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Vers un «Plan Marshall» pour la Somalie ?

[image:1,l]Londres accueillera, jeudi 23 février, une conférence internationale dédiée à la Somalie. Les représentants et chefs d’État de nombreux pays sont attendus pour mettre en place des solutions concrètes afin de soutenir et enclencher un renouveau pour un pays en guerre civile depuis vingt ans.

Un plan Marshall pour la Somalie

Le Premier ministre somalien, Abdiweli Mohamed Ali, espère que cette conférence aboutira à la création d’un plan Marshall pour la Somalie en référence à l’aide que les Etats-Unis avait accordé à l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.

« Nous attendons la mise en place d’un fonds pour la Somalie, nous attendons un plan de reconstruction complet pour la Somalie, nous attendons un plan Marshall pour la Somalie à l’issue de cette conférence », expliquait le chef de l’Etat à l’AFP.

Des représentants de 53 pays et organisations sont attendus. Parmi eux, le gouvernement somalien, les représentants des pays limitrophes (Kenya, Ethiopie), les Etats-Unis, l’Union européenne. Les Nations unies seront représentées par le secrétaire général Ban Ki-moon.

Gouvernement faible, terrorisme puissant

La Somalie est sans gouvernement effectif depuis 1991. Le tableau est sombre. Piraterie, désert gouvernemental, famine, terrorisme. Actuellement l’Etat est tenu par le président Sharif Cheikh Ahmed, dont l’autorité est fortement mise en cause par la communauté internationale qui fait le constat de son échec au pouvoir et par le Premier ministre Abdiweli Mohamed Ali.

Le chaos politique qui perdure en Somalie est propice à l’invasion des terroristes islamistes. Malgré la présence des forces armées de l’Union africaine (Amisom), la moitié du pays est tombée aux mains des rebelles shebabs, proches d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et récemment reconnus par le successeur d’Oussama Ben Laden comme membres de l’organisation. En août dernier, Mogadiscio, la capitale, était libérée par les forces ougandaises et rwandaises. Mais elles sont insuffisantes pour combattre un des principaux fléaux du pays. Lors de son interview à l’AFP, Abdiweli Mohamed Ali déclarait : « il est impossible de négocier avec eux (les shebabs) car ils sont (devenus) al-Qaïda. »

La conférence de Londres devrait donc porter le nombre de soldats de l’Amisom sur le territoire somalien de 12 000 à 17 000 en mobilisant des forces kenyanes et djiboutiennes.

La Somalie sous tutelle ?

Pour mettre en place un « Plan Marshall », il faut d’abord s’assurer que les fonds injectés dans le pays seront utilisés à bon escient. La communauté internationale doute de la capacité du gouvernement transitoire à gérer ce plan. La question d’une tutelle du pays par l’ONU et l’Union africaine n’est pas exclue. Un document non officiel italien a été transmis aux diplomates concernés par la question afin de leur soumettre l’idée. Selon ce document, la tutelle du pays pourrait être mise en place le 20 août prochain, lors de l’échéance du mandat du gouvernement de transition. Le pouvoir pourrait être remis aux autorités du pays après la rédaction d’une nouvelle Constitution. Interrogé sur ce sujet par l’AFP, le Premier ministre s’est élevé contre cette proposition « Nous sommes au XXIe siècle, la Somalie est un pays souverain, avec un gouvernement reconnu par la communauté internationale, cela est ridicule. »

L’échec de la communauté internationale

Pour de nombreux observateurs, la Somalie représente un échec de la communauté internationale. Tim Hitchens, directeur pour l’Afrique du bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, déclarait lors de la présentation des objectifs du Royaume-Uni pour cette conférence que la Somalie « représente pour le reste du monde un défi dans la lutte contre le terrorisme ». Tout en ajoutant : « Au cours de ces vingt dernières années, cet Etat a peut-être été le plus grand échec au monde ».

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