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La Chine met fin à «Interviews avant exécution»

[image:1,l] Heureux faire-part de deuil pour une sinistre émission de téléréalité en Chine. « Interviews avant exécution », qui attisait les passions des Chinois, a pris fin le 9 mars.

Le dernier mot du condamné

Tous les samedis soirs, pas moins de 40 millions de spectateurs de la province du Henan, au centre du pays, se réunissaient devant leur télévision pour assister aux dernières paroles d’un condamné à mort, quelques jours, voire quelques minutes, avant son exécution. Animée par la présentatrice vedette, Ding Yu, ce spectacle sordide aura eu cinq ans et demi d’existence, depuis sa création, le 18 novembre 2006.

Chaque semaine, un condamné était invité à répondre à d’innocentes questions concernant ses goûts musicaux, cinématographique, culinaires, avant d’être interrogés sur les circonstances et les détails croustillants du crime dont il avait été reconnu coupable. Finalement, au terme de ses confessions intimes, il pouvait ensuite délivrer un dernier message à ses proches.

Au total, plus de 200 prisonniers du couloir de la mort auront confié leurs dernières paroles à Ding Yu. La présentatrice, pour qui l’émission avait avant tout un objectif éducatif et social – convaincre les assassins en puissance de ne pas sombrer dans le crime –, s’est fait également connaître pour son absence totale de compassion et de pitié.

En pleine interview, Ding Yu n’a notamment pas hésité à déclarer à un assassin qu’il était « de la merde » à ses yeux.

Un reportage de la BBC contraint les autorités à supprimer le programme

Dans un documentaire réalisé par la BBC, elle n’hésite pas non plus à dire : « Quand je suis face à eux, je suis désolée et je regrette pour eux. Mais je n’éprouve pas de sympathie. Ils doivent payer le prix fort pour ce qu’ils ont fait. Ils le méritent. »

C’est d’ailleurs ce dernier reportage qui a sonné le glas de l’émission star de la télévision chinoise. Diffusé lundi 12 mars sur la BBC, un documentaire sur les dessous de l’émission aurait convaincu les autorités chinoises de mettre un terme à ce talk-show douteux.

55 crimes sont passibles de la peine de mort en Chine. Néanmoins, l’émission a eu le bon goût de ne se concentrer que sur les crimes impliquant un meurtre.

L’émission aura connu son âge d’or avec trois épisodes consacrés à l’histoire de Bao Rongting, un homme condamné pour avoir tué sa mère avant de violer son cadavre.

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