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PSA et General Motors vers une alliance

[image:1,f]Le français PSA Peugeot Citroën négocie une alliance stratégique avec l’américain General Motors, a confirmé la direction du groupe de Sochaux mardi 21 février 2012.  

Début janvier, Philippe Varin, le président de PSA, s’est rendu au salon de l’automobile à Detroit, dans le Michigan, capitale de l’industrie automobile américaine et siège historique de GM, pour y rencontrer les patrons de la firme américaine. Les discussions seraient en cours. La famille Peugeot, qui détient 30% du capital du groupe, doit donner son accord à un éventuel partenariat. 

Une alliance stratégique

Le rapprochement devrait permettre aux deux groupes français et américain, respectivement n°1 et n°8 mondial, d’opérer d’intéressantes synergies. PSA pourrrait renforcer ses assises en Asie et au Brésil, et GM améliorer sa situation financière en Europe. 

Peu d’informations ont pour l’instant filtré sur la nature exacte de l’éventuel contrat de mariage. Il devrait prendre la forme d’un rapprochement financier, avec une mutualisation des dépenses en recherche et développement et pour les achats de matériel, et industriel, avec le partage de plusieurs chaînes d’assemblage, voire de modules communs à certains véhicules. L’idée étant de réaliser des économies d’échelle.

L’opération, devrait aussi prendre la forme d’un prise de participation de General Motors dans le capital de l’équipementier automobile français, pour une part comprise entre 5 et 7%. De quoi faire entrer un peu d’argent frais dans la trésorerie du groupe, dans le rouge depuis un an. L’entrée de GM dans le capital de PSA scellerait la solidité de leur partenariat, même si une fusion n’est pas à l’ordre du jour, le groupe Peugeot ayant toujours annoncé sa volonté de maintenir son indépendance.

Un accord avec General Motors serait de toute évidence un soulagement pour le groupe français, après le revers qu’a constitué l’échec de son alliance avec le japonais Mitsubishi en 2009, et le récent report de son projet d’implantation en Inde.

Peugeot trop petit, trop seul

En panne sur le plan financier (son secteur automobile a accusé un déficit de 92 millions d’euros en 2011), trop centré sur le vieux continent, isolé sur le plan mondial (malgré quelques coopérations ponctuelles avec Fiat, Ford ou Toyota) et incapable de trouver les investissements nécessaires à son redéploiement, PSA est à la recherche d’un second souffle. Le premier groupe automobile français doit acquérir une taille critique pour devenir un acteur global du marché.

[image:2,s]Car PSA ne parvient pas à gagner d’argent hors d’Europe. Le constructeur tricolore a trop tardé à se positionner sur le marché mondial, en particulier au sein des pays émergents (Russie, Chine, Inde, Brésil). Faute d’avoir conquis suffisamment de parts de marché (5,5% en Amérique latine, 3,4 % en Chine, 2,7% en Russie), il ne parvient pas à rentabiliser ses chaînes de fabrication. L’Europe, où il réalise 58% de ses ventes, est le seul marché rentable. Mais c’est un marché en crise, déjà saturé, hyperconcurrentiel, où sa part de ventes diminue peu à peu.  

Le lion mis en échec par le losange

Au moment où, en Amérique latine, PSA avoue des pertes, Renault peut se flatter de ses profits records, notamment au Brésil. La marque au losange y propose des véhicules moins chers et mieux adaptés (Logan, Sandero, Duster), alors que PSA peine à y écouler des voitures avant tout conçues pour le marché européen. Idem pour le marché russe, où Renault fait fabriquer ses produits à bas coût directement sur place, tandis que PSA se contente encore d’y faire assembler des pièces importées. Résultat : Renaut y occupe une part de marché deux fois supérieure à Peugeot.

La marque au lion fabrique des véhicules trop chers, peu adaptés aux routes et aux bourses des pays émergents. Pour contourner l’obstacle, PSA a prévu de lancer, à partir du printemps 2013, une petite berline à bas coût qui sera produite en Espagne, puis en Chine, en Amérique du Sud et en Inde. Salutaire, la réaction paraît néanmoins trop tardive.

General Motors, un géant 

[image:3,h]En Chine, Peugeot a réussi à faire des bénéfices : 145 millions d’euros en 2011. Un résultat à comparer avec celui de General Motors qui, en Asie-Afrique-Asie, affiche un bénéfice dix fois plus élevé : 1,45 milliards d’euros en 2011.

Sur le plan mondial, GM réalise un chiffre d’afffaires deux fois plus élevé que le français : 115 milliards d’euros contre 59,9 milliards pour PSA. En Bourse, GM dispose d’une capitalisation huit fois plus élevée.

N°1 en Chine, n°3 au Brésil, General Motors pourrait aider PSA à mieux s’implanter en Asie et Amérique du Sud. GM, de son côté, est très déficitaire dans ses résultats en Europe. Sa filiale allemande Opel est en grande difficulté.

Un rapprochement d’Opel et PSA en Europe permettrait certes de réaliser d’importantes économies, mais risque aussi de se traduire par de nombreux licenciements. En 2011, PSA a déjà supprimé 6000 postes en Europe, dont 5000 en France.

En attendant, les investisseurs ont réagi favorablement à la nouvelle. Le cours de PSA, qui avait perdu la moitié de sa valeur depuis un an, a nettement rebondi, gagnant plus de 12 % mercredi 22 février à la Bourse de Paris

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