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Londres et Buenos Aires bombent le torse

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[image:1,l] La tension entre l’Argentine et la Grande-Bretagne au sujet des îles Malouines, un archipel de l’Atlantique sud, n’a fait que monter à l’approche de la date du 30e anniversaire du conflit qui opposa les deux pays en 1982. Les Anglais insistent sur le fait que ces terres et leurs citoyens profitent du statut de territoire britannique autogouverné, mais l’Argentine n’a jamais cessé de revendiquer ces îles qui se trouvent à 482 kilomètres de ses côtes.

La découverte de pétrole ravive les tensions

Avec la récente découverte par une compagnie britannique d’une réserve de pétrole dans les eaux avoisinants les îles, la dispute a pris une toute autre dimension. De plus, le Royaume-Uni espère peut-être pouvoir revendiquer une partie des ressources naturelles de l’Antarctique grâce à l’archipel, aussi bien en matière de pêche que de pétrole. Résultat : un tango diplomatique soigneusement chorégraphié, incluant l’étalage de la force militaire anglaise, bien qu’elle ne fasse sûrement pas le poids dans un réel conflit armé.

Une préparation militaire

[image:2,s]Londres a confirmé l’envoi du très moderne HMS Dauntless, un imposant destroyer, vers les îles dans les mois à suivre afin de remplacer le vieillissant HMS Montrose. Le gouvernement britannique a confirmé qu’il allait également envoyer un sous-marin nucléaire sur place afin de patrouiller dans les eaux avoisinantes. De son côté, le prince William, petit-fils de la reine Elizabeth II, vient d’arriver aux Malouines pour une mission de six semaines en tant que pilote de la Royal Air Force. Mais dans le passé, lui et son frère Harry, les héritiers au trône, ont été rappelés des zones de combat, notamment en Afghanistan.

Bien décidé à ne pas rester sur la touche, Buenos Aires a poursuivi ses efforts diplomatiques visant à isoler Londres tout s’attaquant verbalement à la Grande-Bretagne, qualifiée d’archaïque et d’impérialiste.

Soutien de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques

Lors d’un sommet, le 6 février à Caracas, de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ABLA), l’alliance régionale de gauche anti-américaine, cinq pays des Caraïbes ont annoncé qu’ils refuseraient d’accueillir les bateaux affichant un drapeau des îles Malouines dans leurs ports. Cuba, Nicaragua et La Dominique, tout comme Antigua-et-Barbuda et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, pourtant membres du Commonwealth, ont rejoint le Chili, le Brésil et l’Uruguay qui ont pris la même décision en décembre dernier. La plupart des bateaux des Malouines accostent maintenant sous pavillon anglais, qu’aucun pays d’Amérique latine ou des Caraïbes n’a menacé d’interdire.

L’étalage de la force militaire

[image:3,s,r]Dans un communiqué officiel, le ministre des Affaires étrangères argentin Hector Timerman a vivement critiqué l’étalage de la force militaire britannique et a accusé Londres d’avoir bafoué une résolution de l’ONU statuant que les pays doivent décider de la souveraineté des îles Malouines par la négociation. « L’envoi de vaisseaux de guerre […] montre que le Royaume-Uni opère avec des paramètres colonialistes et agit comme s’il était au-dessus du droit international », a-t-il dit.

Mais l’Angleterre n’utilisera sa force militaire qu’en réponse à une attaque de l’Argentine, ce qu’avaient exclu les Argentins en 1982, quand Buenos Aires avait renoncé à utiliser la force pour gagner la souveraineté des îles Malouines, sous contrôle britannique depuis 1833.

Limites de l’engagement argentin

Le célèbre journal argentin Clarin a émis des doutes sur les engagements de la présidente Cristina Kirchner dans les Malouines. Un rapport fait état du délabrement d’un cimetière, sur les îles Malouines, consacré aux victimes militaires. Inauguré en octobre 2009, le cimetière abrite les dépouilles de 237 soldats argentins – 114 n’ont pas été identifiés – morts pendant la guerre qui opposa les deux puissance d’avril à juin 1982.

Les murs du monument sur lesquels sont inscrits les noms des 649 Argentins décédés sont sur le point de s’effondrer. Frappées par les vents forts et les pluies de l’Atlantique sud, certaines tombes ont perdu leur peinture et leurs inscriptions. Et pourtant, une loi passée l’année de l’inauguration avait placé le cimetière sous la responsabilité de l’Argentine. « La détérioration croissante de la structure montre un désintérêt pour les îles contraire au discours national », conclut Clarin.

Lointaines, mais âprement disputées

Lointaines, en proies à des vents violents et avec une économie locale réduite, les Malouines sont quand même parvenues à faire les gros titres en 1982 quand la dictature militaire argentine les a envahies dans le but faire oublier ses excès autoritaires et léchec de sa politique économique.

L’occupation avait fait sortir des milliers d’Argentins dans les rues. Mais leur joie ne tarda pas à flancher quand le Premier ministre britannique Margaret Thatcher décida d’envoyer une flotte de bâtiments de guerre vers l’archipel des Falklands (nom des Malouines en anglais), où la puissance de feu anglaise mit en échec les troupes argentines.

Les justifications de Londres

Londres justifie maintenant son refus de renoncer aux Malouines grâce au principe d’autodétermination de ses habitants, dont la plupart sont des descendants d’immigrants du Royaume-Uni.

Le Premier ministre David Cameron s’est récemment adressé au Parlement britannique : « Le point absolument vital est que le futur des îles Faklands concerne les habitants, et aussi longtemps qu’ils souhaitent rester membres du Royaume-Uni et être Anglais, ils en ont le droit. » 

GlobalPost/Adaptation rédaction JOL Press

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