Face à la menace iranienne, Jérusalem a trois options et aucune ne semble pleinement satisfaisante. Pourtant, du point de vue d’ Annie Tracy Samuel, descendante des fondateurs d’Israël et spécialiste de l’Iran, la négociation reste la « moins pire » des options.
[image:1,l] Indéniablement, le nucléaire iranien est un problème dont Israël doit se préoccuper. Empêcher la République islamique de développer une arme atomique est un réel enjeu politique. Pour l’Etat hébreu, le leadership régional et la sécurité du pays sont en jeu. Pour parvenir à ses fins, Jérusalem a trois solutions, dont aucune ne semble en mesure de donner pleine satisfaction.
Stratégie n°1 : sanctionner, punir, menacer
C’est l’approche actuellement favorisée par la communauté internationale, notamment Israël et les Etats-Unis. Malgré un impact économique et politique conséquent sur l’Iran, cette stratégie fait grandir le sentiment de frustration à Téhéran et encourage ainsi indirectement le régime en place à poursuivre les recherches et la production de matériau fissile.
La principale motivation du programme nucléaire iranien étant justement le désir de pouvoir répondre aux « menaces » extérieures, il est probable qu’accentuer celles-ci ne pourra pas mettre fin aux ambitions atomiques du pays. Bien qu’elle apparaisse, vue de l’Occident, comme un compromis entre force et négociation, cette solution est peut-être la pire, puisqu’elle justifie le discours des dirigeants iraniens sans avoir l’efficacité coercitive d’une frappe militaire.
Stratégie n°2 : la frappe militaire sur les installations nucléaires
Bien que les conséquences d’une attaque militaire américaine ou israélienne sur les installations nucléaires iraniennes restent difficiles à évaluer, il est à peu près certain que celle-ci ne suffirait pas à réduire à néant les avancées du pays en la matière.
En plus d’exposer la vie de nombreux israéliens à une riposte armée, une telle option conforterait l’Iran dans son désir d’obtenir l’arme nucléaire, afin de pouvoir faire face à de nouvelles attaques.
Stratégie n°3 : traités et négociations
L’idée d’une négociation avec l’Iran peut semblerétrange aux oreilles d’Israël, voire inappropriée. Après tout, le régime de Téhéran n’a jamais caché son hostilité envers l’Etat hébreu et les juifs et il a même remis en question la véracité de l’Holocauste. Pourtant, s’asseoir à la table des négociations avec l’Iran pourrait bien s’avérer payant.
Proposer au gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad de stopper l’enrichissement d’uranium au delà de 5% et de se mettre en conformité avec les normes internationales sur le nucléaire civil pourrait permettre de faire « rentrer l’Iran dans le circuit classique ». Une telle avancée permettrait un contrôle accru de l’AIEA et saperait la rhétorique guerrière de Téhéran.
Car en échange de cette « mise aux normes », la communauté internationale pourrait s’engager à stopper les critiques à l’encontre du régime en place et à stopper les menaces et sanctions pesant sur Téhéran. Une solution crève-cœur , mais peut être plus efficaces que les deux autres…
Annie Tracy Samuel pour le GlobalPost
Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press