nouveau « soleil du XXIe siècle »  saura bâtir un culte de la personnalité à la hauteur de son illustre grand-père.

GlobalPost/Adaptation rédaction JOL Press

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