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Après la visite de Benoît XVI: liberté pour Cuba!

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[image:1,l]Après un voyage de six jours au Mexique et à Cuba, Benoît XVI était attendu au Vatican jeudi 29 mars, dans la matinée, après un vol de nuit entre La Havane et Rome.

Benoît XVI ne s’est pas tu

Le Saint Père aura passé deux jours en compagnie des Cubains qui retrouvent désormais leur quotidien. Un quotidien qui résonne encore des mots qu’il a prononcé.

Quelques jours avant l’arrivée du pape au Mexique, première escale de son petit périple en Amérique centrale, de nombreux observateurs affirmaient que le pape ne s’engagerait que très délicatement, voire pas du tout, sur le terrain de la politique devant Raul Castro. Trop soucieux de prendre soin des relations que son prédécesseur, Jean-Paul II, avait ébauché avec Fidel Castro, Benoît XVI n’aurait pas souhaité jouer la carte de la témérité.

Ces observateurs peuvent désormais admettre qu’ils se sont trompés. Non seulement Benoît XVI a été « politique », mais il l’a même été dans des circonstances qui, traditionnellement, ne s’y prêtent pas.

La recherche de la vérité ne doit pas être contournée

Lors de la grande messe célébrée mercredi 28 mars, place de la Révolution, en plein cœur de la Havane, Benoît XVI a adressé un message tout particulier aux gouvernants de l’île communiste.

En pleine homélie, le pape s’est tout d’abord prononcé sur la question de la recherche de la vérité, chemin de vie pour les catholiques. Cette recherche exige un véritable exercice de la liberté.

« La vérité est une aspiration de l’être humain et la chercher suppose toujours un authentique exercice de la liberté. Nombreux sont ceux qui, en revanche, préfèrent les raccourcis et essaient d’esquiver cette tâche. »

« Il y a par ailleurs d’autres personnes qui interprètent mal cette recherche de la vérité, ce qui les conduit à l’irrationnel et au fanatisme, à s’enfermer dans « leur vérité », et à chercher à l’imposer aux autres. »

Tout en félicitant Cuba pour les nombreux efforts faits depuis quelques années en faveur d’une plus grande liberté, Benoît XVI a appelé les Castro à persister sur le chemin de la libéralisation et de l’ouverture.

« L’Église vit pour faire participer les autres à son unique bien qui n’est autre que le Christ, espérance de la gloire. Pour pouvoir accomplir cette tâche, elle doit compter sur la liberté essentielle, la liberté religieuse, qui consiste à pouvoir proclamer et célébrer la foi même publiquement, en apportant le message d’amour, de réconciliation et de paix que Jésus a transmis au monde. Il faut reconnaître avec joie qu’à Cuba des pas ont été faits pour que l’Eglise mène à bien sa mission incontournable d’exprimer sa foi publiquement et ouvertement. Cependant, il faut continuer et je désire encourager les instances gouvernementales de la Nation à renforcer ce qui a déjà été obtenu et à avancer sur ce chemin d’un service authentique du bien commun de toute la société cubaine. »

La liberté religieuse a participé à l’édification de la société

Dans cette même homélie, Benoît XVI a ensuite confirmé son appel à une affirmation de la liberté religieuse en ajoutant que la foi contribue à l’élaboration d’une société équilibrée.

« Le droit à la liberté religieuse, dans sa dimension individuelle et communautaire, manifeste l’unité de la personne humaine, à la fois citoyen et croyant. Il rend légitime aussi que les croyants offrent une contribution à l’édification de la société. »

« Cuba et le monde ont besoin de changements, mais ils ne se produiront que si chacun se trouve en mesure de s’interroger sur la vérité et se décide à prendre le chemin de l’amour, en semant la réconciliation et la fraternité. »

Rencontre attendue entre Benoît XVI et Fidel Castro

En fin de journée, Benoît XVI s’est entretenu durant une demie heure avec l’ancien leader cubain, père de la Révolution et frère de l’actuel dirigeant, Fidel Castro. Quatorze ans auparavant, c’est lui qui avait accueilli Jean-Paul II, au même endroit.

Selon le porte-parole de Benoît XVI, le père Federico Lombardi, la discussion s’est déroulée de manière sereine et cordiale. Fidel Castro aurait posé de nombreuses questions au Saint Père sur « ses pensées et ses intentions ». S’étant retiré du pouvoir, Fidel Castro consacre désormais son temps à la lecture et à la réflexion et aurait même demandé au pape de lui envoyer quelques livres afin de nourrir cette réflexion.

Une rencontre rapide, organisée au Palais présidentiel juste avant que le pape ne se rende à l’aéroport de La Havane et ne reparte à Rome.

Dénonciation de l’embargo américain sur Cuba

Avant de s’envoler, Benoît XVI a tenu à adresser un dernier message à Cuba et au monde, devant Raul Castro et plusieurs milliers de Cubains venus assister à son départ.

Il a notamment dénoncé l’embargo américain sur l’île en rappelant, une nouvelle fois, l’importance de la liberté comme droit fondamental de tout être humain.

« Il est possible d’édifier une société renouvelée et réconciliée, aux amples horizons. Que personne ne se voit empêché de participer à cette tâche passionnante, par une limitation de ses libertés fondamentales, ni ne se sente exempté de cette tâche par négligence, ou par privation de ressources matérielles : situation qui se voit aggravée quand des mesures économiques restrictives, imposées de l’extérieur du pays, pèsent négativement sur la population. »

« Le respect et la culture de la liberté qui battent dans le cœur de tout homme est imprescriptible pour répondre de manière adéquate aux exigences fondamentales de sa dignité. »

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