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L’obsession de Santorum : l’Iran, l’Iran, l’Iran…

[image:1,l]Si Rick Santorum réussit l’épreuve du « Super Tuesday », l’ayatollah Ali Khamenei pourrait se faire du souci.

Les opinions tranchées de Rick Santorum sur des sujets tels que le mariage gay et l’avortement lui ont donné un bon coup de main dans la course à l’investiture républicaine, mais sa carte maîtresse lui a peut-être été fournie par le chef suprême de l’Iran.

L’agressivité de l’Iran fait le jeu de Rick Santorum

Car son programme, en terme de politique étrangère, se résume en un mot : Iran. Aussi, lorsque les responsables politiques de Téhéran ont annoncé, ces derniers mois, avoir progressé dans la fabrication de la bombe atomique, suscitant la frayeur de l’Occident, Rick Santorum, de son côté, a jubilé.

« Rick Santorum dénonce la menace des ambitions nucléaires de l’Iran depuis près d’une décennie », claironne l’ancien sénateur de Pennsylvanie sur son site de campagne, dans l’un des nombreux articles qui mentionnent la république islamique.

Durant sa carrière, Rick Santorum a vu passer de nombreuses propositions de loi dirigées contre l’Iran. Il a notamment soutenu, en 2004, un texte visant à renforcer les sanctions économiques et soutenir les mouvements démocratiques dans le pays.

Un autre projet loi, écrit par Rick Santorum en 2005, visait quiconque lié, de près ou de loin, à des activités nucléaires iraniennes Il avait déclaré à l’époque « vouloir faire de l’Iran l’un des enjeux prioritaires de la sécurité nationale des Etats-Unis et des pays démocratiques du monde ».

Un atout face à son rival Romney

Ces convictions de longue date ont été fermement mises en avant par le camp Santorum afin de consolider la crédibilité du candidat. Ses positions de plus en plus agressives sur le dossier iranien bouleversent le programme électoral de son principal adversaire, Mitt Romney.

« Rick Santorum ne se positionne pas particulièrement sur le thème de la politique étrangère », déclare Scott Lucas, professeur d’études américaines à l’université britannique de Birmingham et directeur du site d’analyse de politique étrangère américaine EA World View. « Mais parce qu’il s’est trouvé être l’un des plus forts sur le dossier iranien, il a tiré Mitt Romney sur ce terrain et l’a poussé dans ses retranchements, jusqu’à prouver qu’il n’avait pas de politique étrangère clairement définie. »

Les Américains ne veulent plus de guerre

Rick Santorum pourra-t-il faire fructifier son discours agressif en un solide programme de politique étrangère qui rapporterait des votes en dehors des simples primaires ? Pour Scott Lucas, l’émergence de Rick Santorum évoque l’investiture malheureuse du sénateur Barry Goldwater, en 1964. La défaite écrasante du candidat républicain face à Lyndon B. Johnson avait, en partie, été imputée à un militantisme ardent pour la Guerre froide que certains avaient craint de voir dériver vers une guerre nucléaire.

« Les points de vue de Santorum attirent les républicains, et cela fonctionne pendant les primaires, mais je ne pense pas que cela marche lors d’une élection présidentielle. »

Cette obsession iranienne

Comme plusieurs analystes l’ont fait remarquer, l’un des points clés de la politique étrangère de Santorum est son incapacité à s’écarter du dossier iranien. Cela dure depuis 2006, lorsque Rick Santorum avait critiqué l’échec du président George W. Bush à poursuivre la « guerre contre le terrorisme » en un combat plus large contre le « fascisme islamique » directement lié à l’Iran et qui, selon lui, se trouve derrière toutes les guerres modernes.

Ces prises de positions mettent également en lumière son soutien passionné pour Israël, un allié stratégique au Moyen-Orient qui, selon lui, a été malheureusement compromis par l’administration Obama et pourrait être également délaissé par ses rivaux républicains. Pour lui, « il n’y aurait pas de personne plus forte dans cette course qu’un défenseur d’Israël ».

Le complot iranien derrière les grands enjeux mondiaux

Interrogé l’année dernière sur sa politique concernant la Chine, Rick Santorum parlait d’une bataille commerciale que l’Amérique allait gagner. La domination économique d’un pays communiste fait partie d’un orage de menaces pour la sécurité des Etats-Unis dont fait inévitablement partie l’Iran.

Il ne s’arrête pas là. Le candidat républicain voit également l’Iran derrière le Venezuela et Cuba. « Il n’est pas surprenant que le même régime cubain qui était pieds et mains liés avec l’Union soviétique soit désormais aligné sur la République islamique d’Iran », explique-t-il sur son site Internet, notant que les Vénézuéliens « travaillent avec les djihadistes iraniens ».

Même le soutien de Santorum pour une augmentation de l’aide envoyée en Afrique part de l’envie de couper court à l’influence grandissante de l’Iran qui « dépense de l’argent, pas chez nos ennemis, mais chez ceux qui pourraient être nos amis ».

Vu d’Europe, un potentiel fauteur de guerre

En dehors d’Israël, les positions guerrières de Santorum ne lui feront certainement pas de nouveaux amis s’il remporte l’investiture républicaine et devient candidat face à Barack Obama, estime Scott Lucas. L’Europe ne soutiendra pas un président américain qui pourrait déclencher un conflit, pas simplement en Iran, mais dans tout le Moyen-Orient.

« Vu d’Europe, il fait très peur », analyse Scott Lucas. « Il est considéré comme inexpérimenté, comme un beau parleur mais vide en substance, comme quelqu’un qui pourrait facilement pousser les Etats-Unis dans un conflit dont ils ne pourraient plus se dépêtrer. »

« Donc Santorum est vu comme un élément déstabilisateur, ce qui serait un très bon point pour la victoire d’Obama. »

Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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