Site icon La Revue Internationale

Recherche touristes désespérément

[image:1,l]

Une magnifique fausse plage pour la Grèce, du sable, des transats et un grand écran qui diffuse les images des côtes grecques. Pour les îles Canaries, quelques merveilleux smoothies. Pour l’Egypte, un sphinx géant a carrément été transporté par camion.

Vendre une semaine de vacances dans une dictature

Mais le plus petit stand du Salon international du tourisme (ITB) organisé depuis le 7 mars dernier à Berlin, s’est abstenu de toute fantaisie. Au lieu de cela, une simple vidéo diffusant des images de l’ancien leader Kim Jong-il et un diplomate nommé Ri Yong-bom, vantant les mérites de son pays.

« Oui, il y a des gens qui ont peur de nous » dit-il en posant son doigt sur le badge qu’il porte, montrant le visage d’un autre leader nord-coréen, Kim Il-sung. « Mais il n’y a aucune raison d’avoir peur. Les médias, contrôlés par les Etats-Unis, mentent. Vous adoreriez mon pays. »

Ri Yong-bom fait partie d’une catégorie de personnes chargées d’une mission peu enviable à l’occasion de ce Salon : essayer de convaincre touristes comme professionnels que des pays dont la réputation n’est plus à faire en terme de violence ou d’oppression, comme la Corée du Nord, l’Irak ou le Soudan, sont en fait des destinations touristiques tout à fait charmantes.

Pour des pays comme Cuba ou la Corée du Nord, dont les colporteurs ont interdiction de venir vendre leur marchandise sur le territoire américain, il y a beaucoup à faire pendant l’ITB. Chaque année, plus de 100 000 visiteurs sont attendus, apportant avec eux des millions de dollars d’investissement.

Quelques argumentaires bien travaillés

Mais comment font ces pays où personne ne veut aller ?

Si certains n’ont pas pris la peine de venir, comme la Syrie ou le Yémen, d’autres, comme le Soudan, ont décoré leur stand avec quelques affiches, réservant également quelques maigres cacahuètes à leurs visiteurs.

Le Burundi, longtemps le théâtre d’une guerre entre Hutu et Tutsis, a voulu oublier son passé douteux et a envahi le salon avec ses danseurs habillés des couleurs nationales du pays, le vert, le rouge et le blanc.

Pour Fadhil al-Saaegh, représentant de la compagnie touristique au stand de l’Irak, la publicité fantaisiste ou les danseurs de couloirs ne convaincront pas les touristes de visiter un pays à la mauvaise réputation.

Ce qui est vraiment nécessaire, selon lui, c’est une forte dose d’humour et un discours bien rôdé pour affirmer que « tout va bien en ce moment ». Fadhil al-Saaegh a passé ces dernières années à travailler son argumentaire et peut désormais expliquer pourquoi l’Irak est en plein essor touristique, tout en répondant aux interminables questions sur la situation politique du pays.

« Ces meurtres ou autres kidnappings font partie du passé, c’est ce que je leur dis. » explique-t-il.

Nigéria ou Soudan, des pays tranquilles

D’autres choisissent comme tactique d’affirmer que la sécurité n’a jamais été un problème chez eux.

« Personne ne devrait croire à ça » s’exclame Akin Onipede porte-parole de la société nigériane du tourisme, dont le slogan est « Le tourisme, c’est la vie ». « C’est juste de l’ignorance. Le Nigéria a toujours été un pays beau et pacifique ».

Tout en grignotant quelques cacahuètes, Girham Dmein, un représentant du ministère du Tourisme au gouvernement soudanais explique qu’il a une réponse toute faite à ceux qui lui demandent pourquoi il devraient faire des affaires avec un pays qui opprime ses citoyens.

« Ma réponse est : Venez-vous pour le gouvernement ou pour le peuple ? » interroge-t-il. « Le Darfour est loin de notre capitale. Venez et visitez notre peuple, pas notre gouvernement. »

La démocratie attire le touriste

Il est évidemment plus facile de promouvoir une destination aux touristes occidentaux lorsque celui-ci a sauté le pas de la démocratie.

Lorsque la Libye était en pleine crise, pendant l’édition 2011 du Salon, son stand à Berlin était presque déserté et les représentants du pays réticents à parler aux journalistes.

Cette année est différente, explique Sami M. Naas, directeur de l’autorité touristique du pays.

« Nous n’avons plus désormais ces règles stupides et ces restrictions que nous avion sous Kadhafi » dit-il. « Maintenant nous sommes libres et l’industrie du tourisme n’a plus de raison de mentir. »

La Corée du Nord, une « destination de charme »

En retournant au stand de la Corée du Nord, Ri Yong-bom affirme qu’il n’a pas besoin de mentir pour promouvoir son pays. En fait, pour lui, la Corée du Nord est presque un paradis pour les touristes, avec ses montagnes, ses rivières et sa capitale « authentiquement socialiste ».

« Nous essayons de dire la vérité aux gens mais avec les médias, contrôlés par les Américains, personne n’écoute. » dit-il ajoutant qu’il aimerait voir la Corée du Nord devenir une destination touristique de charme dans les années qui viennent. « Notre cher leader Kim Jong-il a beaucoup travaillé pour notre secteur touristique et je sais que cela va continuer. »

Global Post / Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

Quitter la version mobile