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Sarkozy et Cameron renforcent leur partenariat militaire

[image:1,l] David Cameron, accompagné de Nick Clegg, son vice-Premier ministre, de ses ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Industrie, est attendu aujourd’hui à l’Elysée pour un sommet, une conférence de presse et un déjeuner consacrés à la coopération militaire et au nucléaire civil, deux domaines sur lesquelles les relations transmanche sont au beau fixe.

Approfondir la coopération en matière de défense…

« Le sommet sera consacré à l’approfondissement de la coopération franco-britannique en matière de défense, avec la concrétisation de plusieurs chantiers engagés dans le cadre des traités de Lancaster House de novembre 2010 », a annoncé jeudi soir la présidence française dans un communiqué.

Le président français et le Premier ministre britannique entendent ainsi relancer d’ambitieux accords de coopération militaire signés lors du premier sommet Sarkozy-Cameron. Une lettre d’intention portant sur l’étude en commun de drones, des aéronefs sans pilote, devrait être lancée. Il s’agirait de drones de surveillance de moyenne altitude et de longue endurance pouvant avoir une version armée, mais aussi de drones véritablement dotés des capacités d’un avion de combat. L’objectif serait d’aboutir en 2020.

… malgré leur concurrence sur les avions de chasse

Ces projets seraient pilotés par le groupe français Dassault Aviation et le britannique BAE systems, qu’une concurrence acharnée oppose aujourd’hui sur le marché des avions militaires.

La France a infligé au Royaume-Uni un camouflet en obtenant l’ouverture de négociations exclusives avec l’Inde pour la fourniture de 126 Rafale de Dassault Aviation à l’armée de l’air indienne, au détriment du Typhoon d’Eurofighter. Dans ce dossier, David Cameron ne s’est cependant pas avoué battu et a dit espérer convaincre l’Inde de revenir sur sa décision. Paris n’apprécierait pas.

La concurrence entre Eurofighter – composé des branches allemande et espagnole d’EADS, de BAE Systems et de l’Italien Finmeccanica – et Dassault a aussi pour cadre les Emirats arabes unis, dont la France espère un prochain signe positif pour l’achat du Rafale.

Partenariat renforcé pour l’énergie nucléaire civile

C’est, pour l’Elysée et Downing Street, le second axe fort de ce sommet. « Lors de notre dernier sommet, nous avons signé un partenariat de défense historique. Aujourd’hui, nous avons la même ambition pour l’énergie nucléaire », a déclaré David Cameron dans un communiqué diffusé avant son départ de Londres pour Paris. « Nous sommes deux grandes puissances nucléaires civiles, nous allons mettre en commun notre expertise pour renforcer notre partenariat industriel, améliorer la sûreté nucléaire et créer des emplois chez nous. Les accords signés aujourd’hui vont créer plus de 1 500 emplois au Royaume-Uni », a-t-il ajouté.

Le géant nucléaire français Areva, associé au groupe Electricité de France (EDF), est pionnier dans le développement des réacteurs de troisième génération (EPR), mais M. Cameron a affirmé que grâce à cet accord, les entreprises britanniques seraient largement impliquées. Le britannique Rolls-Royce récolterait quelque 480 millions d’euros en participant à la construction du premier EPR britannique à Hinkley Point, dans le Sud de l’Angleterre.

Le sommet portera aussi sur le renforcement de la sûreté nucléaire, cruciale dans un pays comme la France qui tire 75 % de son électricité de l’énergie nucléaire et doit rénover un parc vieillissant.

Syrie et Iran au programme

Cette rencontre sera aussi l’occasion d’évoquer la crise syrienne, et les blocages au Conseil de sécurité de l’ONU, dont les deux pays sont membres permanents, ainsi que les dernières tensions autour du dossier nucléaire iranien et la perspective d’une opération militaire israélienne contre Téhéran.

Les questions européennes ne seront pas laissées de côté à l’approche du prochain Conseil européen des 1er et 2 mars. Sur ces questions, tant la résolution de la crise de la dette que l’avenir de la construction européenne,  Nicolas Sarkozy et David Cameron semblent admettre désormais qu’ils ont chacun leurs intérêts et leurs contraintes.

Des relations tendues entre Paris et Londres

Les relations entre Paris et Londres sont actuellement tendues en dépit de leur coopération en Libye. Le Royaume-Uni est le seul pays de l’Union européenne, avec la République tchèque, à avoir refusé le nouveau pacte budgétaire proposé par la France et l’Allemagne le 9 décembre, ce qui a fâché les Français.

Outre-Manche, la conviction est que la France veut une Europe à deux vitesses dans laquelle les Britanniques seraient moins gênants.

Lorsqu’elle a perdu son AAA pour sa dette souveraine, la France a aussi, par la voix de plusieurs de ses plus hauts représentants, dont le gouverneur de la Banque de France, pointé publiquement les fragilités de l’économie britannique.

Enfin David Cameron est opposé à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières (TTF) si elle n’est pas mise en œuvre au niveau mondial, tandis que Nicolas Sarkozy entend, pour sa part, la mettre en place en France et, un peu plus tard, en Europe.

David Cameron n’est pas Angela Merkel 

Les relations étaient froides entre Nicolas Sarkozy et Gordon Brown, tranchant complètement avec la complicité et la camaraderie affichées avec Tony Blair, et on aurait pu imaginer que l’arrivée d’un conservateur à Downing Street inaugure une nouvelle lune de miel. Il n’en a rien été.

Il semble bien qu’entre David Cameron et Nicolas Sarkozy, le courant ne passe pas vraiment. Plus jeune et plus conventionnel, le Premier ministre britannique entretient une certaine méfiance vis-à-vis de ce qui, outre-Manche, est perçu comme de l’exubérance et de l’arrogance. Cela ne devrait pas, pour autant, nuire aux relations d’Etat à Etat.

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