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Lettre ouverte à Abdoulaye Wade, président du Sénégal

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Cher Monsieur le Président,

Vous avez fait adopter dès 2001, un an après votre première élection, une constitution qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Cette loi était un signe fort de votre détermination à tourner la page des présidences interminables et donc nuisibles de vos prédécesseurs (Léopold Sédar Senghor de 1960 à 1980 et Abdou  Diouf de 1981 à 2000). Elle gravait dans le marbre une des conditions nécessaires à l’établissement d’une démocratie : l’alternance.
Voilà pourtant qu’après avoir été réélu triomphalement en 2007, vous avez décidé aujourd’hui, à 85 ans, de briguer un troisième mandat à la tête du Sénégal, arguant que votre première élection en 2000 ne pouvait être comptabilisée puisqu’intervenue avant la refonte de la constitution. Il serait malvenu de ma part de commenter la décision du Conseil Constitutionnel de valider votre candidature. Toutefois, je ne peux m’empêcher de vous faire remarquer cher Président que, dans l’esprit, cette candidature contrevient à votre ambition de faire du Sénégal une authentique démocratie et va jusqu’à instiller le doute quant à vos véritables intentions. Je ne me joindrai pas aux mauvaises langues qui vous ont tour à tour accusé de népotisme en faveur de votre famille cherchant à faire de votre fils, Karim Wade, votre successeur à la tête de l’Etat, ou de mégalomanie à propos de projets pharaoniques tel le monument de la Renaissance Africaine.
Je m’en tiendrai à ce seul fait pour juger de votre sincérité concernant l’avenir démocratique de votre pays. Il n’est de démocratie sans alternance et il n’est de grand dirigeant qui ne sache quitter le pouvoir. C’est l’ensemble de votre action à la tête du Sénégal depuis douze ans qui serait entaché par un troisième mandat, et plus largement votre place dans l’Histoire.
N’est-il pas temps de vous retirer monsieur le Président, pour le Sénégal comme pour vous-même.

Julien Wagner

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