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L’hôtel Oloffson, mythique rescapé du séisme

[image:1,l]Le balcon grince encore sous nos pieds, témoignant de l’âge et de l’histoire qui se dégagent de ce lieu mythique, pour ne pas dire magique, dont les années n’ont fait que rajouter du cachet à cet endroit déjà si prisé.

Cet hôtel en « pain d’épice », style architectural tarabiscoté que caractérisent ses dentelles de bois, ne faillit pas à sa réputation. Toujours aussi majestueux, malgré le tremblement de terre qui l’a secoué mais pas abattu le 12 janvier 2010, la vieille maison tient toujours avec son porche accueillant, son bel escalier de bois et son ancienne piscine. Tout est resté intact.

Immortalisé par Graham Greene

Perché au sommet d’une colline, surplombant les eaux bleues du port, l’Oloffson était le repaire préféré de l’écrivain britannique Graham Greene, qui l’a immortalisé avec son hôtel Trianon dans son roman Les Comédiens de 1966. Greene y raconte l’histoire de quatre personnages sur l’île paradisiaque, laquelle a déjà sombré dans l’enfer de la dictature de « Papa Doc », l’ancien président François Duvalier.

On trouve Brown, propriétaire d’un hôtel qu’il veut sauver et espère par la même occasion retrouver son amie Martha Pineda, une femme mariée dont il est amoureux ; le major Jones, bien sûr de lui et qui n’hésite pas à osciller entre agent secret et escroc ; et les Smith, des Américains venus prôner le régime végétarien contre la violence.

Ce drame humain met l’accent sur le désenchantement d’une république où les citoyens, qui se refusent à n’être que des comédiens, sont confrontés à la dure répression politique.

L’Oloffson, un monument romantique

Construit à la fin du XIXe siècle par la famille Tirésias Simon-Sam, ancien président de la République d’Haïti, l’hôtel servait au départ de résidence privée. Entre 1915 et 1934, la résidence est réquisitionnée pour devenir un hôpital militaire pour les troupes américaines qui occcupent alors l’île.

En 1935, Walther Gustav Oloffson, un capitaine de bateau suédois, achète la demeure et la transforme en hôtel. Dans les années 1950 et 1960, l’hôtel est souvent fréquenté par Graham Greene et toute une pléiade d’artistes, de journalistes et d’écrivains qui y font escale. Chaque chambre porte ainsi le nom d’une célébrité ayant séjourné dans ce lieu mythique : Charles Addams, John Barrymore, Ramsey Clark, Greg Chamberlain, Graham Greene, Jacqueline Kennedy Onassis, Mike Jagger

Après la chute des Duvalier, l’hôtel est repris par un musicien américain, Richard A. Morse, en 1987. Il restaure l’édifice, le décore de tableaux, et instaure tous les jeudis une soirée musicale menée par son groupe RAM, dont les musiciens haïtiens jouent la music razin, « musique racine » en créole, c’est-à-dire les chants et les rythmes traditionnels du pays.

De nos jours, tandis que dans nombre de quartiers de la capitale d’Haïti ravagée, les habitants dorment encore sous des tentes, l’hôtel miraculeusement préservé demeure un lieu de rencontre privilégié pour les artistes et intellectuels haïtiens, auxquels se mêlent journalistes, voyageurs, humanitaires et diplomates étrangers. 

GlobalPost/Adaptation Sabrina Alili pour JOL Press

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