Site icon La Revue Internationale

La famine, une arme politique pour Omar el-Béchir

2935667098_f977171ccf_z.jpeg2935667098_f977171ccf_z.jpeg

[image:1,l] « Nous demandons de l’aide pour distribuer de la nourriture, rien de plus. Le gouvernement d’Omar el-Béchir met tout en œuvre pour empêcher les produits de première nécessité d’atteindre ces régions. » Un simple appel suffira-il à sauver des vies ? Rien de moins certain dans une région minée par des années de guerre civile.

Khartoum tente d’affamer les rebelles

Le régime de Khartoum est actuellement en guerre avec les rebelles de l’APLS (Armée pour la libération du Soudan). Ces forces armées liées au Sud-Soudan (indépendant depuis 2011) se battent pour le rattachement du Kordofan du Sud et de la région du Nil bleu à l’Etat nouvellement créé.

Entamé en mai 2011, le conflit sud-soudanais est officiellement terminé depuis l’envoi d’une force de maintien de la paix (des soldats éthiopiens) mandatée par l’ONU. Pourtant, les combats dans la région continuent, ignorant la décision de démilitariser la zone. Le régime d’Omar el-Béchir tente d’affamer les rebelles pour conserver la mainmise sur la région.

Les deux Soudans en état d’urgence

La conséquence directe de cet embargo alimentaire est un aggravement des risques de pénurie. Le Famine Early Warning Systems Network, un outil de prévention des désastres alimentaires, vient d’annoncer un « état d’urgence » pour les deux Soudans. L’échelon situé juste avant la famine généralisée.

Plusieurs centaines de milliers de personnes sont concernées par le blocus décidé par Omar el-Béchir. Le président du Soudan fait déjà l’objet d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour ses décisions concernant le Darfour.

Des risques de famine imminente

Les associations signataires de la lettre estiment que la diplomatie américaine doit poursuivre les négociations avec Khartoum tout en apportant une aide humanitaire immédiate, sans attendre la permission du gouvernement soudanais. « Si personne n’agit, les populations locales vont mourir à cause de la malnutrition et des maladies », explique John Pendergast, le cofondateur d’Enough Project, une des associations impliquées.

« Le régime d’Omar el-Béchir utilise la faim comme une arme sans que personne ne s’offusque. Les Etats-Unis se doivent de dénoncer ces pratiques de guerre abjectes en brisant l’embargo, en demandant un accès libre des humanitaires dans tout le pays et en reconnaissant les autorités comme responsables de cette situation », peut-on lire dans la lettre envoyée à Susan Rice, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU.

Faut-il passer outre l’embargo ?

Les Etats-Unis sont déjà intervenus dans la région pour apporter une aide alimentaire sans l’accord des autorités locales. Au milieu des années 1980, le gouvernement américain avait aidé plusieurs ONG à outrepasser le blocus sur le Sud-Soudan, sauvant des milliers de vies humaines. L’opération avait été répétée en Ethiopie, où certaines régions étaient également victimes d’un embargo politique.

Après le désastre du Darfour, un nouveau front humanitaire au sud du Soudan se constitue petit à petit. Pour l’Occident, obtenir un libre-accès de l’aide humanitaire permettrait de venir en aide aux deux régions à la fois. Mais pour y parvenir, il faudra d’abord négocier avec Omar el-Béchir, ou décider de passer outre l’embargo en toute connaissance de cause. 

GlobalPost/Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press

Quitter la version mobile