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Florence Cassez reste en prison

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[Image:1,l]On ne saurait dire la déception, voire l’amertume de ses parents, amis, avocats, de son comité de soutien, et surtout de la Française elle-même, seule derrière les barreaux de sa cellule, dans la prison pour femmes de Tepepan, dans la banlieue de Mexico. « C’est une profonde déception d’apprendre que Florence Cassez reste en prison, après l’espoir suscité ces dernières semaines par les déclarations d’un des juges qui pointait les errements de l’enquête », a déclaré Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste et maire de Lille, sa ville natale. « Plus qu’une déception, c’est une colère », s’est exclamé Franck Berton, l’avocat lillois de Florence Cassez, peu après l’annonce de la décision. 

Un jugement en demi-teinte

Le projet rendu public voici quinze jours par le juge Arturo Zaldivar, rapporteur de la Cour suprême, avait fait naître l’espoir d’une libération immédiate, absolue, qui aurait permis à Florence Cassez de quitter le Mexique aussitôt.  Mais il faut se rendre à l’évidence : aussi divisée que l’opinion mexicaine au sujet de cette affaire, la Cour suprême a préféré ne pas trancher sur le fond. Elle ne confirme pas la condamnation, en raison des irrégularités qui pèsent sur la procédure, mais refuse d’accorder à la jeune femme une libération, qui aurait été la reconnaissance implicite de son innocence.

A une voix de majorité…

Pour obtenir sa libération, il aurait fallu simplement que deux des quatres juges de la Cour suprême mexicaine rejoignent l’avis du juge-rapporteur Arturo Zaldivar, auteur de la proposition de libération immédiate et absolue de la Française, condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements. 

Réunis à huis-clos, mercredi à partir de 11h15 heure locale, les quatres autres juges de la première chambre de la Cour suprême ont pris la parole tour à tour pour exposer leurs points de vue et arguments sur la proposition. 

José Ramon Cossio a reconnu certaines violations des droits de Florence Cassez; mais s’est opposé à sa libération et déclaré « en faveur d’un nouveau procès ».  

Guillermo Ortiz Mayagoitia, conservateur, s’est opposé catégoriquement à sa libération,. Pour lui, les irrégularités constatées « ne remettent pas en question le fond de l’affaire »

Jorge Mario Pardo a estimé que la « révision se justifie » compte tenu des irrégularités constatées, mais il s’est opposé à la libération immédiate et prononcé pour un nouveau procès. 

Enfin Olga Sanchez Cordero a déclaré « partager l’avis du juge Arturo Zaldivar » en faveur d’une libération. 

Le vote qui a suivi a confiirmé l’absence de majorité : deux voix pour la libération, deux contre, une pour un nouveau procès.

Vers un nouveau procès

Faute de décision claire, un nouveau rapporteur va être nommé et le dossier sera renvoyé à une audience ultérieure devant la Cour. Une audience qui ne devrait pas intervenir, selon une source judiciaire, avant un an. La procédure pourrait alors être renvoyée devant la justice ordinaire pour un nouveau procès. En attendant, Florence Cassez restera en prison. 

Une affaire politisée

Agée de 37 ans, la Béthunoise a toujours clamé son innocence. Si, au vu de l’enquête, de multiples éléments plaident en sa faveur, le contexte politique, en revanche, lui est franchement défavorable. L’opinion mexicaine, traumatisée par les enlèvements qui constituent un véritable fléau, soutient la guerre lancée par le gouvernement contre la criminalité. Même si cette lutte se traduit par de multiples dérapages policiers et judiciaires, dont Florence Cassez est l’une des victimes parmi des milliers d’autres.

A trois mois et demi du premier tour de l‘élection présidentielle, libérer Florence Cassez, présentée comme une « diabolique preneuse d’otages », aurait sonné comme un désaveu vis-à-vis des autorités qui l’ont maintenue en détention depuis plus de six ans, alors que le président Felipe Calderon s’est personnellement prononcé contre sa libération.

> En vidéo : retour sur les six ans de calvaire de la Française

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