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Romney et Santorum en quête d’un ascendant psychologique

[image:1,l]Deux mois déjà que durent les primaires républicaines… Pourtant, depuis le caucus de l’Iowa, le 3 janvier dernier, seuls les électeurs républicains de douze Etats, sur les 50 que comptent les Etats-Unis, se sont exprimés. Sur les 2286 délégués à la convention républicaine d’investiture, organisée à Tampa en Floride en août prochain, seuls 338 ont été désignés. Or, rien que pour obtenir la majorité, il en faut 1144…

Ce mardi 6 mars, 10 Etats se prononceront et 410 délégués sont en jeu. On comprend mieux, au regard de ces chiffres l’enjeu de ce « super mardi ».

Dans le passé, le « super Tuesday » a souvent été décisif…

L’appellation « Super Tuesday » est relativement récente. Ce n’est que depuis les primaires démocrates de 1988, lorsque les démocrates du Sud des Etats-Unis avaient décidé d’organiser le même jour leurs scrutins afin de faire pencher la balance en faveur d’un candidat modéré. L’opération avait échoué et aucun candidat n’avait, à l’occasion, émergé.

Par la suite, de nombreux candidats ont décroché l’investiture à l’occasion d’un « Super Tuesday » : Bill Clinton, sorti de nulle part en 1992, le républicain Bob Dole en 1996, Al Gore et George W Bush en 2000.

… mais pas toujours

En 2008, à l’inverse, dans le camp démocrate, le partage des voix – et des délégués – entre Hillary Clinton et Barack Obama avait donné le signal d’une course au long-cours dont le jeune sénateur de l’Illinois n’est finalement sorti vainqueur qu’au mois de juin.

Vers un duel Mitt Romney-Rick Santorum

Désormais, Rick Santorum apparait comme le seul challenger possible pour Mitt Romney. Si, sur le papier, Newt Gingrich peut encore revendiquer le rôle de champion du camp conservateur, les résultats des dernières primaires, les sondages et le manque d’élan de sa campagne réduisent ses chances à néant. D’ores et déjà, c’est bien Rick Santorum, l’ancien sénateur de Pennsylvanie, ultra-conservateur et catholique, qui aura été la surprise de ces primaires. Il oppose à Mitt Romney, le modéré mormon, multimillionnaire, un challenge inattendu.

Un match ouvert ?

Sur les 10 Etats à voter ce mardi, trois disposent d’un nombre supérieur de délégués : la Géorgie – au sud-est – 76 délégués, l’Ohio – dans le Midwest – 66 délégués et le Tennessee – sud – 58 sièges. Dans l’Ohio, Mitt Romney et Rick Santorum sont donnés au coude-à-coude. En Géorgie et dans le Tennessee, Etats particulièrement religieux, l’ultra-conservateur pourrait bénéficier d’un avantage, malgré son catholicisme.

Mais, il y a fort à parier que, mercredi matin, aucun des deux candidats n’aura pris un avantage définitif. Une des raisons en est le mode d’attribution des délégués : un certain nombre d’Etats ont modifié leurs règlements afin d’attribuer désormais ces précieux délégués à la proportionnelle – ou entre les deux candidats en tête avec une prime au premier – plutôt qu’intégralement au candidat arrivé en tête. Dès lors, les écarts pourraient être souvent minimes et les avantages d’une victoire relative réduits.

Avant le « Super Tuesday », Mitt Romney dispose de 196 délégués – une avance accentuée par ses victoires en Floride et en Arizona, deux Etats qui attribuent l’intégralité de leurs délégués (79 au total) au seul candidat arrivé en tête. Derrière, Rick Santorum en a obtenu 78, Ron Paul 56 et Newt Gingrich 51. L’avance du candidat modéré reste confortable. Elle pourrait se réduire quelque peu ou, en tout cas, ne pas être suffisante mercredi matin pour lui épargner une très longue primaire, jusqu’au seuil de l’été. Dans ce cas, les chances de Rick Santorum dépendraient de l’attitude des deux autres candidats : Newt Gingrich consentira-t-il à abandonner définitivement ses ambitions présidentielles ? Si oui, se désistera-t-il en faveur de l’autre candidat conservateur ou scellera-t-il une grande alliance avec Mitt Romney ? Et que fera Ron Paul ? Battu dans ces primaires, ralliera-t-il l’un ou l’autre des candidats, ou annoncera-t-il sans attendre une candidature indépendante à la présidentielle, comme par le passé ? Les primaires sont un jeu de patience.

Le vainqueur du « Super Tuesday » pourrait bien être Barack Obama, s’il obtenait la garantie que ses adversaires potentiels continueront à s’affronter pendant de longs mois…

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