Site icon La Revue Internationale

Le Jubilé de la reine, plus essentiel que les Jeux Olympiques

eiijubileewestminster.jpgeiijubileewestminster.jpg

[image:1,l]

Le premier week-end de juin, la BBC et le palais de Buckingham organiseront un grand concert public en plein air. C’est un des nombreux événements prévus  pour marquer le Jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, ses 60 ans de règne. Cet anniversaire s’annonce comme la plus grande célébration royale depuis le couronnement en 1953.

Pompe et circonstance

Ce concert, dont l’organisation a été confié à Gary Barlow du groupe Take That, aura lieu le lendemain de la parade sur la Tamise, lors de laquelle la souveraine à la tête d’une flottille d’un millier d’embarcations remontera le fleuve de l’ouest à l’est de Londres. Et puis, il y aura l’incontournable temps fort, le trajet en carrosse doré jusqu’à la cathédrale St Paul pour la messe d’action de grâce, puis les apparitions en famille au balcon du palais et le défilé aérien.

Nous avons déjà connu pareil événement. C’était il y a tout juste dix ans.  Le Jubilé d’or a, pour la première fois, associé show-business et monarchie pour une Party at the Palace – Partie au Palais – avec toutes les vieilles gloires de la pop british et en final un solo de Brian May, le guitariste du bien nommé groupe Queen. En 2012 il semble que ce soit davantage les jeunes qui soient à l’honneur avec Jesse J et JLS. A considérer la maquette de la scène présentée au public, le show devrait être bien plus spectaculaire qu’en 2002.

Un consensus que les républicains peinent à entamer

Mais le plus intéressant dans la préparation du Jubilé de cette année n’aura pas tant été la forme que prendront les célébrations mais plutôt le faite qu’il n’y aura, pour ainsi dire, pas eu d’opposition à leur organisation. Bien sûr, les républicains saisiront la moindre opportunité pour en tirer profit – mais il risque, ce faisant, de se tirer une balle dans le pied. Un opposant à la monarchie, invité dans l’émission PM sur BBC Radio 4 récemment, a tenté de défendre l’idée selon laquelle le fait de demander aux écoliers d’imaginer un plat spécial pour commémorer l’événement serait illégal, puisque la politique devait rester aux portes de l’école et que la monarchie était une question politique. Dix sur dix pour avoir essayé, j’imagine – même si quelqu’un aurait pu prévenir cet individu qu’apparaitre comme un « gâcheur de fête » n’allait pas faire gagner de nombreux supporters à la cause républicaine.

Il y a 10 ans, les médias prédisaient un échec du Jubilé d’or

Il convient de se souvenir que l’essentiel des médias prédisaient un échec retentissant au Jubilé d’or, la preuve que les Britanniques ne voulaient plus de la monarchie et que l’attachement à leur souveraine n’était plus que de l’histoire ancienne. Compte tenu de l’horrible décennie dont sortait alors Elizabeth II et cinq ans seulement après la mort de Diana, princesse de Galles, une telle prédiction pouvait effectivement paraitre justifiée. L’intérêt était effectivement fait jusqu’au mois précédent les festivités, quand subitement tout le pays semble s’être réveillé. Un même phénomène avait été observé en 1977 pour le Jubilé d’argent : des mois d’apathie ponctués par un semblant de rébellion punk avaient alors laissé la place à des milliers de parties de rue, la mise en place de décorations dans tout le pays et un rassemblement d’un million de personnes sur le Mall, l’artère conduisant au palais.

Le sentiment partagé de vivre un moment historique

Cette fois, les choses sont différentes. L’opinion publique est bien mieux consciente de l’occurrence de cet événement, et est perceptible le sentiment qu’il s’agit réellement d’un événement historique qui doit être célébré.  Cela n’apparait hors de propos, hors du temps, ou superflu aux yeux des britanniques. Toutes sortes de manifestations locales sont en cours de préparation. Le mariage de William et Kate, l’an dernier, a fait office en quelque sorte de répétition générale, en rappelant à tous que se retrouver dans les rues, dans les pubs ou dans tout autre espace public ou privé en de telles occasions n’était pas juste un instant de plaisir mais aussi une occasion, désormais rare, pour tout le pays de se retrouver et de manifester son unité.

Une mobilisation spontanée à l’opposé de celle orchestrée pour les Jeux Olympiques

L’intérêt porté au Jubilé n’a pas été généré artificiellement. Ceux qui ne voudront pas le célébrer seront libres. Ils ne pourront – ni ne devront – y être forcés. Mais il est probable que la très grande majorité se joindra aux festivités. Les Jeux Olympiques de Londres, à l’inverse, ont bénéficié d’une fantastique et coûteuse campagne de publicité, qui – surtout pour les Londoniens – n’a pas connu la moindre pause depuis plusieurs années. La classe politique est d’une manière générale bien plus heureuse avec un événement du type d’un rendez-vous olympique. Les jeux sont symbole de modernité, de dynamisme, de jeunesse, d’internationalisme – autant de clichés qu’aiment tant nos hommes politiques. Pour eux, les Jeux sont une occasion populaire sans être, pour autant, trop l’expression d’une forme de patriotisme. Ils adorent en particulier les démonstrations d’unité que constituent les cérémonies d’ouverture et de clôture.

2012 restera comme l’année du Jubilé de diamant

Mais, en réalité, le véritable temps fort de cette année sera bien le Jubilé de diamant. Le motif de cette célébration est authentiquement, naturellement britannique. Sa réussite sera portée par chacun des habitants de cette île – et lui reviendra. En plus, le coût pour le contribuable ne sera qu’une fraction de celui des Jeux Olympiques. Je fais le pari que l’on se souviendra du Jubilé de l’été 2012 bien après que les Jeux Olympiques aient fermé boutique et pris la direction de leurs prochaines escales.  

Cette tribune a été publiée dans un blog du Daily Mail. Adaptation par Franck Guillory pour JOL Press avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Quitter la version mobile