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Pékin arrête des centaines de fidèles du Dalaï Lama

[image:1,l] Plusieurs centaines de Tibétains ont été arrêtés par les autorités chinoises à leur retour du Bihar, en Inde du Nord, où ils étaient allés suivre une séance d’enseignement dirigée par leur chef spirituel, le Dalaï Lama, selon un communiqué de Human Rights Watch publié jeudi 16 février.

Les Tibétains avaient été autorisés à traverser la frontière

C’est la première fois depuis les années 1970 qu’un aussi grand nombre de Tibétains laïcs sont arrêtés. Les 7 000 Tibétains qui participaient au cycle de formation du Dalaï Lama, du 31 décembre au 10 janvier 2012, avaient pourtant été autorisés à traverser la frontière et détenaient des passeports valides.

Pour l’ONG, des troubles grandissant à l’est du Tibet (royaume himalayen envahi par la Chine en 1950 et transformé en région autonome, NDLR) auraient fait craindre un effet de contagion vers la capitale, Lhassa.

The Global Times, quotidien chinois de Pékin, déclarait le 10 février que les autorités semblaient vouloir augmenter les restrictions et avait ordonné aux autorités de se préparer pour « une guerre contre les sabotages sécessionnistes » car « les sécessionnistes dirigés par le Dalaï Lama semblent plus déterminés à participer à des complots cette année ».

Sélection ethnique des prisonniers

Les Tibétains surpris à traverser les frontières sans documents légaux sont la plupart du temps emprisonnés pour une durée allant jusqu’à deux ans. L’emprisonnement de Tibétains n’ayant pas commis de crime est donc une première.

Human Right Watch met également en lumière la sélection des détenus faite par les autorités chinoises. Selon l’ONG, aucun des 700 Chinois ayant participé aux enseignements du Dalaï lama n’auraient été arrêtés, indiquant une sélection ethnique de la part des autorités.

Rééducation politique

Les Tibétains interpellés ont été placés en détention, certains depuis le 6 février, à Lhassa ou ailleurs, en fonction de leur enregistrement officiel devant les autorités. De nombreux Tibétains ont donc été emprisonnés dans des villes où ils n’avaient pas été depuis des années.

Ils devront désormais suivre une rééducation politique, une formation qui, jusqu’à maintenant n’était imposée qu’aux moines, aux religieuses et aux officiels tibétains. Pendant cette rééducation, les « élèves » sont formés au patriotisme et aux règles de l’idéologie communiste concernant la religion. Ils doivent également attaquer verbalement le Dalaï Lama et le « séparatisme ». A la fin de chaque formation, le participant doit également écrire une lettre dans laquelle il dénonce son chef spirituel.

Dans son communiqué, Human Rights Watch appelle à la libération immédiate des prisonniers par la voix de Sophie Richardson, directrice de l’ONG pour la Chine. « L’emprisonnement arbitraire et l’endoctrinement forcé sont des violations des lois chinoises et internationales. Les autorités dans la région doivent libérer ces individus, leur détention ne fait qu’augmenter les tensions dans la région tibétaine. »

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