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L’Ecosse indépendante : le quitte ou double de Cameron

[image:1,l]Le Premier ministre britannique David Cameron, lors d’un voyage à Edimbourg, jeudi 16 février, a proposé au Premier ministre écossais Alex Salmond d’avancer la date du référendum sur la question de l’indépendance de l’Écosse, et de demander simplement aux Ecossais : « Voulez-vous, oui ou non, l’indépendance de l’Ecosse ? ». Une consultation où, selon ses calculs, le « non » l’emporterait, malgré les succès remportés par le Parti national écossais (Scottish National Party, SNP).

Couper l’herbe sous le pied d’Alex Salmond

Avec cette offre, David Cameron espère apaiser les aspirations des Ecossais à plus d’autonomie, aspirations teintées de doutes quant à la perspective d’une totale indépendance, et les obliger ainsi à trancher dans le sens du « non ». La question de l’indépendance, souvent relancée depuis l’intégration de l’Ecosse au Royaume-Uni en 1707, serait alors définivement enterrée.

Grâce à cette tactique, le Premier ministre espère également stopper l’élan dont bénéficie le Parti national écossais, dirigé par le charismatique Alex Salmond et couper court à la montée des indépendantistes.

La montée en puissance du Parti national écossais

La question de l’indépendance de l’Ecosse est revenue sur le devant de la scène en 2007, lorsque le Parti national écossais est arrivé au pouvoir. Très confiant, Salmond pense que l’indépendance de l’Ecosse est courue d’avance. « L’oiseau s’est envolé et il ne peut plus retourner dans sa cage », a-t-il déclaré. « Je pense que ce mouvement représente l’aspiration et les ambitions du peuple d’Ecosse ».

Alex Salmond, un chef confiant et expérimenté qui bénéficie d’opinions positives dans les sondages, a touché la corde sensible des votants en jouant la carte d’une Écosse positive et pleine d’énergie.

Le « oui » de l’indépendance a du mal à s’imposer

Pourtant, malgré le succès du SNP, le « oui » au référendum a du mal à s’imposer dans les sondages. Neuf mois après que le SNP a gagné une majorité sans précédent au Parlement écossais, le pourcentage d’Ecossais favorables à l’indépendance reste encore sous la barre des 40 %. À ce jour, environ 50 % de la population écossaise voterait « non » au référendum.

« Dévo max » ou la troisième option

Outre le oui et le non, choix bipolaire que Cameron veut imposer, une troisième option remporterait un suffrage conséquent. Les sondages montrent que plus de la moitié des votes soutiennent une solution intermédiaire qui donnerait plus de pouvoir au gouvernement écossais sans aller jusqu’à l’indépendance totale. La « dévo max », ou « dévolution maximum » (décentralisation) donnerait à l’Écosse un contrôle presque total sur la gestion de l’économie et des affaires intérieures. Seules la défense et la politique étrangère resteraient du domaine de Londres.

Une grande coalition de groupes civiques a lancé une campagne pour inclure cette troisième option dans le vote, une initiative saluée par Salmond. Avec un scrutin ainsi formulé, Salmond pourrait se contenter d’une victoire de la « dévolution maximum ».

Le gouvernement britannique pour l’Union

Pour le gouvernement britannique, pas question de se laisser imposer cette troisième et dangereuse option. Le Premier ministre David Cameron explique qu’il vaut mieux avancer la date du référendum et trancher la question de l’indépendance rapidement, pour négocier les détails par la suite.

Dans un discours, avec en toile de fond le château d’Edimbourg, David Cameron a passionnément défendu l’Union. « L’Union aide à faire de l’Ecosse une nation plus forte, plus sûre, plus riche et plus juste », a-t-il déclaré aux journalistes et aux dirigeants d’entreprises.

À propos de l’histoire partagée entre l’Ecosse et l’Angleterre, David Cameron a concédé que l’Ecosse « pouvait se gouverner toute seule » avant d’ajouter : « Nous le faisons tellement mieux ensemble ».

Un jeu dangereux pour Cameron

Mais David Cameron joue à un jeu dangereux en voulant avancer la date du référendum. Les critiques avancent que la politique de Cameron a contribué à pousser des votants dans les mains du Parti national écossais d’Alex Salmond. Beaucoup d’Ecossais voient en Cameron le conservatisme typiquement anglais, très impopulaire au nord de la frontière.

La proposition de Cameron a ravivé les mauvais souvenirs du référendum de 1979 sur la mise en place de l’Assemblée écossaise. Les Ecossais avaient alors repoussé la mise en place d’un parlement régional autonome, qui ne sera finalement acquis que deux décennies plus tard, avec le référendum de 1997

Salmond espère que les Ecossais se rappelleront de leur histoire : « Je ne pense pas que l’Ecosse se fera avoir une deuxième fois », a-t-il dit récemment.

GlobalPost/Adaptation Sabrina Alili pour JOL Press

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