Site icon La Revue Internationale

Anonymous menace le gouvernement américain

2339657320_ae328d3fe3.jpg2339657320_ae328d3fe3.jpg

[image:1,l]Piratages de grande envergure, manifestations dans de nombreuses capitales… Le groupe d’« hacktivistes » Anonymous semble être entré dans une nouvelle ère où les sittings virtuels font place à des actions concrètes visant à déstabiliser les gouvernements. La coopération avec le site Wikileaks n’a pas manqué d’inquiéter les autorités américaines, qui voient dans les hackers masqués une nouvelle menace à éradiquer.   

Une coopération remarquée avec Wikileaks

Après avoir détourné les courriels de l’agence privée de renseignement Stratfor et coopéré avec Wikileaks – déjà célèbre pour sa capacité à rendre public des dossiers et câbles américains classés confidentiels – qui s’est chargé de leur publication, Anonymous a gagné en notoriété aussi bien auprès du public que des autorités.

Lundi matin, une série de tweets (micromessages) publiés sur le compte @AnonymousIRC a révélé que le groupe était la source qui avait fourni les courriels à Wikileaks. Anonymous a accédé pour la première fois aux messages de Stratfor en décembre. « Nous vous avons promis ces emails et maintenant il vont enfin être publiés. Cinq millions d’emails pour votre plus grand plaisir », pouvait-on lire sur l’un des tweets.

Anonymous a longuement défendu Wikileaks, en témoignent les attaques des hackers masqués contre Visa, Mastercard et Paypal, après que ces sociétés eurent empêché les internautes d’utiliser leurs services pour faire une donation au site de partage de documents confidentiels. Mais c’est la première fois que les deux organisations coopèrent de façon aussi directe.  

Anonymous : le cauchemar des agences de renseignement

D’après les analystes, la collaboration d’Anonymous avec Wikileaks, en plus des récents piratages à l’encontre du FBI et la publication d’une vidéo déclarant la « guerre » aux gouvernement américain le lundi 27 février, a braqué les projecteurs des agences de sécurité américaines sur le groupe d’hacktivistes masqués, passé de petite contrariété à menace réelle.

Lors d’un piratage pendant la semaine d’offensive du groupe contre le FBI, sobrement intitulée « Fuck FBI Friday », Anonymous a pu écouter et enregistrer une conférence téléphonique  entre des agents du FBI et Scotland Yard échangée le 3 février. En plus d’une discussion portant sur le fromage et McDonalds, l’appel détaillait l’arrestation de deux adolescents britanniques arrêtés l’an dernier pour piratage informatique ainsi que l’investigation en cours sur le vol d’informations de cartes bancaires depuis une plateforme de jeux vidéo, Steam. Une fois posté sur YouTube, l’appel a été authentifié par le FBI.

Quand le gouvernement tremble face aux masques

La crainte des Anonymous au sein du gouvernement augmente autant que le niveau de sophistication des attaques du groupe. L’Agence de sécurité nationale (NSA) a prévenu que l’organisation pourrait avoir la capacité, d’ici un ou deux ans, de pirater des portions du réseau électrique américain. Le général Keith Alexander, directeur de la NSA, a alerté la MaisonBlanche sur la possibilité d’une attaque menée par Anonymous.

Le Sénat américain en a également pris connaissance et débat à l’heure actuelle sur des passages de la loi connue comme le Cyber Security Act. Un projet introduit par le Sénateur Joe Lieberman visant à protéger les infrastructures du pays – comme le réseau électrique – d’une cyberattaque.

Mais à travers le compte Twitter @YouAnonNews, Anonymous a rejeté la possibilité d’une attaque sur le réseau électrique américain et a accusé la NSA de semer la panique.

« Pourquoi les Anonymous s’attaqueraient-ils au réseau électrique ? La vie des gens et des services vitaux en dépendent. Essaie encore la NSA » dénonçait un tweet. « Ridicule ! Pourquoi les Anonymous éteindraient-ils le réseau électrique ? Ça n’a pas de sens ! Ils veulent juste vous faire peur », pouvait-on lire sur le blog d’AnonOps Communications.

« L’opération V » est déclarée

Le gouvernement américain et les services de renseignements ont de bonnes raisons de s’inquiéter du potentiel des attaques d’Anonymous. Des heures avant la publication par Wikileaks de dossiers confidentiels, lundi, le compte YouTube TheAnonMessage a posté une vidéo annonçant – avec une voix électronique et dramatique made in Hollywood – le début de l’« Opération V », une déclaration de « guerre » contre le gouvernement américain.

Etant donné qu’Anonymous est un collectif sans leader, il est impossible de vérifier si la vidéo a bien été postée par le groupe, mais le compte TheAnonMessage a déjà été associé au groupe dans le passé et c’est le même qui a été utilisé pour poster l’appel du FBI.

Citant Google, Wikipedia et Reddit dans la liste de ses alliés, Anonymous annonce dans la vidéo avoir décidé « de déclarer ouvertement la guerre au gouvernement des Etats-Unis ».  L’organisation ne précise pas pour autant comment elle compte mener sa guerre, mais note que de simples piratages et des actions dans le style du mouvement Occupy n’ont pas été efficaces jusqu’à maintenant.

Le groupe a ainsi appelé à des actions plus drastiques : « C’est un appel aux armes. Nous demandons aux citoyens américains de se tenir à nos côtés dans le renversement de ce corps corrompu et appelons à entrer dans une nouvelle ère. Notre allégeance revient au peuple américain, car ils sont le « nous« , et nous sommes le « ils« . L’Operation V est déclarée », annonce la voix robotique avant d’ajouter : « Notre temps pour la démocratie est venu ».

  

Un potentiel encore inconnu

Selon des analystes, les attaques d’Anonymous sur les sites gouvernementaux et autres organisations publiques ne sont rien en comparaison de la menace du groupe. « Ils n’ont fait que gratter la surface du secteur privé, où ils ont de nombreuses cibles potentielles », confiait Richard Stiennon, responsable de la recherche à IT-Harvest, une société d’analyse des risques spécialisée dans la technologie, et auteur du livre Survivre à une cyberguerre, publié en 2010.

« Les infractions se produisent lorsque les gens ne font pas le b.a.-ba de la sécurité, et vous ne pouvez pas légiférer pour ce type de risques », précisait Stiennon, ajoutant qu’Anonymous a accédé aux serveurs de Stratfor à l’aide d’un Trojan, un piratage relativement simple qui aurait pu être évité si l’utilisateur avait été plus vigilant.

Stratfor : une agence de renseignement peu efficace

Après la publication par Wikileaks des courriels de l’agence de renseignement privée, Stratfor a été qualifiée d’ « ombre de la CIA », engagée dans des relations obscures avec des informateurs peu recommandables à l’échelle mondiale. Pour Wikileaks, Stratfor est une société « qui fournit des services de renseignement confidentiels à des grandes sociétés telles que Bhopal’s Dow Chemical Co., Lockheed Martin, Northrop Grumman, Raytheon ainsi qu’aux organismes gouvernementaux, y compris le Département américain de la sécurité intérieure, la Marine et l’Agence de renseignement américaine. Les emails nous renseignent également sur le réseau et les informateurs de Stratfor, les structures, les techniques de blanchiment d’argent et les méthodes psychologiques utilisées. »

Certains analystes ont roulé des yeux à la lecture de cette annonce, critiquant les rapports de la société qu’ils considèrent être une recherche Google améliorée. « Quand je travaillais pour les services de renseignements, nous avions accès aux données de Stratfor et presque tout était inutile », raconte Joshua Foust, chroniqueur pour l’émission de PBS, « Need to Know ». « Les analystes chargés de générer l’information se trouvaient mauvais dans ce qu’ils faisaient », a-t-il ajouté.

Le début d’une nouvelle ère

Cependant, les analystes ont précisé qu’Anonymous a clairement démontré sa volonté d’attaquer un large éventail de groupes qui, selon les hacktivistes, sont responsables de la fermeture de passerelles permettant l’accès à la libre information et à la libre expression. Et maintenant, plus que jamais, les membres semblent avoir l’expertise technique et l’engagement politique pour le faire.

GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press 

Quitter la version mobile