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Une sauterelle pour votre dîner ?

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[image:1,l] Un million de personnes dans le monde souffriraient de malnutrition. Pour Arnold van Huis, la solution à ce fléau est pourtant juste sous nos yeux. Nous devons manger des insectes.


Manger des insectes, c’est durable


Si vous n’arrivez pas à vous faire à l’idée d’inviter toute votre petite famille autour d’un repas festif à base de scorpion sauté, de pain de chenille et d’une petite salade de chou et de criquets, lisez attentivement cette théorie.


Arnold van Huis est l’un des principaux chercheurs et défenseurs de la consommation d’insectes. Professeur d’entomologie à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, il pense que les insectes sont l’avenir de la nutrition.


Tout comme ses collègues, il affirme que ce n’est pas une question de goût ni d’audace, mais simplement de temps avant que nous ne contemplions nos jardins comme de véritables banquets d’insectes. « Les gens adopteront cette méthode de nutrition lorsqu’il verront qu’elle est durable » pense-t-il.


Désormais, Arnold van Huis emploie son temps à convaincre l’Occident de rejoindre ceux qui voit déjà les insectes comme un élément à part entière de leur régime alimentaire.


Fini le bœuf, l’insecte est l’avenir de la nutrition


Pour arriver à ses fins, il a plusieurs arguments afin d’expliquer pourquoi certains humains ont déjà choisi le grignotage d’insectes. Les amis de l’environnement apprécient leur qualité nutritive, quand certains autres trouvent le concept économiquement intéressant.


La viande de bœuf, par exemple, devient beaucoup trop chère pour rester un aliment de base. Selon lui, « la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a déjà prédit que dans vingt ans, seuls les plus riches pourraient consommer de la viande de bœuf. »


« Si votre Big Mac coûte 100$ et votre Insecte Mac ne coûte que 4$, les gens vont rapidement choisir. »


L’Union européenne a annoncé en juin dernier qu’elle accorderait une subvention de 4 millions de dollars pour la recherche sur les insectes en tant que source de protéines. L’université de Wageningen est en compétition pour recevoir une partie de cette aide.


Une idée pour « bureaucrates gaspilleurs »


Tout le monde n’est pas dans le train de l’insecte. Un membre du Parlement européen issu du Parti de l’indépendance du Royaume-Uni, réputé pour être eurosceptique, s’est levé contre ce qui lui apparaît être un concept promu par des « bureaucrates gaspilleurs ». « Il est effrayant de constater le temps que perd la Commission européenne à rêver à des idées absurdes et à dépenser l’argent du contribuable. » déclare Paul Nuttell. « Les scorpions grillés et autres poêlées de criquets sont parfaits si vous êtes affamés et que vous n’avez pas le choix. Mais vraiment, la civilisation a dépassé l’âge de pierre. »


Des qualités nutritives remarquables


Un régime à base d’insectes est meilleur pour vous, explique Arnold van Huis. Les insectes contiennent entre 30% et 70% de protéines, ainsi que des quantités importantes d’acides gras, de vitamine B et de minéraux comme le fer et le zinc.


La FAO a calculé que les chenilles séchées ont une proportion plus élevée de protéines et de lipides que le bœuf et le poisson, ce qui leur donne une forte valeur énergétique. Ils sont également une grande source de vitamines et de minéraux.


Les partisans de la consommation d’insectes reconnaissent qu’afin de surmonter la résistance face à ce nouveau genre de nutrition, et pour finir par apprécier les vers en farine, il faut que les plats cuisinés soient excessivement délicieux.


Les restaurateurs du futur


Marian Peters fait partie d’un consortium de six producteurs d’insectes néerlandais qui travaillent sur le sujet. Elle passe de nombreuses heures dans le « Restaurant du futur », sur le campus de l’université de Wageningen, où le chef Johan Verbon et ses stagiaires concoctent diverses spécialités à base d’insectes. Selon lui, les servir dans une sauce pour pâtes est la meilleure manière de les consommer.


Elle croque des sauterelles lyophilisées, « d’abord vous devez enlever les ailes et les pattes », avant de prendre un bonbon au chocolat généreusement recouvert de vers de farine. « Les vers ajoutent un petit goût de noisette », explique Marian Peters. Elle ne doute pas que son équipe puisse concocter des plats qui vaincront la résistance des consommateurs, s’ils arrivent à passer le cap de la première bouchée.


Une tentative rapide pour attirer quelques passants à goûter une sauterelle lyophilisée reste sans effets…


Les mentalités changent


Pour Marian Peters, les attitudes sont en train de changer. Des représentants du consortium sont régulièrement envoyés dans des école, espérant ainsi faire échapper les enfants à la résistance mentale du « facteur beurk ».


Puisque le marché est petit, les coûts de production sont encore élevés, ce qui rend la protéine insecte encore trop chère pour ceux qui voudraient l’essayer. Actuellement, même la viande bœuf est moins chère.


Arnold van Huis pense qu’il faudra une dizaine ou une vingtaine d’années aux consommateurs pour changer de mentalité, mais il ne doute pas de  ce changement. Si les Européens n’auront sans doute pas de termites braisées à l’apéritif cette année, Arnold van Huis l’affirme, « Nous mettrons les insectes sur le calendrier de la nutrition. »


Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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