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Rahul Gandhi, un héritier qui doit faire ses preuves

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[image:1,l] Mars 2012. Chemise blanche et grand sourire : Rahul Gandhi soigne son look de jeune premier. Le jeune héritier de la dynastie Nehru-Gandhi a compris que son nom ne suffirait pas à gagner les élections. A 42 ans, il s’attaque à la reconquête de l’Uttar Pradesh, gigantesque Etat de plus de 200 millions d’habitants. Ancien bastion du Parti du Congrès de Nehru, cette région était tombée dans l’escarcelle du Bahujan Samaj Party (BSP), de Mayawati, leader issue de la caste des intouchables, les « dalits ». Si Rahul Gandhi veut imiter ses illustres aînés, il devra d’abord passer par ce test périlleux.

Des débuts difficiles

Si le jeune héritier est parvenu sans problème à se faire élire député en 2004 dans la circonscription d’Amathi, fief historique de Nehru, ses premières interventions au Parlement n’ont pas vraiment convaincu. Les diplomates américains le considèrent alors comme « un homme sans consistance qui devra apprendre à se salir les mains dans le jeu impitoyable de la politique indienne », selon une note révélée par Wikileaks.

Pendant l’été 2011, alors que son parti était malmené par la grève de la faim de l’activiste anticorruption Anna Hazare, Rahul Gandhi semble absent du débat et s’attire les railleries de l’opposition. La tentative de parachutage au niveau national était sans doute trop prématurée. Malgré le rôle prestigieux de premier secrétaire que lui octroie le Parti du Congrès présidé par sa mère, Rahul renvoie l’image d’un « fils à maman » incapable de s’imposer par lui même.

Conscient de sa situation, il décide alors de se concentrer sur les législatives de 2012 en Uttar Pradesh pour repartir d’un bon pied dans son périple inavoué vers la tête de l’Etat.<!–jolstore–>

Le changement d’image

Avant de s’attaquer à Mayawati, l’héritier des Gandhi a dû reprendre  à zéro. Il prend l’habitude de déjeuner chez des intouchables et multiplie les meetings en Uttar Pradesh. Délaissant les interviews traditionnelles pour ne se présenter à la presse que dans des villages défavorisés, il tient à faire oublier l’image d’un jeune loup issu de l’élite, briguant un mandat en Inde après des années passées à étudier à Londres et aux Etats-Unis.

Alors que se rapproche le scrutin, il franchit le Rubicon en s’attaquant directement à Mayawati. Dénonçant une gestion inefficace et corrompue de la région, il présente le mandat de la « reine des dalits » comme une vaste série de détournements de fonds public, en particulier ceux provenant du MNREGA, un programme national visant à assurer 100 jours de travail à un membre de chaque famille pauvre.

Une élection complexe

Pourtant, il n’est pas sûr que cette nouvelle image de défenseur des pauvres prêt à se lever contre la corruption suffise à emporter le plus grand des Etats de l’Inde. Si Mayawati semble affaiblie par les scandales qui ont émaillé son mandat, une victoire de Rahul Gandhi reste loin d’être évidente.

La leader intouchable continue de drainer des milliers de militants à chaque meeting, et d’autres candidats populaires comme le jeune Akilesh Yadav ont de fortes chances de rafler la mise. Après avoir tenté d’imposer des thèmes novateurs comme la jeunesse et l’économie, Rahul Gandhi a vite été contraint de revenir aux fondamentaux du jeu politique indien : les castes et la religion.

Un avenir pas si tracé

En cas de victoire, ou du moins de bon score en Uttar Pradesh, l’arrière-petit-fils de Nehru se placerait sur une voie royale vers le sommet de l’Etat. Fort d’une légitimité électorale qui lui manque encore pour le moment, il balaierait les doutes de la famille quant à sa capacité à prendre la relève de sa mère que l’on dit atteinte d’un cancer.

En revanche, une défaite cinglante pourrait briser net la carrière de Rahul. La montée en puissance de sa sœur Priyanka lui a pour l’instant été bénéfique, mais en cas d’échec, nombreux sont ceux qui pourraient choisir de changer le prénom de l’héritier officiel des Gandhi.

A l’instar du pays, la famille est divisée, et en Uttar Pradesh, Rahul devra déjà affronter Varun Gandhi, son cousin passé dans les rangs de l’opposition nationaliste, connu pour ses propos violemment antimusulmans.

L’issue de cet affrontement entre cousins sur fond de tensions religieuses est pour l’heure difficile à prévoir, mais une chose est sûre : les diplomates cités par Wikileaks ne se trompaient pas en disant que Rahul Gandhi aurait à se salir les mains pour se faire un prénom.

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