Site icon La Revue Internationale

L’Uttar Pradesh, un test majeur pour New Delhi

3446394301_c0733e8ee4_z.jpg3446394301_c0733e8ee4_z.jpg

[image:1,l] Vu d’Occident, une élection en Uttar Pradesh sonne comme un vague scrutin local sans importance. Pourtant, avec 200 millions d’habitants, cet Etat du nord-est de l’Inde a un poids démographique semblable à celui du Brésil. Seuls la Chine, les Etats-Unis, l’Indonésie (et l’Inde en intégralité) sont plus peuplés que cette région parmi les plus pauvres du pays.

Berceau politique de la famille Nehru-Gandhi, l’Uttar Pradesh est actuellement en plein milieu d’une phase électorale qui dure plus d’un mois. Un scrutin dont les enjeux sont aussi nationaux, tant l’Etat est considéré comme le baromètre de la vie politique indienne. Selon le score réalisé ici par les partis nationaux, la coalisation au pouvoir au Congrès de New Delhi pourrait s’en trouver changée et le gouvernement être remanié.

L’Inde est une union fédérale divisé en Etats et en territoires dirigés par des « Chief Ministers ». L’actuelle ministre en chef de l’Uttar Pradesh est Mayawati Naina Kumari, appelée plus souvent par son prénom Mayawati. Au pouvoir depuis 2007, elle est la première femme de la caste des dalits (intouchables) à accéder à ce poste. Régulièrement accusée de corruption, la « reine des intouchables » s’est notamment illustrée en accordant un budget pharaonique à l’édification de statues représentant des symboles de son parti des intouchables ainsi qu’elle même.

Les élections en Inde sont presque toujours tournées autour des questions de castes et de religions. De nombreux Indiens ont tendance à voter pour le candidat qui leur ressemble le plus sans regarder les programmes.

Un changement de thématiques

[image:2,s, r] Pourtant, l’élection de 2012 en Uttar Pradesh pourrait amorcer un changement. La presse locale se réjouit de l’arrivée de nouvelles thématiques dans la campagne. The Indian Express remarque notamment un profond changement par rapport à 2007, où l’élection avait été marquée par un repli communautaire et rétrograde (rejet de la langue anglaise, dénonciation de l’informatisation…). En 2012, les grands partis ont axé leurs campagnes sur l’énergie et le système de santé. Si les questions liées aux castes et à aux religions n’ont pas disparu du paysage politique, elles semblent s’estomper peu à peu.

Ce changement s’explique par un renouvellement des générations. En 1992, un conflit intercommunautaire avait débouché sur la destruction de la mosquée d’Ayodhya par des nationalistes hindous, causant plus de 2 000 morts. Les électeurs les plus jeunes n’ont pas connu cet événement qui avait profondément influencé la vie politique de l’Uttar Pradesh. Libérés du poids du passé, les nouveaux votants sont moins sensibles aux thématiques religieuses.

L’influence de la jeunesse

Sunita Singh, 18 ans, vote pour la première fois : « Je vote pour que tout cela change. La politique m’intéresse, mais pas toutes ces vieilles histoires de castes et de religions. Je pense que dans quelques années, les politiciens auront fini de nous ressortir ces vieux discours. »

Dans l’Etat voisin du Bihar, l’élection de Nitish Kumar au poste de ministre en chef a permis de développer une croissance impressionnante malgré une grande pauvreté. Avec une campagne recentrée vers des débats de fond, l’Uttar Pradesh espère connaître le même sort. Soutenu par le Parti du Congrès Rahul Gandhi, le petit-fils d’Indira Gandhi – arrière petit-fils de Nehru et fils de Sonia Gandhi – espère incarner ce renouveau politique dans le plus grand des Etats de l’Inde. Une victoire dans l’Uttar Pradesh serait pour lui un atout immense, lui ouvrant la perspective de devenir un jour Premier ministre du pays. Mais pour lancer sa carrière en même temps que la croissance, il lui reste encore à convaincre 190 millions d’électeurs pour espérer remporter la mise le 6 mars, date de la fin du scrutin.

GlobalPost/Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press

Quitter la version mobile