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Le spectre de la partition plane sur la Libye

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[image:1,l] Un petit tour et puis s’en vont… Maintenant que Kadhafi est tombé, les yeux du monde  se sont tournés vers la Syrie, laissant la Libye seule face à son destin. Un territoire partagé entre les milices, menacée de balkanisation, en raison de l’instabilité et de la violence qui continuent d’y régner.  

Cinq mois après la mort du colonel, la belle unité révolutionnaire a laissé place aux conflits d’intérêts et aux revendications politiques. Dernier rebondissement en date : la création d’un Congrès du Peuple de la Cyrénaïque. La région où tout a commencé a désormais proclamé son autonomie.

La colère de la Cyrénaïque

Pour comprendre cette revendication, il faut revenir sur quelques décennies d’histoire libyenne : région pétrolifère située à l’Est du pays, la Cyrénaïque est dominée par des tribus écartées du pouvoir sous Kadhafi. L’impression d’injustice ressentie par la région vis-à-vis du pouvoir de Tripoli s’est muée en volonté d’émancipation dès que le CNT (Conseil national de transition) a commencé à lâcher les rênes. Les décennies de relégation au second rang ont profondément frustré les Libyens de Cyrénaïque : pour eux qui ont porté la Révolution à bout de bras, il n’est pas question de redevenir « le stock de pétrole de Tripoli ».

Garant autoproclamé de l’« âme » de la révolution Libyenne, le CNT se retrouve dos au mur. Toute intervention militaire serait aussi risquée que mal vue, surtout à Benghazi, ancien foyer de la contestation anti-Kadhafi. Reste alors le dialogue et les nécessaires concessions. Car pour les autorités de Tripoli, pas question de transformer le pays en Etat fédéral.

Des milices ingérables

Autres régions, autres soucis : dans le Sud et en Tripolitaine, ce sont les tribus qui menacent le pouvoir central. Profitant du chaos post-Kadhafi, de petits groupes locaux ont conservé leurs armes pour « veiller » sur les routes, aéroports  et autres  édifices stratégiques. Concrètement, les anciens rebelles profitent de leur statut pour instaurer un droit de passage qui s’apparente de plus en plus à un racket organisé.

La transition politique trop lente sert d’alibi aux milices locales pour organiseur leurs propres règles au sein de leurs zones d’influences. L’écroulement du régime de Kadhafi a grandement limité le contrôle aux frontières, ouvrant ainsi la porte à de nombreux trafics, notamment celui des armes, dont la Libye est devenue une nouvelle plaque tournante.

Armées, indépendantes et revendiquant une légitimité révolutionnaire, les milices sont aussi variées qu’encombrantes. Si certaines s’intègrent peu à peu à l’armée régulière, d’autres vont jusqu’à afficher des sympathies pour feu Mouammar Kadhafi. Ayant eu vent de la grogne dans les tribus du centre de la Libye, Aïcha et Saadi Kadhafi, héritiers du colonel, ont tenté récemment de lancer une révolte populaire en appelant à « une nouvelle rébellion ».

Face à ce chaos grandissant, le CNT n’a d’autre choix que celui d’accélérer le processus démocratique : prévues en juin, les élections sont sans doute le seul moyen de créer un gouvernement disposant de la légitimité nécessaire pour éviter une « balkanisation » du pays.

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