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Présidentielle : un second tour à risque

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Les Sénégalais joueront le destin de leur pays, dimanche 25 mars, lors du deuxième tour de l’élection présidentielle qui opposera le président sortant Abdoulaye Wade à son ancien premier ministre Macky Sall.

Abdoulaye Wade face à son ancien premier ministre

Les deux candidats jouent actuellement leurs dernières cartes dans une campagne rythmée par des attaques violentes lancées par chacun des deux camps.

Abdoulaye Wade, candidat du Parti démocratique sénégalais à un troisième mandat à la tête du Sénégal, apparaît en position de faiblesse à la veille du scrutin. Lors du premier tour, le 26 février dernier, son adversaire, Macky Sall, qui porte les couleurs de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, est arrivé en deuxième position avec 26,6% des voix contre 35,8% pour le président sortant. Depuis, il a réussi à rallier tous les candidats d’opposition à sa cause et se retrouve en position de force avec une crédibilité renforcée – et une forte cote de popularité – auprès des Sénégalais.

« Macky Sall est un apprenti sorcier »

Par stratégie, Abdoulaye Wade s’est montré très offensif depuis ce premier tour qu’il était persuadé de remporter haut la main.

Jeudi 22 mars, Abdoulaye Wade s’est rendu à Thiès, ville dont les électeurs joueront un rôle déterminant dans le résultat du scrutin. Le maire de cette commune n’est autre que Idrissa Seck, un autre ancien premier ministre, candidat malheureux au premier tour de l’élection présidentielle qui s’est rallié au candidat Macky Sall.

Devant plusieurs milliers de partisans, le président a lancé un appel à l’aide à Idrissa Seck, qu’il appelle « son fils » et auquel il a promis monts et merveilles s’il revient dans le droit chemin – c’est-à-dire, appelle finalement à voter pour lui. Ces promesses ont été accompagnées de nombreuses attaques contre son rival, une habitude tout au long de cette campagne de deuxième tour.

« Macky Sall est un apprenti sorcier qui n’a pas assimilé ses cours. Il fait dans l’improvisation et n’a pas les compétences requises pour gouverner le Sénégal. Mon fils Idrissa Seck est plus fort que lui en politique » a-t-il déclaré devant ses partisans de Thiès.

Les exhortant à convaincre leur maire de revenir vers lui, Abdoulaye Wade n’a pas hésité à implorer Dieu. « Vous pouvez l’aider en lui montrant qu’il s’est détourné du bon chemin. Il est allé se livrer armes et bagages à l’adversaire. C’est ce que les Français appellent la trahison. Il a trahi la ligne du Sopi. Malgré tout, un homme fort doit être en mesure de pardonner. Allez le chercher pour qu’il revienne là où il habite, c’est-à-dire Thiès, dans la communauté du Sopi. Allez le chercher, pour l’amour de Dieu. »

La veille, Macky Sall était à la même place, devant ses partisans. Les jours étaient comptés avant la fin de la campagne officielle, vendredi 23 mars à minuit, et tous les coups sont permis.

Abdoulaye Wade ne représente plus le Sénégal

A 85 ans, Abdoulaye Wade, dont la candidature pour un troisième mandat présidentiel avait été vivement contestée, se montre confiant dans sa victoire finale et affirme être le seul capable de tenir les rênes de son pays.

Le journal sénégalais La Tribune écrivait, vendredi 23 mars, que « Wade est tellement sûr de remporter le second tour de l’élection présidentielle que ses services ont déjà travaillé sur un dispositif de sécurité à mettre en place pour contenir toutes manifestations contre sa victoire. »

Lors de sa première élection, Abdoulaye Wade représentait la rupture après quatre décennies de socialisme et la longue présidence d’Abdou Diouf. Aujourd’hui le président octogénaire séduit de moins en moins les Sénégalais qui voient en lui un homme assoiffé le pouvoir et motivé par l’argent plus que par le soucie de leur destin. En briguant un troisième mandat à la présidence, alors même qu’il avait lui-même fait inscrire dans la constitution l’impossibilité pour un président d’effectuer plus de deux mandats, a profondément nui à sa cote de popularité. Sa candidature avait donné lieu à de nombreuses émeutes à Dakar et dans d’autres villes du pays, faisant au moins six morts avant le premier tour de l’élection.

Les bureaux de vote ouvrent à 8 heures du matin ce dimanche 25 mars. Plus de 4500 observateurs doivent être déployés à travers le pays.

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