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Le défi de la presse papier: une mutation vers le numérique

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En quelques semaines deux journaux papier ont disparu (France Soir et la Tribune) pour se transformer en éditions numériques au moment où le Huffington Post français s’est lancé.

La concomitance de ces faits semblent extrêmement parlante…

Le papier semble, sous nos yeux, en train de céder la place à l’information sur supports numériques.

Les supports numériques vont devenir dominants

Malgré l’honorable résistance des diffusions des quotidiens français en 2011 (hors ceux qui ont disparu…) l’échéance parait se rapprocher : les supports numériques vont devenir dominants pour la diffusion de contenus, de toutes natures, et capteront une part essentielle des revenus des médias.

Si l’on admet l’inéluctabilité de ce basculement, la question reste de savoir sous quelle forme se recomposera le paysage de l’information.

Les titres de presse y auront-ils une place ?

La presse papier a de nombreuses chances de son côté

Ils ont toutes leurs chances et, d’ailleurs, ils trustent les premières places des sites Web d’information.

Ils partent en effet avec un avantage compétitif immense face à n’importe quel acteur du numérique : ils ont la capacité de créer des contenus propriétaires et originaux. Or les contenus sont le nerf de la guerre, d’ores et déjà au centre des préoccupations de tous ceux qui veulent jouer un rôle dans le monde des médias de demain.

Ce sont les contenus qui capteront et fidéliseront les audiences, ce sont eux également qui créeront l’événement et creuseront les écarts entre acteurs et seront sources de monétisation.

Les « grandes manœuvres » ont d’ailleurs largement démarré : les Droits sportifs ont constitué un premier terrain d’affrontement entre acteurs de taille mondiale, d’autres vont suivre (et représentent une source d’inquiétude pour nos chaînes de télévision qui ne pourront pas suivre les enchères).

Les journaux vont-ils réussir leur mutation numérique ?

Disposer de ses propres contenus, produits au meilleur prix, devient donc un enjeu stratégique.

Parmi les contenus  l’information constitue une « matière » sans cesse renouvelée, vivante, porteuse de sens, de plus en plus demandée, concernant toute la population.

Elle est une formidable source d’audience sur laquelle on peut créer des différences qualitatives véritables.

Les grands acteurs Pure Players du numérique maîtrisent au mieux les diffusions numériques et la monétisation de ces diffusions mais leurs contenus d’information reposent avant tout sur des partenariats externes et l’agrégation, leur arme habituelle, ne peut suffire en 2012 : pour des raisons de droits elle devient de plus en plus complexe et, surtout, elle ressemble à une « commodité », non-fidélisante pour les audiences et non-différenciante face à leurs concurrents.

C’est pourquoi les résultats d’audience des sites d’information des pure players numériques sont franchement décevants.

Est-ce à dire que les journaux, avec leurs sites relativement plus forts, ont partie gagnée et vont réussir leur mutation numérique ?

A mon avis nous en sommes bien loin.

La réalité économique de la presse numérique

Certes 6 des 7 premières places (en millions de visiteurs uniques Nielsen Net Ratings) des sites d’information appartiennent à des titres de presse mais…

Les écarts d’audience sont tout d’abord relativement restreints et le portail Orange a conquis la 2ème place de même que Google News est rentré dans le top 10 (devant TF1 News).

Et ces chiffres ne mesurent que les audiences des sites selon un panel d’internautes, bien d’autres manière de se procurer de l’information numérique seraient à comptabiliser pour disposer d’un reflet fidèle de la réalité de l’information en 2012.

Derrière ces données se cache également une réalité économique moins satisfaisante : ces déclinaisons numériques des marques médias n’ont jamais dégagé ni les audiences ni les revenus qu’on aurait pu en attendre.

Je pense que les médias « classiques » ont une supériorité innée pour créer des contenus mais ont commis le pêché de vouloir eux-mêmes les décliner, les diffuser et les monétiser dans le monde numérique, ce qui n’est pas dans leur savoir-faire central.

Ils n’ont donc obtenu que des résultats en demi-teinte, satisfaisants uniquement tant qu’aucun acteur majeur du numérique ne s’est emparé du sujet.

Aujourd’hui la donne pourrait changer

Depuis quelques mois un autre modèle se présente avec le mariage Huffington Post + AOL.

Pour la  première fois sont réunis une équipe de création de contenus numériques d’information en réseau, de qualité reconnue et un acteur numérique de premier plan en charge de la diffusion et de la monétisation.

Lors de l’annonce de ce mariage Arianna Huffington avait déclaré « En combinant le Huffington Post avec le réseau des sites d’AOL (…) nous savons que nous allons créer une entreprise qui peut avoir un impact énorme pour atteindre une audience mondiale sur toutes les plateformes imaginables ».

En France, le HuffPost apportera les mêmes recettes :

–   des journalistes de talent et des coûts de production réduits (faible nombre de salariés, il y a moins de 10 journalistes, mise en réseau mondiale de contributeurs de qualité et…gratuits) pour délivrer des contenus de très bonne facture conduisant à l’alliance de la qualité des contenus et de tarifs « low-cost » (impossible dans le monde non-numérique)

–   ces contenus directement conçus pour les supports numériques (et non adaptés) bénéficieront de la puissance de diffusion sur tous supports et de monétisation d’un géant du numérique.

La caution en France du Monde ne sera d’ailleurs qu’un atout supplémentaire pour cette Marque d’information qui pourrait changer les règles du jeu…

Pour la première fois on peut imaginer qu’un véritable modèle économique est en train de naître autour d’un modèle parfaitement convergent et 100% numérique réunissant et intégrant contenus, diffusion et monétisation.

L’équipe qui vient de reprendre la Tribune a visiblement ce type de modèle en tête.

D’autres places sont encore à prendre, le nom des vainqueurs de demain n’est pas encore connu.

Les médias classiques s’empareront-ils du sujet, exploiteront-ils leurs atouts, voudront-ils devenir des acteurs du monde numérique ?

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