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Berlin accepte de booster le pare-feu européen

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[image:1,l] Les principaux dirigeants allemands ont longtemps été réticents à ce que le nouveau plan de sauvetage permanent de la zone euro dépasse les 500 milliards d’euros, comme il en avait été question lors des premières discussions. Pourtant, cette semaine, la chancelière Angela Merkel l’a affirmé:  Berlin ne s’opposera pas à  ce que l’on augmente le pare-feu en faisant, pour une période de transition, fonctionner parallèlement fonds permanent et temporaire. 

De la nécessité de deux fonds parallèles

Le nouveau fond permanent de sauvetage de la zone euro, le Mécanisme de stabilité européen (MSE), sera mis en place le 1er juillet 2012, alors le Fonds européen de stabilité financière est censé expirer en juin 2013.
Les deux fonds vont permettre  aux pays bien notés par les agences de notation d’emprunter de l’argent à moindre coût, et d’en prêter aux pays en difficulté qui ont vu leur propre côte dégradée. 
Alors que la plupart des dirigeants souhaiteraient que l’on booste le MSE pour rassurer les marchés, Angela Merkel refuse néanmoins toujours qu’il soit formellement augmenté.  
Sur la capacité totale du FESF, qui est de 440 milliards d’euros, 200 milliards ont déjà été débloqués pour aider la Grèce, le Portugal et l’Irlande.
Si cela devait être déduit du nouveau MSE, cela ne laisserait qu’une capacité de 300 milliards d’euros. Or, cela ne saurait suffire à restaurer la confiance dans la zone euro des investisseurs
« Il y a la crainte que quelque chose se passe et que les marchés se disent que le MSE n’est pas suffisant, »  estime Bert Van Roosebeke, analyste pour le Centre d’études européennes, basé à Fribourg. « Ils veulent rendre le pare-feu plus crédible ».

Réticences allemandes

Berlin s’est retrouvé très isolé au sein de la zone euro. Angela Merkel a aussi subi la pression des institutions internationales, comme le G20 et le Fonds monétaire international.
« Le FMI et les Américains ont bien fait comprendre qu’ils voulaient que les pays de la zone euro –et l’Allemagne en particulier- s’impliquent davantage, et soient prêts à supporter le coût de ces mesures, » ajoute Van Roosebeke. 
Berlin a fait une grosse concession en acceptant que les deux fonds fonctionnent simultanément. Mais la crainte demeure que cela ne suffise pas à mettre fin à la crise.
Mardi 27 mars, Angelo Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, a déclaré qu’il faudrait au moins 1000 milliards d’euros pour rassurer les marchés.
Selon lui, « Quand vous traitez avec eux, vous devez vous anticiper et garder à l’esprit le fait qu’ils ont de hautes attentes. Le pare-feu de tous les pare-feux devrait être en place, quelque chose d’assez fort, d’assez profond, d’assez grand. De gros, tout simplement. »

Une certaine crédibilité espagnole

Oui, mais certains pays européens ont toujours une dette gigantesque. En Espagne, les mesures d’austérité ne marchent pas. Le pays est maintenant en récession. Le taux de chômage – le plus élevé d’Europe– s’élève à 22 %. Et de moins en moins d’espagnols sont imposables. Dans ces conditions, difficile pour le gouvernement conservateur du premier ministre Mariano Rajoy de réduire le déficit.
Berlin incite Mariano Rajoy à davantage d’austérité. Du point de vue d’Angela Merkel, il n’y a pas d’autre choix, si l’on ne veut pas que la crise de la dette devienne un phénomène récurrent.
Cette position a valu à la chancellière allemande de nombreuses critiques : partout ailleurs, les efforts de réformes faits par Mariano Rajoy et par l’Italien Mario Monti ont été salués : « Ils ont une certaine crédibilité, ce qui n’était pas le cas de leurs prédécesseurs » explique Timo Klein, économiste à Francfort pour IHS Global Insight.
« C’est regrettable : dans cette discussion, quel que soit le chiffre dont on parle, ce n’est jamais suffisant,» a déclaré mercredi à Associated Press, Steffen Seibert, le porte-parole d’Angela Merkel.

Angela Merkel populaire, mais pour combien de temps?

En Allemagne, les sauvetages financiers sont impopulaires. Pourtant, la cote de popularité de Merkel reste haute. Les électeurs sont impressionnés par sa gestion de la crise. Ses opposants aussi. Mêmes les sociaux-démocrates se sont dits prêts à la suivre et à accepter que deux fonds fonctionnent en parallèle. 
Cela pourrait bien ne pas durer.
Le parlement allemand a eu beau approuver les fonds de sauvetage, il a plafonné la dette allemande à 211 milliards d’euros. Or, si les ministres des finances de la zone euro décident de mettre en place un pare-feu plus important, cette dette allemande risque d’augmenter de façon significative. 
 
Global Post / Adaptation Anaïs Leleux pour JOL Press
 
 
 

 

 

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