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Un peu de nuigrav dans votre café ?

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Les trois scientifiques californiens qui viennent de publier, dans la revue Nature, un article consacré au lien entre consommation de sucre et progression des maladies non transmissibles ont inauguré un nouveau genre : enfoncer des portes ouvertes avec des bâtons de dynamite.

Constat portes ouvertes : l’augmentation spectaculaire du diabète, de l’obésité, des maladies cardiovasculaires et de certains cancers, dans un monde devenu trop sédentaire, est – notamment – imputable à une alimentation excessivement riche en sucre.

Postulat bâton de dynamite : la mise en place de mesures d’encadrement des ventes et de taxation des produits sucrés – comparables à celles visant à limiter la consommation d’alcool ou de tabac – permettra de contenir l’épidémie de maladies métaboliques.

Jusqu’à plus ample informé, le sucre est aussi indispensable à la vie…

Après tout, affirmer que le sucre serait aussi dangereux pour la santé que l’alcool ou le tabac pourrait constituer un levier de communication séduisant pour les amateurs de stratégies paradoxales… Mais alors très paradoxales car, jusqu’à plus ample informé, le sucre est aussi indispensable à la vie… ce qui est généralement moins vrai pour la cigarette et le whisky. Du coup, le paradoxe perd un peu de sa puissance communicante.

Les auteurs de l’étude, dont rien ne permet de douter de la compétence scientifique, sont en revanche d’authentiques malfaisants de la prévention. L’obsession répressive et normative qui anime classiquement ceux qui ne croient plus aux approches de promotion de la santé est troublante. En l’occurrence, elle est criante.

Il n’est pas certain que notre « civilisation » en sorte grandie

Si, à grands coups de taxes et d’interdictions, aucune politique dans le monde n’a jusqu’ici permis d’éradiquer l’alcoolisme, le tabagisme ou d’ailleurs n’importe quelle autre forme d’addiction, comment imaginer qu’elle s’avérerait efficace pour réduire la consommation d’une substance essentielle à notre alimentation ?

Il n’est pas certain que notre civilisation sortirait grandie de l’expérience si l’on décidait demain de remplacer la vente libre d’un kilo de sucre par celle, sous étroit contrôle économico-sanitaire, d’un kilo de « nuigrav ».

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