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Ces femmes qui dirigent le monde

[image:1,l]Il est un lieu commun assez répandu, et relancé avec la sortie du film La Dame de fer, qui veut que Margaret Thatcher ait ouvert la voie des femmes en politique. Si elle fut bien la première femme moderne à diriger un pays européen, d’autres femmes avant elle avaient accédé aux plus hautes fonctions de l’Etat dans d’autres régions du monde.

Actuellement, on compte à travers la planète 8 femmes présidentes et 10 femmes premiers ministres. Elles viennent grossir la liste des 53 femmes qui ont dirigé un pays depuis le début du XXe siècle.

Des « Dames de fer »

Parmi ces 53 femmes, nombreuses sont celles qui ont marqué leur époque. Margaret Thatcher est sans doute la plus emblématique, car elle a été la première femme à diriger le Parti conservateur britannique (1975-1990) et à devenir Premier ministre du Royaume-Uni (1979-1990). Emblématique surtout par la marque qu’elle a laissée dans les mémoires. Cette « Dame de fer », comme l’avait baptisée les Soviétiques, aux yeux de Caligula et à la bouche de Marilyn, comme disait François Mitterrand, a prouvé, par ses convictions et son intransigeance, qu’une femme a toute sa place à la tête d’un Etat.

Avant elle, c’est à Golda Meïr que le surnom de « Dame de fer » avait été attribué. Surnommée également « la grand-mère d’Israël » ou encore « meilleur homme du gouvernement », Golda Meïr, qui avait participé à la création de l’Etat hébreu, en fut ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre entre 1969 et 1974.

Avant elles, deux pionnières : Indira Gandhi, Premier ministre indienne de 1966 à 1977, puis de 1980 à 1984, et Sirimavo Bandaranaike, Première ministre du Sri Lanka de 1960 à 1965, de 1970 à 1977 puis de 1994 à 2000. Ces deux femmes ont été les premières de l’histoire à occuper le poste de Premier ministre. Indira Gandhi est aussi la première femme moderne à avoir été assassinée dans l’exercice du pouvoir.

Aujourd’hui, elles sont 18 à occuper les fonctions de chef d’Etat ou de gouvernement – si l’on ne compte pas, évidemment, les reines chef d’Etat, qu’elles soient des Pays-Bas, du Danemark ou du Royaume-Uni. 

Les 8 présidentes du monde

Le Brésil de Dilma Rousseff est en plein essor. Le plus grand pays d’Amérique du Sud est devenu la sixième économie mondiale le 27 décembre dernier, un an après l’arrivée au pouvoir de la dauphine de l’ancien président Lula. Cette femme de caractère a su faire oublier son statut d’héritière et s’imposer à la tête de son pays. Avec elle, le Brésil bouge et croit à toute vitesse. 

Si l’Amérique du Sud apparaît comme le terrain privilégié de l’exercice du pouvoir par des femmes. Un autre exemple à Buenos Aires, où Cristina Kirchner règne en maîtresse sur l’Argentine. Après avoir succédé à son mari, Nestor, en 2007, cette avocate a été réélue pour un second mandat présidentiel 24 octobre dernier. Une longévité qui a suscité l’admiration de Barack Obama et Nicolas Sarkozy, lors du G20 organisé à Cannes en novembre dernier. « Nicolas, nous allons devoir prendre des leçons ! », s’est exclamé le président américain en félicitant Madame Kirchner pour sa réélection. 

Laura Chinchilla Miranda, elle, tient les rênes du Costa Rica depuis 2010. Après avoir été ministre de la Justice et vice-présidente, elle a été élue à la présidence dès le premier tour du scrutin avec 47 % des voix. Elle est la première femme à occuper ce poste dans son pays.

De l’autre côté de l’Atlantique

Dalia Grybauskaité dirige la Lituanie depuis le 12 juillet 2009. Après avoir occupé plusieurs postes dans la fonction publique et la diplomatie, elle décide de se présenter aux élections présidentielles. Elue dès le premier tour avec 69 % des voix, elle devient la première femme à occuper ce poste en Lituanie.

En Suisse, le statut de président est purement représentatif et le mandat ne dure qu’un an. Néanmoins, une femme l’occupe actuellement, Eveline Widmer-Schlumpf. Le statut de président est également honorifique en Inde. C’est Pratibha Patil qui occupe ce poste depuis le 25 juillet 2007.

Le jeune Kosovo a confié son destin à une solide dirigeante, Atifete Jahjaga. Elue le 7 avril 2011, elle se bat encore pour sa pleine reconnaissance de son pays – notamment par le voisin serbe.

L’Afrique ne compte qu’une présidente en fonction, mais pas des moindres : le Liberia est dirigé par Ellen Johnson Sirleaf, Prix Nobel de la paix 2011 et réélue pour un second mandat le 8 novembre de la même année.

Dix Premiers ministres

En tête du classement, la chancelière Angela Merkel, LA femme la plus puissante du monde. A la tête de la CDU conservatrice, cette femme solide, qui a grandi dans l’ex-RDA, a conquis l’Allemagne en 2005 et la dirige depuis, elle aussi, d’une main de fer. Qualifiée parfois de « mère de l’Europe », pour son rôle et son attitude depuis le début de la crise de la zone euro, elle divise forcément, comme Margaret Thatcher en son temps : admirée et approuvée par certains, redoutée et detestée par d’autres pour avoir poussé l’Union européenne dans le train des réformes et de l’austérité. Son mandat doit se terminer en septembre 2013.

Helle Thorning-Schmidt, surnommée « Gucci » en raison de ses tenues sophistiquées, est Premier ministre du Danemark depuis le 2 octobre 2011. Présidente des sociaux-démocrates, elle ouvre ainsi une ère de coalition gauche-droite pour le pays qui était dirigé, depuis dix ans, sans alternance. Malgré sa popularité, Helle Thorning-Schmidt est une figure politique controversée, critiquée notamment pour son goût prononcé pour les tenues un peu trop chics – et les sacs de marque. Elle avait notamment été au cœur d’une polémique, au retour d’une visite d’Afghanistan durant laquelle elle portait un sac rouge griffé, considéré comme inapproprié dans le contexte.

Toujours en Europe, Jóhanna Sigurðardóttir cumule les rôles de « première » en Islande. Après une carrière de députée puis de ministre, elle est devenue Première ministre le 1er février 2009. Première femme à accéder à ce poste, elle a surtout fait parler d’elle en étant la première dirigeante à afficher son homosexualité : elle est même mariée à sa conjointe.

Plus que quelques jours, si elle n’est pas réélue, pour ajouter Iveta Radičová, Premier ministre slovaque, à la liste des gouvernantes du monde. Des élections auront lieu le 10 mars 2012. La crise aidant, son autorité est contestée depuis la perte d’un vote de confiance sur le plan de sauvetage de la Grèce.

Loin des clichés occidentaux

Les représentantes féminines de l’Asie se trouvent au Bangladesh et en Thaïlande. Sheikh Hasina Wajed et Yingluck Shinawatra sont toutes deux chefs du gouvernement, la première élue au suffrage universel direct depuis janvier 2009, la deuxième est en place depuis le 5 août 2011.

Julia Gillard dirige l’Australie depuis juin 2010. Plus que jamais, les Australiens sont des alliés importants des Etats-Unis en Asie du Sud-est. En novembre 2011, Barack Obama lui a rendu visiteafin de renforcer leur alliance militaire.

Pour finir, signalons aussi Portia Simpson-Miller en Jamaïque, Cissé Mariam Kaïdama Sidibé au Mali et Kamla Persad-Bissessar pour Trinité-et-Tobago. 

La plupart de ces femmes sont les premières dirigeantes de leur pays. Elles sont aussi les premières du XXIe siècle. Si Margaret Thatcher, Indira Ghandi ou Benazir Bhutto ont ouvert la voie aux femmes dans la politique moderne, il se pourrait que dans quelques années, quelques décennies peut-être, une femme au pouvoir soit une réalité courante, qui ne nécessite pas le surnom de « Dame de fer » lorsqu’elle fait simplement son travail. 

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