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Mohamed Merah, la fascination du pire

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« J’ai mis la France entière à genoux » a déclaré fièrement Mohamed Merah, quelques heures avant sa mort. Une phrase qui interpella notre rédaction au plus haut point. Jusqu’où fallait-il participer à la gloire médiatique de celui qui n’attendait qu’elle pour exister et donner de la résonance à ses actes ? Impossible toutefois de passer outre cette «  tragédie française ». Alors, nous avons essayé d’informer et d’analyser la fascination médiatique dont ce terroriste isolé a fait l’objet, symbole d’une cause à laquelle il voulait lui-même être assimilé.

Nous avons informé, en décrivant factuellement le déroulement des évènements, sans excès d’interprétation. En livrant à nu, le squelette d’un tragique enchaînement qui aura abouti à la mort de 7 personnes, dont 3 jeunes enfants.

La fascination médiatique pour Mohamed Merah

Puis, nous avons cherché à comprendre pourquoi le pire suscite toujours la plus grande fascination. Nous avons voulu montrer comment les réseaux sociaux et en particulier Twitter ont été pris d’assaut et comment les médias du monde ont regardé l’évènement. Le retentissement a été tel que notre Baromètre des médias a consacré à Merah son dossier de la semaine. Il a fait la Une de tous les quotidiens de l’Australie, à la Nouvelle Zélande, en passant par la Russie ou les Etats-Unis. Une gloire éphémère, mais intensément planétaire. Nous avons suivi cette traînée de poudre médiatique, et avons constaté à quel point les amalgames et les raccourcis y ont été légion. Comme l’explique Franck Guillory,  rédacteur en chef adjoint de JOL Press, dans son nouveau blog, la tuerie de Toulouse a été l’objet d’interprétations contestables dans la presse britannique.

La place du salafisme en France aujourd’hui

Comprendre, c’est aussi se poser la question de la place du salafisme en France et de la manière dont certains jeunes, une minorité, sont enrôlés dans un endoctrinement actif, qui ressemble d’abord à une posture de rébellion, pour se poursuivre en escalade vers la violence. Comment a-t-on pu en arriver là ? Qu’est-ce qui fait qu’un jeune de 24 ans au parcours presque banal bascule dans un acte de terrorisme sans l’ombre d’un doute ? Nous avons interviewé le journaliste Gilles Trichard qui a enquêté pendant un an, sur la manière dont le djihad recrute dans les banlieues en France. Une semaine avant le drame, il a publié son article dans Paris Match, annonçant presque de manière prémonitoire, les évènements de Toulouse. Son témoignage est saisissant. Dans l’ombre des banlieues, rôdent quelques prédateurs en quête de proies à endoctriner. L’extrémisme est toujours le symptôme d’un malaise, l’hypertrophie d’une réalité. Il n’est pas une expression significative, car il est le reflet d’une infime minorité, mais signifiante, car il est révélateur. A l’Occcident de répondre à cette interrogation. Et pas seulement par la répression, dont on connaît le peu d’effet sur le fond.

La voie de l’harmonie et l’intégration 

Comme l’exprime Julien Wagner dans l’interview qu’il nous a accordée à l’occasion de la sortie de son livre La République aveugle , il est temps de se poser la question de l’intégration, avec de véritables mesures d’accompagnement, qui passeront peut-être par des initiatives de discrimination positive. Une nouvelle voie est à trouver, entre le communautarisme enfermant qui ne peut devenir que confrontationnel, et l’assimilation totale, qui est utopique et ne tient pas compte des spécificités de chacun… Les communautés françaises de confession juive et musulmane ont fait preuve d’un remarquable sang froid. En refusant de céder à la haine, ils livrent au monde entier un message d’espoir pour une République de paix.

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