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Mohamed Merah, produit du djihadisme, est mort

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« Il n’aurait pas l’âme d’un martyr, préférerait tuer et rester en vie ». Sa mort a été annoncée par des sources policières peu après 11h30 jeudi 22 mars.

Qui était-il ?

Mohamed Merah avait séjourné en Afghanistan et au Pakistan dans des camps d’entrainements djihadistes, c’est ce qu’a affirmé Claude Guéant, le ministre de l’intérieur, lors d’un point-presse tôt mercredi 21 mars. Ce Français d’origine algérienne dit « être un moudjahidine », et « appartenir à Al-Qaïda ».

A la recherche d’une « famille d’adoption »

Sur ce que l’on sait de Mohamed Merah, il semble que son parcours correspond au parcours type du djihadiste. Français d’origine algérienne, il véhicule, malgré son jeune âge, un certain contentieux historique avec la France, pour une large part inconsciemment. Comme la plupart des autres djihadistes français identifiés, il provient d’une famille déstructurée avec des parents divorcés. Une fois ses parents divorcés, Mohamed a été élevé par sa mère qui n’avait aucune autorité sur lui. Plus tôt dans la matinée, la mère a d’ailleurs été conduite sur les lieux pour le raisonner mais « elle n’a pas souhaité entrer en contact avec son fils, indiquant qu’elle n’avait guère d’influence sur lui », selon Claude Guéant. A travers la mouvance djihadiste, il s’est choisi une « famille d’adoption » qui lui a sans doute offert une autorité retrouvée.

Un contentieux avec la société

Il semble aussi qu’il ait eu  un contentieux à régler avec la société: Mohamed Merah, passé par la prison pour de petits faits de délinquance, aurait essayé de s’engager dans l’armée mais son dossier a été rejeté.  

La radicalisation et le passage par des camps d’entrainement en Afghanistan et au Pakistan

Il serait passé par des camps d’entrainement en Afghanistan et au Pakistan. Dans plusieurs cas, le scénario est le même : des rencontres dans une mosquée puis, très vite, la radicalisation et l’appartenance à une petite communauté de fidèles. Souvent, le groupe est dirigé par un « gourou » venu de l’étranger, d’un des pays du monde arabe.

Mohamed Merah, pour sa part, se serait radicalisé, par des échanges sur Internet et en rencontrant des islamistes de la région. Il se serait alors mis à vouloir endoctriner les plus petits. Il pourrait appartenir au groupe islamiste Forsane Alizza, dissous en février dernier sur demande du ministre de l’Intérieur qui l’accusait de former ses militants à la lutte armée.  

A plusieurs reprises, il se serait rendu en Afghanistan. Pas seul puisque l’un de ses beaux-frères l’aurait accompagné. Ce type de « jeune radicalisé » fait son stage dans un camp d’Al-Qaïda ou pas, mais en tous cas dans les zones tribales du Pakistan. Là, il a dû entrer en contact avec des gens d’Al-Qaïda et ce contact a sans doute été maintenu avec des groupes qui l’ont imprégné de l’idée suivante: « ‘le moment venu, passe à l’action’ au nom des valeurs que nous t’avons inculqué ici ».

Lorsque de tels jeunes délinquants se radicalisent, ils entrent dans une forme de discours et d’action violente avec une cohérence toute relative. Ils se nourrissent d’un peu tout: la présence française en Afghanistan, au Sahel, le vote contre la burka…

« Le suspect de Toulouse était fiché, repéré mais rien n’indiquait qu’il pouvait ainsi passer à l’acte, observe Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Et c’est bien toute la difficulté dans le suivi de ces gens qui peuvent à tout moment devenir extrêmement dangereux ».

Combien d’autres Mohamed Merah en France ?

« On parlait il y a deux ou trois ans de plusieurs milliers de djihadistes dans toute l’Europe, mais beaucoup de filières ont été démantelées. Nombre de militants ont été arrêtés et incarcérés, » estime le sociologue Farhad Khosrokhavar. Pour Samir Amghar, auteur de Salafisme d’aujourd’hui. Mouvements sectaires en Occident, les djihadistes sont ultra minoritaires au sein des salafistes, pas plus d’une dizaine d’individus. Beaucoup ne sont d’ailleurs que des djihadistes qui disent vouloir s’engager dans l’action militante, mais ne passent pas à l’action. Des « djihadistes de salon ».

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