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La faillite de la Grèce n’aura pas lieu…

[image:1,l]La Grèce est parvenue à éviter une faillite incontrôlée en recueillant, vendredi 9 mars, l’assentiment d’une majorité de ses créanciers privés pour la restructuration de son énorme dette souveraine. L’offre d’échange de dette lancée le 24 février a recueilli près de 84% d’acceptation de l’ensemble des créanciers privés, dont 85,8% des seuls détenteurs d’obligations de droit grec, dans le cadre de la restructuration d’une dette souveraine grecque de plus de 350 milliards d’euros, selon les chiffres du gouvernement. « Les détenteurs d’approximativement 172 milliards d’euros d’obligations de droit grec » ont accepté la proposition faite par la république héllène d’échanger leurs titres de dette contre d’autres titres à la valeur faciale inférieure de plus de moitié, indique le communiqué. Sur la partie des titres de droit étranger, la participation n’atteint que 69%.

172 milliards d’euros de titres présentés à l’échange

Dans un communiqué publié à l’issue de la clôture de l’offre jeudi soir, le ministère des Finances explique qu’un total de 172 milliards d’euros de titres a été présenté à l’échange, ce qui obligera les créanciers à assumer des pertes pouvant atteindre 74% de leurs avoirs obligataires. Le ministère ajoute que la Grèce a informé ses partenaires internationaux qu’elle avait l’intention de mettre en oeuvre les clauses d’action collective (CAC) à l’adresse de tout détenteur d’obligations grecques relevant du droit grec, représentant un encours de 177 milliards d’euros, n’ayant pas accepté l’échange. Le délai d’acceptation de l’offre d’échange pour les obligations gouvernées par le droit international et pour les obligations garanties par l’Etat émises par des sociétés publiques est prolongé au 23 mars.

L’objectif de 90% pas encore atteint

Le taux d’adhésion global est supérieur au seuil minimum défini par la Grèce pour procéder à l’échange, soit 75%, et le pays évite ainsi un défaut incontrôlé. 

Ce taux est toutefois insuffisant par rapport à l’objectif de 90% que s’était fixé le gouvernement, ce qui explique qu’il ait recommandé vendredi l’activation des clauses d’action collective (CAC) attachées aux obligations qui doivent être échangées. Celles-ci imposent aux porteurs rétifs les termes de l’échange acceptés par une large majorité d’entre eux et devrait porter au final le taux d’acceptation à 95,7%, a indiqué le communiqué du ministère des Finances. La décision d’activation des CAC devrait être examinée en commun par Athènes avec ses partenaires de la zone euro lors d’une téléconférence prévue vendredi en début d’après-midi. Le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos doit auparavant tenir une conférence de presse. 

Le principal inconvénient d’un recours aux clauses CAC serait le déclenchement vraisemblable des CDS (credit default swaps), les contrats de couverture contre le risque de défaut, dont le montant net atteignait 3,2 milliards de dollars fin février.

La plus grosse restructuration de dette de l’histoire

Le patron de l’Institut de la Finance Internationale (IIF), Charles Dallara, qui représente les principales banques de la planète, s’est félicité du fort taux d’adhésion des créanciers privés à l’opération qui, a-t-il rappelé, constitue « la plus importante restructuration de dette jamais entreprise ». Elle va « permettre d’appuyer les efforts de réforme de la Grèce » et « d’éviter les risques de contagion des marchés ».

L’échange concret des titres doit avoir lieu lundi 12 mars pour les obligations de droit grec, mais un délai jusqu’au 23 mars a été accordé aux détenteurs de titres de droit international pour présenter leur réponse à la proposition. Ce délai signifie que la taux de participation finale pourrait encore augmenter. Il n’autorise pas ceux qui ont déjà adhéré à l’offre à revenir sur leur décision.

Le risque de crise grave en zone est écartée ?

A travers l’Europe, et la zone euro en particulier, on s’est félicité du succès de cette opération avec un évident soulagement. A travers l’Europe, et aux Etats-Unis où Christine Lagarde était l’invitée du Charlie Rose Show sur PBS : « Je pense que le risque réel de crise, de crise grave, est pour le moment écarté », a déclaré la directrice du FMI. « Je dis pour le moment parce que les Européens ont encore plusieurs choses à faire. Ils n’ont toujours pas érigé ce pare-feu que beaucoup leur demandent ». Christine Lagarde s’est cependant déclarée confiante quant aux chances de voir l’Europe s’accorder sur la dimension de son bouclier contre la crise de la dette, condition préalable pour que le reste du monde renforce les ressources du FMI. « Je ne suis pas pessimiste », a-t-elle ajouté. « Le printemps est dans l’air ». Si Christine Lagarde le dit…

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