Site icon La Revue Internationale

PSA et General Motors officialisent leur pacte stratégique

[image:1,f]Après l’alliance Renault-Nissan conclue en mars 2009, un nouveau partenariat international vient d’être scellé. Cette fois, c’est PSA Peugeot Citroën qui tente l’aventure. Le groupe sochalien a annoncé la création, mercredi 29 février, d’une  « alliance stratégique mondiale » avec la firme américaine General Motors (GM). Des rumeurs couraient déjà sur le sujet depuis une semaine. Le groupe automobile français va procéder à une augmentation de capital d’environ un milliard d’euros, qui permettra à GM d’entrer à hauteur de 7%, devenant ainsi le second actionnaire de l’entreprise derrière la famille Peugeot, dont la part dans le capital passe désormais de 30 à 25%

Des synergies à 2 milliards de dollars 

Le rapprochement devrait permettre aux deux groupes PSA et GM, respectivement n°1 et n°8 mondial, d’opérer d’intéressantes synergies. L’accord « contribuera à la rentabilité des deux partenaires et améliorera fortement leur compétitivité en Europe », explique le communiqué de presse publié conjointement par Philippe Varin et Dan Akerson, les patrons des deux groupes. L’idée étant de partager « certaines plates-formes, modules et composants, sur une base mondiale, pour réduire les coûts de développement et réaliser des économies d’échelle industrielles ».

L’alliance doit permettre aux deux groupes de fusionner leurs structures d’achats en une seule et même entité à l’échelle mondiale « pour leur approvisionnement en matières premières, composants et services auprès des fournisseurs ».

Le montant total des synergies attendues de l’alliance s’élève « à environ deux milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) par an d’ici à cinq ans ». Les bénéfices futurs devraient être répartis à égalité entre les deux partenaires. 

Produire des petites voitures

PSA et General Motors « se concentreront sur les véhicules particuliers de petite et moyenne taille, les monospaces et les « crossovers » (4×4) ». Par la suite, les deux partenaires « prévoient de développer conjointement une nouvelle plateforme pour les véhicules à faibles émissions de CO2».

Les premiers véhicules issus d’une plate-forme commune seront commercialisés à partir de 2016. Mais chaque entreprise continuera à commercialiser ses véhicules de façon indépendante et concurrentielle

Une alliance profitable mais inégale

A l’heure des grandes concentrations sur le marché automobile mondial, une mutualisation des dépenses et une meilleure internationalisation des ventes devraient profiter à chacun des deux partenaires. 

General Motors avait besoin d’un allié pour réduire les coûts de développement de sa fililale allemande Opel. La firme de Detroit pourra aussi profiter du savoir-faire de PSA en matière de motorisation hybride pour son propre marché américain.

L’accord présente des avantages pour Peugeot. D’abord, il lui permet de trouver de l’argent frais afin de financer ses plans d’investissement, l’entreprise étant très endettée. Ensuite, il devrait lui ouvrir de nouvelles perspectives en dehors du marché européen, en particulier dans les pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil), où ses parts de marché sont faibles, tandis que GM y est déjà bien établi. 

[image:2,h]Reste que l’accord ne prévoit aucun échange croisé d’actions, comme ce fut le cas entre Renault et Nissan : General Motors prend en partie le contrôle de Peugeot, mais sans aucune réciprocité pour l’équimentier français.

Le rapport entre les deux constructeurs est très inégal : sur le plan mondial, GM réalise un chiffre d’afffaires deux fois plus élevé que le français : 115 milliards d’euros contre 59,9 milliards pour PSA. En Bourse, GM dispose d’une capitalisation huit fois plus élevée.

L’alliance transatlantique pourrait aussi se conclure par un échec, comme ce fut le cas lors du rachat de Volvo par Ford ou de la coopération entre Fiat et GM. Rien n’est dit, non plus, sur l’impact social de cette alliance.

Quelles conséquences sur l’emploi ?

Eric Besson, ministre français de l’Industrie, a réagi en déclarant que « cet accord est une bonne nouvelle pour notre industrie automobile et pour ses salariés ». Pas si sûr. 

Cette alliance sera essentiellement centrée sur l’Europe, où PSA et Opel sont en concurrence frontale sur les mêmes segments de marché. Opel est largement déficitaire depuis des années, malgré une série de plans de restructuration. On aurait pû rêver mieux comme fiancée pour PSA. 

A terme surtout, des problèmes de surcapacité des chaînes de production vont inévitablement se poser. « L’alliance proposée n’apporte aucune solution concernant le problème fondamental des surcapacités sur le marché européen », confirme l’agence de notation Fitch dans une note.

Rien que sur le marché français, les clignotants sont déjà au rouge : depuis le début de l’année, les ventes de voitures de Renault et de PSA ont dégringolé de près de 30%. Le marché européen est saturé.

Résultat : d’ici quelques années, il faut s’attendre à des licenciements, tant chez Opel que chez PSA. Menacé de fermeture, le site d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, soulève de fortes inquiétudes. Chez Opel, les sites de Bochum (ouest de l’Allemagne) et Ellesmere Port (côte ouest du Royaume-Uni) seraient également dans le collimateur. 

Quitter la version mobile