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Atteint d’un cancer, Chavez devient mystique

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[image:1,l] Hugo Chavez espère un retour aussi triomphal que l’avait été son départ pour La Havane. Lorsqu’il avait quitté Caracas, le 24 février, le président vénézuélien avait salué la foule depuis une voiture décapotable tout en promettant que Jésus lui avait affirmé en songe que son heure n’était pas venue.

Rechute du cancer de 2011

Dimanche 4 mars, le président vénézuélien, âgé de 57 ans, a livré une allocution sur la chaîne de télévision officielle VTV à La Havane, où il est actuellement hospitalisé. Hugo Chavez a reconnu souffrir d’une récidive de cancer, expliquant que « la tumeur a été extirpée » lors d’une opération chirurgicale dans la zone plevienne et qu’il devrait désormais suivre une radiothérapie. Il a néanmoins affirmé qu’aucune métastase n’avait été trouvée et qu’il serait rapidement sur pied. « Je vais vivre, je vais vaincre la maladie ! », a-t-il proclamé, tout en reconnaissant allumer des cierges aux saints et à la Vierge Marie.

Une déclaration optimiste qui contraste toutefois avec les courriels confidentiels publiés le 27 février par Wikileaks, émanant de la société de renseignement américaine Stratfor, selon lesquels les équipes de médecins russses et cubains qui l’auraient traité affirment qu’il n’aurait plus qu’un an à vivre, voire deux tout au plus. Des rumeurs qualifiées de « médisances morbides » par les autorités de Caracas.

Quoiqu’il en soit, vu son état de santé, le président vénézuélien, au pouvoir depuis 1999, aura sans doute du mal à se représenter pour un nouveau et troisième mandat de six ans lors des élections présidentielles du 7 octobre prochain. 

Crise de foi

En juin 2011, Chavez avait annoncé d’un air grave qu’il souffrait d’un cancer depuis sa réélection, avant de déclarer quelques mois plus tard être guéri de sa maladie. Mais cet automne, lorsque sa rechute devenait de plus en plus évidente, le discours du leader sud-américain est devenu plus mystique. Chavez s’est mis à citer la Bible et a déclaré être devenu de plus en plus chrétien, persuadé que le « socialisme est le chemin du Christ ».

« J’ai fait un rêve où Jésus me disait : Chavez, ce n’est pas le moment de mourir, c’est le moment de vivre ! » déclarait-il encore, moins de 24 heures avant de partir à l’aéroport dans une voiture au pare brise décoré d’une image de Jésus.

Ces dernières semaines, Chavez a évoqué son héritage politique à plusieurs reprises, ajoutant qu’il « n’était évidemment pas immortel » et qu’il ne pourrait « plus continuer au même rythme qu’avant ».

Un héritage difficile

Mais quoique Chavez puisse en dire, la « Révolution bolivarienne » risque d’avoir du mal à perdurer après sa disparition ou son retrait. Le gouvernement a été modelé à l’image de son leader, en rassemblant des individualités plus soudées par leur admiration pour Chavez que par la convergence de leurs idées politiques. Il en va de même pour les militants qui portent des T-shirts à l’effigie de Chavez plutôt que ceux floqués du symbole de son parti. Petit à petit, le chef de l’Etat est lui-même devenu un symbole.

Parmi les prétendants à la succession en cas de départ de Chavez, le président de l’Assemblée Nationale Diosdado Cabello pourrait être désigné comme héritier officiel. Le ministre des Affaires étrangères Nicola Maduro, serviteur fidèle et zélé de Chavez, serait également dans les starting-blocks. Le candidat du pouvoir aura à passer devant Henrique Capriles Radonski, candidat de l’opposition qui a d’ores et déjà annoncé qu’il briguerait un mandat présidentiel en octobre, que Chavez soit en face ou non.

Le chavisme survivra-t-il à Chavez ?

Une autre hypothèse serait une succession « à la cubaine » où Adan Chavez, grand frère d’Hugo prendrait la relève. Surnommé « le marxiste de la famille », Adan a toujours été aux côtés d’Hugo dans sa carrière politique.

Disparition du chavisme, dynastie familiale ou continuation bolivarienne : pour l’instant tous les scénarios sont possibles. Mais à Caracas, il est mal vu de se risquer trop ostensiblement au jeu des pronostics. Les précisions sur le cancer d’Hugo Chavez sont rares, et en l’absence d’informations sur le traitement suivi par celui-ci, même les spécialistes ne peuvent se prononcer sur la gravité de sa maladie. Tant que planera l’ombre de Chavez sur le palais de Miraflores, l’avenir politique du pays ne pourra s’écrire qu’au conditionnel.

GlobalPost/Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press

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