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Le torchon brûle entre Athènes et Berlin

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[image:1,l] « L’Allemagne n’a pas vocation à jeter de l’argent dans un gouffre sans fond. » Les mots choisis par Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, trahissent bien la pensée du gouvernement d’Angela Merkel. Bonne élève de l’Europe, l’Allemagne a l’impression de s’embourber dans une crise sans fin dont elle n’est pas responsable.

Un ras-le-bol partagé

Du côté d’Athènes, ce genre de réflexion passe mal. Le vieux président Karolos Papoulias n’a pas hésité à qualifier les paroles du ministre allemand d’« insulte à son pays » avant de renchérir : « Je ne peux pas accepter la condescendance de ces gens envers mon pays. Qui est M. Schäuble pour se permettre d’insulter la Grèce ? »

Le ras-le-bol sur les bords de la mer Egée est au moins comparable à celui des dirigeants allemands. Le Parlement grec a encore voté, dimanche 12 février, une série de mesures d’austérité profondément impopulaires afin de réussir à économiser les 325 millions d’euros exigés pour l’attribution d’un nouveau prêt de 130 milliards d’euros.

Un complot contre Athènes ?

Mais cette nouvelle aide européenne ne marquera probablement pas la fin des tensions financières entre les deux pays.

Les électeurs allemands acceptent mal de devoir se serrer la ceinture pour aider la « cigale grecque », et en Grèce, beaucoup soupçonnent les poids lourds de l’économie européenne de tenter d’étrangler le pays afin d’obtenir sa sortie rapide de la zone euro.

Le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, a lui même mis en doute la bonne volonté des créanciers d’Athènes : « Il y a beaucoup de gens dans la zone euro qui ne veulent plus de nous désormais. »

Officiellement, l’Allemagne reste déterminée à sauver la place de la Grèce dans la « famille euro ». Le porte-parole d’Angela Merkel a affirmé qu’il ne s’agissait là que « de fausses rumeurs sur des décisions dont il n’a jamais été question en Allemagne ».

Le bluff comme arme économique

Si la théorie du « complot antigrec » reste relativement fantaisiste, il est certain que la menace de la faillite est une arme que les partenaires européens de la Grèce n’hésitent pas à utiliser. En plaçant une épée de Damoclès financière au dessus d’Athènes, ils espèrent pousser le pays à plus de rigueur et de contrôle de ses dépenses publiques.

Ainsi, lorsque Jean-Claude Juncker félicite la Grèce pour ses « progrès significatifs » et ses « efforts », il n’hésite pas à rappeler qu’il est capital de « renforcer la surveillance pour s’assurer de la bonne application du plan de sortie de crise ».

Risques de dérapage

Les alliés européens d’Athènes ont leurs raisons de jouer avec les nerfs des Grecs : avec cinq ans de récession, 14,5 milliards d’euros à rembourser le 20 mars et des élections en avril qui pourraient porter au pouvoir des partis anti-Europe, les risques de scénario catastrophe sont sérieux. Jonglant entre bluff, promesses, menace et compromis, l’Europe espère voir bientôt la sortie du tunnel grec sans vraiment y croire.

GlobalPost/Adaptation Emmmanuel Brousse pour JOL Press

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