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L’ombre de Pyongyang flotte sur le Sommet de Séoul

 

[image:1,l]Le Sommet de Séoul constitue une nouvelle étape dans la prise en compte, au plus haut niveau international, de la menace terroriste nucléaire et de la nécessité de sécuriser les sources les plus vulnérables. Il doit également être l’occasion, pour chaque État participant, de démontrer les progrès réalisés en matière de sécurité nucléaire, au regard notamment des engagements pris lors du premier sommet de Washington en 2010.

Un parasite : le tir d’essai de la Corée du Nord

Le régime nord-coréen avait semé la consternation en annonçant le 16 mars dernier le lancement, prévu pour la mi-avril, d’une fusée longue portée transportant un satellite, à usage civil. Cette annonce intervenait en outre, quelques jours après que Pyongyang se fut engagé auprès de Washington sur un moratoire de ses lancements de missiles, essais nucléaires et activités d’enrichissement d’uranium, en échange d’une aide alimentaire américaine. 

Les Etats-Unis et leurs alliés dénoncent un tir déguisé de missile, en infraction aux résolutions de l’ONU, qui interdisent à la Corée du Nord de procéder à des essais nucléaires ou balistiques. Lundi, Séoul a prévenu que la fusée serait abattue en plein vol si elle dévie au-dessus du territoire sud-coréen lors de son lancement. Séoul craint en effet que le premier étage de la fusée, qui doit se détacher et tomber dans la mer Jaune entre la Corée du Sud et la Chine, ne tombe sur son territoire. Le Japon, également inquiet d’un écrasement sur son sol a prévenu qu’il allait déployer ses systèmes anti-missiles. Dimanche, Barack Obama s’était demandé qui « tir(ait) les ficelles à Pyongyang », alors que le jeune nouveau dirigeant Kim Jong-Un, s’efforce d’asseoir son autorité après avoir succédé à son père, Kim Jong-Il, mort à la mi-décembre. [image:2,s]

Pékin, intermédiaire privilégié avec Pyongyang

Le président Barack Obama s’est par ailleurs entretenu lundi avec son homologue chinois Hu Jintao, quelques heures avant le début du sommet, pour tenter de convaincre la Chine, unique allié de poids de Pyongyang, de faire pression sur la Corée du Nord pour qu’elle renonce à ce lancement, prévu pour la mi-avril. La Chine et les Etats-Unis ont tous deux un intérêt commun dans la non-prolifération nucléaire, a ajouté le président américain.

Une nouvelle mise en garde à l’Iran

Outre la Corée du Nord, Barack Obama a une nouvelle fois mis en garde l‘Iran, auquel il ne reste plus beaucoup de temps, selon lui, pour manifester sa bonne volonté et régler par la voie diplomatique son différend avec les Occidentaux sur son programme nucléaire. Même si Téhéran s’en défend, Israël et plusieurs pays occidentaux soupçonnent l’Iran de chercher  à se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce qui a valu à la république islamique d’être soumise à plusieurs séries de sanctions internationales. 

Vers une réduction des arsenaux nucléaires

En marge de ce sommet, un responsable américain a, par ailleurs, indiqué que Barack Obama devrait soumettre une nouvelle proposition de réduction des armes nucléaires au président russe élu Vladimir Poutine en mai, à l’occasion de la première rencontre entre les deux hommes en tant que chefs d’Etat.

Avec 1500 armes nucléaires et 5000 ogives, a reconnu Barack Obama, les États-Unis « disposent de plus d’armes nucléaires que ce dont nous avons besoin ». « Je pense avec certitude que nous pouvons assurer la sécurité des États-Unis et de nos alliés, et maintenir une véritable force de dissuasion, tout en continuant à réduire notre arsenal nucléaire », a affirmé le président Obama.

Trop de matières nucléaires dans la nature

Selon les experts cités par les organisateurs du sommet de Séoul, il existe dans le monde au total 1.600 tonnes d’uranium hautement enrichi (UHE) et 500 tonnes de plutonium, stockés parfois dans des conditions de sécurité discutables dans les républiques de l’ancienne Union soviétique, ou ailleurs.

Pour fabriquer une bombe nucléaire, il suffit de quelque 25 kg d’UHE ou de 8 kg de plutonium. Au cours des vingt dernières années, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a confirmé 20 cas de vol ou de perte d’UHE ou de plutonium, et de centaines de cas d’autres matériels nucléaires disparus.

La prise en compte du risque terroriste radiologique

Ce deuxième Sommet doit également prendre pleinement en compte la question du terrorisme radiologique. L’utilisation potentielle de sources radioactives à des fins malveillantes constitue en effet une menace réelle, distincte de celle du terrorisme nucléaire.

Sécurité nucléaire : la position de la France

Dans ce domaine, Paris est attaché au principe de responsabilité première des États, tout en reconnaissant le rôle essentiel de la coopération internationale, au travers notamment de l’action de l’AIEA. En particulier, la diplomatie française encourage tous les pays exploitant des installations nucléaires à demander à l’AIEA de mener une mission dite IPPAS (International Physical Protection Advisory Service) afin d’évaluer le régime national de protection physique des activités nucléaires, comme cela a été le cas en France en 2011 – après l’accident de Fukushima. Campagne présidentielle oblige, c’est le Premier ministre François Fillon qui représente la France à Séoul.

Le deuxième Sommet sur la sécurité nucléaire, à Séoul en Corée du Sud, dure jusqu’à mercredi 28 mars. 

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