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L’obsession nord-coréenne de Robert Mugabe

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[image:1, l]L’heure était à la célébration, mardi 21 février, au Zimbabwe. Le président Robert Mugabe a fêté ses 88 ans, l’occasion pour les journaux nationaux de faire la une de cet évènement devenu, au fil des années, une véritable fête nationale. Car après 32 ans à la tête du pays, les Zimbabwéens ont soufflé plus d’une bougie avec lui.

Des anniversaires somptueux

Cela fait des années que les anniversaires du leader zimbabwéen sont devenus de somptueux exemples de mégalomanie. Commandes de champagne vertigineuses (2 000 bouteilles en 2009), nombre de convives digne d’un empereur (20 000 en 2007)… pour Mugabe, un anniversaire réussi est avant tout un anniversaire grandiose.

Et cette année n’a pas échappé à la règle : somptueux festins, gâteau gargantuesque et tournoi de football nommé pour l’occasion le « Bob 88 Super Cup ». Bien entendu, tout cela aurait été impossible sans le soutien du « Mouvement du 21 février » qui organise l’évènement et attend patiemment toute l’année de célébrer l’anniversaire du dictateur.

L’influence de Kim Il-sung

Quel dommage qu’une majorité de la population, principalement rurale, qui ne peut compter que sur l’aide des Nations unies pour survivre, n’ait pas eu droit à sa part de gâteau. Il faut dire que sa façon de faire la fête, il la tient du dictateur nord-coréen Kim Il-sung. Il y a près de 25 ans, Mugabe s’est rendu en Corée du Nord où il a pu apprendre comment construire un culte autour de sa personnalité. Ainsi naquit le « Mouvement du 21 février ».

Mais ce n’est pas tout. Mugabe a été tellement impressionné par les portraits géants du dictateur nord-coréen, qu’il a décidé de ramener cette « coutume » dans son pays. Pour le plus grand bonheur des écoliers zimbabwéens, qui ont défilé dans le stade Harare avec des portraits de lui. Et Mugabe ne s’est pas arrêté là. Le dictateur est également rentré au Zimbabwe en chantonnant des prières « juches », le Juche étant l’idéologie imposée par Kim Il-sung en 1972. (plus de détails ici)

Mugabe ne séduit pas avec le Juche

Dès son retour, il a fait distribué des livres consacrés au Juche, remplis de citations dans ce genre : « L’homme est le maître de toute chose et décide de tous » ou encore « La révolution et la construction moulent l’idéologie du peuple dans le communisme avec une loyauté absolue envers le Parti et leur leader ».

Ce sont également les Nord-Coréens qui ont aidé à promouvoir l’image héroïque d’un homme se battant contre le colonialisme des Blancs. Ce sont eux qui ont construit le « Heroes Acre », un lieu de sépulture réservé aux Zimbabwéens morts sous les balles des colons. Dans le parc, on retrouve la statue d’un homme et d’une femme prêts pour la bataille. Mais certains Zimbabwéens remontés ont fait remarqué que les visages ressemblaient plus à des Coréens qu’à des Africains.  

Une amitié sanglante

L’amitié entre Mugabe et les leaders de la Corée du Nord comporte également des chapitres sanglants. Notamment l’entraînement que le régime asiatique a donné à la cinquième brigade de l’armée nationale dans les années 1980. A sa sortie du camp d’entraînement, la cinquième brigade a décidé d’éradiquer un petit, mais violent groupe de rebelles antigouvernementaux. Le massacre a fait 20 000 victimes civiles, membres de la minorité ethnique des Ndebele entre 1983 et 1984. Et la cicatrice peine à se refermer. 

GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press

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