Site icon La Revue Internationale

Les vestiges d’Oussama Ben Laden dérangent

[image:1,l]Comme dans tous les marchés touristiques, les objets et souvenirs s’arrachent. Ici, à Abbottabad, la ville où a vécu l’ex terroriste le plus recherché au monde, Oussama Ben Laden, les Pakistanais cherchent coûte que coûte des reliques de l’ancien chef d’Al-Qaida.

Une mauvaise publicité pour le Pakistan

La démolition de la bâtisse blanche, haute de trois étages, n’aura pris que deux jours. Alors qu’aucune annonce n’avait été faite, les bulldozers ont débarqué samedi 25 février et en sont repartis le lundi 27 au matin.

La villa, presque détruite par le raid des Navy Seals le 2 mai 2011, était devenue une attraction dérangeante pour le pays. 500 policiers et soldats avaient été déployés pour empêcher les intrusions sur le site lors de la démolition.

Les forces de sécurité pakistanaises n’avaient jamais autorisé des journalistes à pénétrer dans l’enceinte de la villa et certains d’entre eux, accompagné de l’ambassadeur danois et de sa femme, avaient même été arrêtés brièvement pour avoir tenté de contourner la règle.

La capture de Ben Laden à Bilal Town, à quelques centaines de mètres de la plus importante académie militaire du pays, avait entraîné des tensions non seulement entre le Pakistan et les États-Unis mais aussi au sein même de la société pakistanaise. En détruisant son ancienne demeure, les spécialistes pensent que le gouvernement voulait seulement mettre un terme à cette affaire.

Des vestiges qui valent de l’or

Umair Ali vit non loin de là où habitait Ben Laden et fait parti des nombreux Pakistanais qui se sont précipités dans la planque où est mort l’ancien chef d’Al-Qaïda, avant qu’elle ne soit détruite.

Depuis le raid des Navy Seals américains, beaucoup de Pakistanais ratissaient les lieux à la recherche d’objets ayant appartenu à Ben Laden ou à ses proches, et laissés par les agences de renseignement, pour les revendre. Ali s’estime quant à lui chanceux d’avoir pu récupérer un vélo cassé, sur lequel il mise beaucoup : « C’est un vélo cassé pour le moment mais vous verrez, plus tard, il sera considéré comme quelque chose d’impressionnant.  Les étrangers ou les Pakistanais seront heureux de montrer ce vélo chez eux ».

D’autres souvenirs comme des chaises, des tables, des armoires, des lits et des fenêtres, ont été vendus par les démolisseurs, comme souvenirs ou investissements potentiels.  

L’un des entrepreneurs a déclaré qu’il n’allait pas revendre directement les objets qu’il avait trouvés, espérant ainsi qu’ils prendront de la valeur. Il pense que, dans le futur, l’image négative de Ben Laden se dissipera et qu’il pourra facilement exposer les objets dans une galerie et les vendre à un prix fort.

« Même maintenant, j’ai beaucoup d’acheteurs potentiels mais ils ne proposent pas beaucoup comparé à ce que je m’imagine gagner dans le futur ».

Une démolition pour éviter un pèlerinage islamiste

Outre l’argent, d’autres Pakistanais étaient venus pour récupérer des objets ayant appartenu au chef terroriste pour leur collection personnelle. Hamza Nasir est l’un d’entre eux. Diplômé, il travaille pour une entreprise local, et a confié qu’il voulait acheter une chaise à 100 dollars à l’un des démolisseurs parce qu’il dit admirer Oussama Ben Laden : « Ça pourrait être la chaise, ou l’une des chaises sur laquelle Oussama Ben Laden s’est assis » a-t-il déclaré avec fierté.

Hamza a déclaré qu’il pensait que le gouvernement pakistanais avait démoli la maison pour les mêmes raisons que les États-Unis ont immergé son corps dans la mer après le raid, s’assurer qu’il n’y aurait pas de lieu où les adorateurs de Ben Laden pourrait se recueillir. Il n’avait pas tort. Les autorités pakistanaises craignaient un pèlerinage islamiste jusqu’à la villa alors que l’anniversaire de la mort d’Oussama Ben Laden approche.

À la place, un parc devrait être construit. Des mesures qui ne suffiront peut-être pas à faire disparaître la mémoire de Ben Laden et son idéologie : « Oussama Ben Laden n’était pas juste un nom. Il était la réaction au colonialisme moderne initié par les États-Unis et ses alliés. Lorsque je regarde cette chaise, elle me rappelle à tout moment le combat de cet homme, qui n’a été un terroriste qu’aux yeux des États-Unis et de l’Occident, mais jamais aux miens. Un symbole de la résistance contre le colonialisme moderne », a déclaré Hamza, qui montre bien que Ben Laden ne sera pas oublié de sitôt.

Adaptation GlobalPost / Sabrina Alili pour JOL Press

Quitter la version mobile