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Macky Sall, quand l’élève dépasse le maître

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[image:1,l] «Mes chers compatriotes, à l’issue du second tour de scrutin de dimanche, les résultats en cours indiquent que M. Macky Sall a remporté la victoire ».

Sortie de la bouche d’Abdoulaye Wade, cette phrase a une saveur toute particulière pour Macky Sall. Qualifié d’«apprenti» par le vieux president, le nouveau chef de l’Etat sénégalais s’est frayé un chemin dans un paysage politique chaotique et imprévisible. Disciple passé à la dissidence, Macky Sall est un modèle en matière d’opportunisme et de plan de carrière. En moins de 12 ans, cet homme d’apparence débonnaire est passé de l’anonymat le plus complet à la magistrature suprême.

Premier ministre d’Abdoulaye Wade

Après un premier contact avec le monde politique via les organisations étudiantes maoïstes, le jeune Macky Sall prend fait et cause pour le candidat libéral, Abdoulaye Wade, principal opposant au président socialiste Abdou Diouf. Il poursuit en parallèle des études de géophysique et, poussé par ses contacts politiques, prend rapidement la tête de la PETROSEN, la société nationale du pétrole sénégalais.

Il devient ensuite Ministre des mines et de l’énergie. Remarqué à ce poste, il est promu Premier ministre lorsqu’en 2004 Abdoulaye Wade remercie Idrissa Seck. Il passe trois années à la tête du gouvernement, trois années durant lesquelles il se concentre sur les grands chantiers du pays. Vite, pourtant, les relations avec le président se détériorent et, en 2007, il est limogé, remplacé par Cheikh Hadjibou Soumaré. Député, il est élu président de l’Assemblée Nationale.<!–jolstore–>

Vers la dissidence 

C’est à ce poste que ses divergences avec Abdoulaye Wade finiront par éclater au grand jour. Lorsqu’il décide de convoquer Karim Wade, le fils du président, pour s’expliquer sur sa gestion des finances de l’ANOCI (Agence nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique), Abdoulaye Wade y voit une attaque et n’apprécie pas. En représailles, il réduit le mandat de président de l’Assemblée Nationale de cinq à un an. Devant le refus de démissionner de Macky Sall, Abdoulaye Wade sort l’artillerie lourde : le poste de numéro 2 du parti est supprimé et un procès pour blanchiment d’argent est intenté contre lui ( procès qui débouchera sur un non-lieu ).

Face à ces sanctions politiques, Macky Sall décide d’abandonner tous ses postes officiels et passe à la dissidence. Il part battre la campagne et fonde l’APR Yakaar, une coalition libérale en vue de la présidentielle de 2012.

L’ « apprenti » en campagne

Lorsqu’il devient clair que le président sortant compte se représenter, la course à la présidence se transforme en vendetta contre son ancien mentor. Lui qui a souvent été surnommé « l’apprenti » entend bien metre fin aux douze ans de règne de Wade.

Après deux mois de campagne houleuse, il se qualifie pour le second tour. Ironie du sort : lui qui avait cristallisé les critiques de l’opposition à l’époque où il était encore Premier ministre reçoit désormais le soutien des douze autres candidats, unis par leur volonté commune de tourner la page Wade.

Elu après un second tour sans véritable suspense, Macky Sall devient le quatrième président d’un Sénégal réconcilié avec la démocratie. A charge à présent pour lui de se consacrer, sans attendre, aux affaires publiques et de dépasser les vieilles querelles politiques. 

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